A peine avions-nous fait un mille que les gens de ma suite voulurent s’arrêter pour préparer un saphi, ou charme, qui garantît notre sûreté pendant notre voyage à travers le désert. Cette conjuration consistait à marmotter quelques paroles, et à cracher sur une pierre qui était jetée dans le chemin. Les Nègres répétèrent trois fois la même cérémonie ; après quoi ils se remirent en route avec la plus grande confiance. Tous étaient persuadés que, semblable au bouc émissaire, la pierre conspuée emportait avec elle tout ce qui aurait pu induire les puissances qui sont au-dessus de l’homme à nous occasionner quelque malheur.
Après la conjuration, nous marchâmes jusqu’à midi, et alors nous fîmes halte sous un grand arbre, appelé par les gens du pays neema taba. Cet arbre offrait un aspect fort singulier, car toutes ses branches étaient couvertes de lambeaux d’étoffe, que des personnes qui avaient traversé le désert en différents temps y avaient attachés. Probablement un tel usage a dû son origine au désir d’indiquer aux voyageurs qu’ils pouvaient trouver de l’eau en cet endroit ; et avec le temps il est devenu si sacré que personne n’ose passer là sans suspendre quelque chose à l’arbre. Je me soumis à la coutume ; je suspendis une très jolie pièce d’étoffe à une des branches.