PREMIER CLIMAT
PREMIÈRE SECTION.
Ce premier climat commence à Touest de la mer occidentale > qu^on appelle la mer des Ténèbres. G^est celle au-delà de laquelle personne ne sait ce qui existe. Il y a dans cette mer deux iles , nommées al-Kbalidât (les iles Fortunées) » d’où Ptolémée commence à compter les longitudes et les latitudes. On dit qu’il se trouve dans chacune de ces iles une colonne construite en pierres , et de cent coudées de haut. ‘ Sur chacune de ces deux colonnes est une statue en cuivre qui indique de la main Tespace qui s’étend derrière elle. Les colonnes de cette espèce sont, d’après ce qu’on rapporte , au nombre de six. L’une d’entre elles est celle de Cadix , à l’ouest de l’Espagne ; personne ne connaît de terres habitables au-delà.
Dans cette section que nous avons tracée sont les villes d’Oulil, de Sillà , de Tacrour , de Daw , de Barisà ^) et de Moura ^). Elles appartiennent au pays de Magzâra du Soudan. L^ile d^Oulil est située dans la mer , non loin du riyage. C’est dans cette île qu’on trouve cette saline si renommée, la seule qu’on connaisse dans le pays des noirs. Le sel qu’on en tire se transporte dans tout le Soudan au moyen de nayires qui Tiennent diarger le sel dans cette ile; ensuite ils repassent la distance d’une journée qui sépare Tile de l’embouchure du Nil et remontent ce fleure pour décharger à Sillâ , Tacrour , Barisâ , Ghana, dans les Tilles du Wangâra , à Cougha , enfin dans toutes les Tilles du Soudan. La plupart de ces pays ne sont habitables que sur les bords du Nil même ou sur ceux des rivières qui se jettent dans ce fleuTe , car
le reste des contrées qui aToisinent le Nil est désert et sans habitations.
II y existe des solitudes arides où il faut marcher deux, quatre, cinq im douze jours aTant de trourer de l’eau ; une de ces solitudes est celle de Nisar ^) , dtuée sur la route de Sidjilmâsa à Ghana , qui s’étend en longueur l’espace de quatorze journées pendant lesquelles on ne trouve pas d’eau ; en sorte que les caravanes sont obligées d’en i>orter dans des outres à dos de chameau. Il y a dans le 3oudan plusieurs de ces solitudes arides. Du reste la majeure partie de ce pays se compose de sables soulcTés et transportés ça et là par les Tents. L’eau y manque
‘ absolument ; la chaleur y est extrême , tellement que les habitants du premier climat , du second et d’une partie du troisième , brûlés par le soleil, sont de couleur noire et ont les cheveux crépus, contrairement à ee qui a lieu chez les peuples qui Tirent sous le sixième et sous le sep- tième climat. De l’ile d’Oulil à la Tille de Sillâ , on compte 16 journées de marche.
La ville de Sillà est située sar la rive septentrionale da Nil. C’est une TUle popnlease et un lien de -réunion pour les noirs. On y fait on bon commerce et les habitants sont courageux, fille fait partie des états du sultan de Tacrour , prince puissant qui possède des esclaves et des troupes , et qui est connu par la fermeté , la sévérité et la justice de son caractère. Son pays est sûr et tranquille ; le lien de sa résidence et sa capitale est la ville de Tacrour , située an midi du Nil , à 2 journées de marche de Sillft , soit par terre , soit par le fleuve.
Cette ville de Tacrour est plus grande et plus commerçante que la TÎlle de Silla. Les habitants du Maghrib occidental y portent de la laine, du cuivre» des breloques, et en retirent de Tor et des épaves. Isa habitants de Sillâ et de Tacrour se nourrissent de millet ^) , de poisson et de laitages ; leurs troupeaux se composent à l’ordinaire de chameaux et de chèvres. Les personnes du commun se vêtent de cadâwir de laine et portent sur leurs tètes des carâ%i de la même étoffe ; les gens riches portent des vêtements de coton et des manteau.
De Silla et de Tacrour à Sidjilmasa , on compte 40 journées de marche de caravane. La ville la plus voisine d’elles dans le pays des Lamtouna du désert, est Asoggâ , située à 25 journées de Tacrour ^). En faisant ce trajet on s’approvisionne d’eau tous les deux, quatre, cinq ou six jours. De même, de l’ile* d’Oulil à la ville 4^ Sidjilmftsa, on compte environ 40 journées.
De la Tille de Xacrour on remonte le fleure dans la direction de Torient, et on arrlye après 12 jours à la Tille de Barisâ, Tille petite, non entourée de murailles , et qui ressemble plutôt à un Tillage populeux. Les habitants sont marchands ambulants et obéissent au prince de Tacrour. Au sud de Barisâ, est le pays de Lam-Lam, éloigné d’enTiron 10 journées. Les habitants de Barisâ , de Sillâ , de Tacrour et de Ghana font des incuï-sions dans le Lamlam , réduisent en captiyité les habitants, les transportent dans leur propre pays, et les rendent aux marchands , qui y viennent et qui les font passer ailleurs. Il n*y a dans tout ce pays de Lamlam que deux Tilles , qui ne sont pas plus grandes que des bourgs. L’une d’elles s’appelle Hallel, et l’autre DaTf ^). Elles sont éloignées l’une de l’autre de 4 journées.
D’après ce que rapportent les gens de cette contrée, les habitants sont juifs, mais pour la plupart ils sont plongés dans l’impiété et dans l’ignorance. Lorsqu’ils sont parrenus à l’âge de puberté, ils se stigmatisent la figure et les tempes au moyen du feu. Ce sont des signes qui servent à les faire reconnaître. Toutes les habitations de leur pays sont construites sur les bords d’une rÎTière qui se jette dans le NiL Au-delà du Lamlam , vers le sud , on ne connaît pas de pays habité. Celui de Lamlam touche du côté de l’ouest au Magzâra, à l’est au Wangara , an nord au pays de Ghana , au sud à des déserts, La langue des habitants du Lamlam diffère de celle des Hagx&riens et de celle des Ghâniens.
De Barîsâ à Ghana, on compte 12 journées dans la direction de Torient. Barisà est donc située à mi-chemin entre Ghana et les villes de Silla et de Tacrour La même distance de 12 joarnées sépare Ba- risà de la Tille d^Audaghocht , qui est au nord de Barisâ. On ne Toit dans le pays des noirs aucuns fruits , ni frais ni secs , autres que les dattes de Sidjilmâsa et du pays du Zâb, qui sont apportées par les habitants de Wârgalân du désert. Le Nil coule dans cette contrée de
Torient à Toccident. Le roseau dit charki^)^ Tébénier, le buis^), le saule et ces espèces de tanAris qui portent le nom de tarfd et à’atsl, croissent sur les bords du fleuTO en forêts épaisses; c’est là que les troupeaux Tiennent se reposer au milieu du jour , c’est là qu’ils cherchent Tombre quand la chaleur est excessiTC. Dans ces forêts on trouTe des lions , des girafes , des gazelles , des hyènes > des éléphants ‘) , des lièTres et des porc-épics.
Il n y a dans le Nil diTerses espèces de poissons , soit grands , soit petits^ dont la plupart des noirs se nourrissent; ils les pèchent et les salent ; ces poissons sont extrêmement huileux et épais.
Les armes dont ces peuples font usage sont Tare et les flèches; c’est sur elles qu’ils fondent leur sécurité. Ils se serrent aussi de massues , qu’ils fabriquent de bois d’ébène aTec * beaucoup d’art et d’intelligence.
Quant aux arcs, aux flèches et aux cordes d’arc, ils les tirent de l’espèce de roseau nommée cAarki. Leurs maisons sont construites en argile , les pièces de bois larges et longues étant rares parmi eux. Ils se parent d’ornements en cuiTre , de breloques , de colliers de Terre ,
de pierres nommées loâbo^s^chaikh (baTe de TÎeillard) ou bâd%oue (bàdzaroun) et de diverses espèces de faux onyx fabriqués avec du verre.
Tout ce que nous venons de dire de leur manière de se nourrir, de se désaltérer , de se vêtir et de s’orner , s’applique à la majeure partie des habitants du Soudan , pays extrêmement aride et brûlant. .Quant à Tagriculture > ceux qui habitent des villes cultivent Toignon , le concombre et le melon d’eau , qui devient là d’une grosseur énorme. Ils n’ont guère de blé ni de céréales autres^ que le millet, dont ils re- tirent une espèce de boisson. Au reste leur principale nourriture con- siste en poissons et en chair de chameau séchée au soleil.
DBUXIÈBIE SECTION. »
Les villes comprises dans cette section du premier climat sont Mallel , Ghana , Tircâ (Tireccâ) , Madâsa <) , Seghmâra , Ghiyâro , Gharbil >) et 6 Samacanda
Quant à la ville de Mallel , qui dépend du pays de Lam-lam y et que nous avons mentionnée plus« haut , c’est une ville petite , non entourée de murs, ou plutôt c’est un gros bourg; elle est construite sur une colline de terre de couleur rouge et forte par sa position. Les habitants s’y mettent à l’abri des attaques des autres noirs ; l’eau qu’ik boivent sort d’une source qui murmure sans cesse et qui jaillit d’une montagne située au midi de la ville ; mais , loin d’être d’une douceur parfaite , cette eau est saumâtre. A l’ouest de cette Tille et sur les bords de ce cours d’eau , à partir de la source jusqu’au point où il se jette dans le Nil , on troure plosieurs peuplades de négrès qui vont tont uns et qai se marient sans dot et sans légitime.
Il nVxiste pas d’hommes qui donnent le jour à un plus grand nombre d^enfants. Ils possèdent des chameaux et des chèvres dont le lait sert à les nourrir; ils mangent aussi des poissons et de la chair de chameau sécbée au soleil* Ils sont toujours en butte aux incursions des peuples des pays voisins qui les réduisent en captivité , an moyen de diverses ruses , et qui les emmènent dans leur pays , pour les vendre aux marchands par domaines ; il en sort annuellement un nombre considérable, destinés pour le Maghrib occidental. Tous les habitants du Lamlam portent à la figure un stigmate de feu ; c’est un signe auquel ils se reconnaissent les uns les autres > comme nous Tavons déjà dit plus haut.
De la ville de Mallel à celle de Ghana la grande , on compte environ 12 journées de marche dans des sables plus ou moins mouvants où Ton ne trouve pas d’eau.
Ghana se compose de deux villes situées sur les deux rives du fleuve , et c’est la ville Ja plus considérable , la plus peuplée et la plus commerçante du pays des noirs. Il* y vient de riches marchands de tous les pays environnants et de tous les pays du Maghrib occidental ; ses habitants sont musulmans , et son roi , d’après ce qu’on rapporte, tire son origine de Çâlih , fils d’Abdalla , fils de Hasan , fils de Hasan , fils d’Ali , fils d’Abou Tâlib ; tout en reconnaissant l’autorité suprême du prince des croyants de la r^ice des Abbâsides , il ne fait mention dans la khotba que de son propre nom. Il possède sur le bord du Nil un château solidement construit, bien fortifié , et dont l’intérieur est orné de diverses sculptures et peintures, et fenêtres vitrées; ce château fut construit en l’an 510/1116 de J.-G.).
Le territoire de ce roi est limitrophe au pays du Wangâra ou pays de l’or, qui est renommé â cause de la quantité et de la qualité de ce métal qu’il produit. Ce que les gens du Maghrib occidental savent d’une manière certaine et incontestable , c’est que ce roi possède dans son château un bloc d’or du poids de trente livres et d’une seule pièce»
C^est une production entièrement naturelle , et qui n’a été ni fondue , ni travaillée par la main des hommes ; on y a cependant pratiqué un trou et on y attache le cheyal du roi. G^est un objet curieux et dont personne ne peut faire usage excepté le roi, qui s’en glorifie auprès des autres rois du Soudan ^). Du reste, ce prince passe pour être le plus juste des honmies. Yoici ce qui prouve qu’il est juste et qu’il a l’abord facile. Tous les matins ses officiers se rendent à cheval à son château , chacun portant, un tambour dont il bat. Arrivés à la porte de cet édifice , ils cessent le bruit , et lorsqu’ils sont tous réunis auprès du roi , ce prince monte à cheval , et , précédant sa troupe , passe par les rues de la ville et en fait le tour. Si quelqu’un a à se plaindre de quelque injustice ou de quelque malheur , le roi s’arrête et reste là présent jusqu’à ce que le mal soit réparé ; ensuite il retourne au château , et ses officiers se dispersent. Après midi , lorsque la chaleur du jour commence à tomber, il remonte à cheval accompagné de troupes ; mais alors personne ne peut l’aborder ni s’approcher de lui. Cet usage de faire deux promenades à cheval tous les jours, est une chose connue et une belle preuve de sa justice. Il porte un tzar de soie avec une ceinture, ou bien il s’enveloppe d’une borda. Des caleçons lui couvrent* le milieu du corps et il porte aux pieds des souliers garnis de courroies (?). .Pour monture il ne se sert que du cheval. Il possède de beaux ornements et de riches habits , qu’il fait porter au-devant de lui les jours de fête. Il a plusieurs bannières , mais il n’a qu’un seul drapeau. Il se fait précéder par des éléphants , des girafes et par d’autres animaux sauvages des espèces qu’on trouve dans le Soudan. Les habitants de Ghana ont , dans le Nil , des barques solidement construites , dont ils se serrent pour la pêche» et pour comâiuniquer de Tune des deux yilles à Taotre. Leurs vêtements sont Vtzâr » la fouta et les kisas » chacun suivant ses facultés.
Le pays de Ghana touche du côté de Touest à celui de Magzira , à Test au Wangâra , au nord au grand désert (Sahara) qui sépare le Soudan du pays des Berbers > au sud au pays des infidèles du Lamlam et autres.
Depuis la ville de Ghana jusqu’aux premières terres du Wangâra, on compte 8 journées. Ce dernier pays est celui qui est renommé à cause de la bonté et de la quantité de Tor quMl produit. Il forme une lie de 500 milles de longueur sur 150 de large, que le Nil entoure de tous côtés et en tout temps. Yers le mois d^août, lorsque la chaleur est extrême et que le Nil est sorti de son lit , Tile ou la majeure partie de Tile est inondée durant le temps accoutumé; ensuite le fleure commence à décroître. Aussitôt les nègres de tout le Soudan se rassemblent , et viennent vers cette île , pour y faire des recherches , durant tout le temps de la baisse du Nil ; chacun ramasse la quantité d’or, grande ou petite, que Dieu lui a accordée, sans que personne soit entièrement privé du fruit de ses peines. Lorsque le fleuve est rentré dans son lit, chacun vend For qui lui est échu en partage, et ils se le revendent les uns aux autres. La majeure partie est achetée par les habitants de Wârgalân, et par ceux du Maghrib occidental, où cet or est porté dans les hôtels des monnaies, frappé en dénares, et échangé dans le commerce contre des marchandises. C^est ainsi que la chose se passe tous les ans. C^est la principale production du pays des noirs : grands et petits , ils en tirent leur subsistance. Il y a dans le pays du Wangâra des villes florissantes et des forteresses renommées. Ses habitants sont riches; ils possèdent de Tor en abondance, et on leur apporte les meilleures productions des parties les plus éloignées de k terre. Ils se eouTrent A’izâr’s, de kisas et de cadâwir. Ik sont d^une couleur très noire.
Au nombre des villes du Wangâra est Tircâ (Tirecca) , qui est très grande et populeuse , mais sans mur et sans enclos. Elle est sous Tobéissance du prince de Ghana, au nom duquel on fait la khotba., et auquel on s^adresse pour les jugements en dernier ressort. De Ghana à Tirca , 6 journées de marche en suirant le Nil ; de Tircâ à Madftsa , 6 journées.
Hadftsa est une ville de médiocre grandeur , très peuplée et d^une indvatrie florissante. Les habitants sont doués de sagacité. Elle est située sur le bord septentrional du Nil » dont ils boivent les eaux ; il y croit du riz et du millet dont le grain est gros et procure une excel9 knte nourriture. La pêcherie dans la rivière et le commerce de Tor font la base de leur subsistance.
De la ville de Madâsa à celle de Seghmâra 6 journées. En se dirigeant de Hadâsa à Seghmâra vers le nord le long du désert , on trouve une peuplade qui se nomme Begâma ^) ; ce sont des Berbers nomades qui né résident en aucun lieu » et qui font paître leurs chameaux sur les bords d’une rivière venant du côté de Test , et se jetant dans le Nil. Les laitages y sont abondants et font la principale nourriture des familles. De Seghmâra i Samacanda 8 journées. Cette ville de Samacanda est petite et située sur les bords du fleuve. De là à Gharbil (Gharantel)» on compte 9 journées. De Seghmâra à Gharbil (Gharantel), 6 journées , en se dirigeant vers le sud.
La ville de Gharbil (Gharantel) est située au bord du Nil. C’est une petite ville , placée sur la pente d’une montagne qui la domine do côté du midi; ses habitants boivent de Teau du Nil, se vêtent de laine, et se nourrissent de millet, de poisson et de lait de chameau. Ils se livrent au commerce des divers objets qui ont cours parmi eux*
De la ville de Gharbil (Gharantel) , en se dirigeant vers Touest » k Gfaiyâro, 11 journées. Cette ville de Ghiyâro est située sur le bord du Nil ; elle est entourée d^un fossé* Ses habitants sont nombreux , bra- Tes et intelligents» Ils font des incursions dans le pays de Lamlam , d^où ils enlèvent des captifs qu’ils emmènent chez eux, et qu’ils vendent aux marchands de Ghana. Entre Ghiyftro et le pays de Lamlam , on compte 13 journées. Ces peuples montent des chameaux excellent ; ils s’approvidonnetit d’eau , marchent de nuit , arrivent de jour , puis, après avoir fait leur butin , retournent dans leur pays avec le nomface des esclaves du Lamlam qui, par la permÎMion de Dieu , leur sont échus ea partage.
De Ghiyftro à la viUe de Ghana, on compte 11 journées, durmiit lesquelles on trouve peu d’eau.
Tout le pays dont nous v^ons de parler obéit an prince de Ghana» ^^
C’est à lui qu’ils payent les impôts , et c’est lui qui les protège.
TROISIÈME SECTION.
Les villes les plus renommées de cette section sont Cogha, Cauoan (Gaugau), Tamalma , Zaghâwa , Minàn , Endjimi , Nowftbia et Tadjovra.
Gougha est située sur le bord septentrional du Nil , dont ses habitants boivent les eaux. C’est une dépendance du Wangâra, mais quelques-uns d’entre les noirs la placent dans le Cànem. C’est mie ville bien peuplée , non entourée de murs , commerçante « industrieuse ,
et où l’on trouTe les produits des arts et métiers nQcessaireis à ses haMtants. Les femmes de cette yille se livrent à Tezercice de la magie, et Ton dit qu^elles sont très versées , très habiles et très renommées dans cet art » de sorte qu’on parle de magie coughienne. De Googha à Samacanda , on compte 10 jonrnées en se dirigeant vers l’ouest ; de Gougha à Ghana , environ un mois et demi; de Cougha a Domcola (Dongola) , un mois ; de Cougha à Châma ^) , moins d’un mois ; de Geogha à la ville de Caucau , en se dirigeant vers le nord , 20 journées de marciie de chameau.
Le chemin passe à travers le pays de Begâma. Les Begàmiens sont dea Berbers noirs , brûlés par le soleil , ce qui a changé la couleur de leur peau. Us parlent la langue berbère et sont des nomades. Ce ils boivent , c’est l’eau des puits qu’ils creusent de leurs mains dans la terre , d’après la connaissanee qu’ils possèdent des sources , et l’expérience qu’ils ont acquise en cela. Un voyageur digne de foi , qui a parooum le Soudan pendant environ 20 ans , rapporte qu’étant entré dans ce pays » c’est-à-dire dans le pays de Begâma , il y vit un de ces Berbers marchant avec lui dans un terrain sablonneux , désert , et où il n’existait aucune trace d’eau ni d’autre chose; que le Berber prit une poignée de terre , l’approcha de son nez , et l’ayant flairée , se mit à rire et dit aux voyageurs de la caravane: »DescendeZy l’eau est avec vous^).” Ceux-ci descendirent , déchargèrent leurs bagages, entravèrent l^irs diameanx et ks laissèrent paître. Alors le Berber se dirigea vers un certain lieu, et dit: »Creasez ici la terre.” Los hommes (de la caravane) se mirent à l’œuvre , fouillèrent à moins d’une demi-brasse , «t trouvèrent de l’eau douce en profusion, ce qui les étonna beaucoup.
Ce fait est notoire et connu des marchands du pays , qui s’en entretiennent souvent.
La route dont nous venons de parler , celle qui mène de Gougha à Caucau par le pays de Begâma , traverse deux solitudes sans eau , qui ont chacune une étendue de 5 à 6 journées de marche. La ville de Caucau ‘) est Tune des plus renommées du pays des noirs ; elle est grande , située sur le bord d’une rivière qui , venant du côté du nord » passe par Caucau, et dont les eaux servent aux besoins des habitants. Plusieurs d’entre les nègres afi^rment que cette ville est située sur les bords du canal; d’autres disent que c’est sur une rivière qui se décharge dans le Nil : mais ce qu’il y a de plus certain , c’est qu’avant d’arriver à Caucau, cette ririère coule durant un grand nombre de jours, et qu’ensuite elle se perd dans les sables du désert » de même que l’Euphrate , qui traverse Tlràc , se perd dans les Batâih (marais des Nabathéens).
Le roi de la ville de Caucau est absolu et fait la khotba dans son propre nom ; il a beaucoup de domestiques , de revenus , d’officiers et de soldats ; sa garde^robe est complète et sa parure est riche» Ses sujets montent des chevaux et des chameaux, et ils sont très redoutables et supérieurs en force à leurs voisins. La masse des habitants de Caucau se servent de peaux pour couvrir leur nudité ; mais les mardiands portent des eadâwir et des At^â’s / ils se couvrent la tête de bonnets qu’on appelle carâ%i et ils ont des ornements en or ; quant aux personnes considérables et notables , elles portent Vi%âr. Celles-ci , loin de se séparer de la classe des marchands , les risitent , s’asseyent auprès d’eux et leur fournissent des fonds pour leurs entreprises commerciales » en leur confiant des marchandises et en recevant en retour une partie du gain»
Il croit dans le pays de Caucau une espèce de bois qu’on appelle bois des serpents ^). Ce qui caractérise ce bois c*est que , si on le place au-dessus du trou où un serpent est caché , le reptile sort aussitôt , et que la personne qui tient, ce bois peut prendre avec la main autant de serpents qu’il veut sans en éprouver aucun dommage. Au contraire, elle sent naître en elle une force supérieure à celle qu^elle avait aupararant. C’est une chose reconnue parmi les peuples du Haghrib occidental et les habitants de Wârgalân, que les serpents n^appro* 12 chent jamais de celui qui tient ce bois à la main , ou qui le suspend à son cou. Ce bois ressemble au pyrèthre ^) , en ce qn*il est couvert de tubercules et tortu , mais il est de couleur noire.
De la yille de Caucau à celle de Ghana , on compte un mois et demi de marche, et, du même point à Tamalma^), en se dirigeant vers Test, 14 journées. Cette dernière yille est petite ; elle dépend du pays de Couwàr , et elle est très peuplée , mais point entourée de murs. Elle est gouvernée par un homme qui commande de sa propre autorité. Tamalma est située sur une montagne de peu d^éléyation , mais d*un difficile accès parce que ses pentes sont partout fort roides. H y a dans le territoire de’ la ville des palmiers et des bestiaux ; les habitants yont tout nus , et ils vivent dans un état misérable ; ils boiyent de Teau des puits qu’ils sont obligés de creuser à une grande profondeur. Ils possèdent une mine d’alun de médiocre qualité, qu’on yend dans le Couwàr y où les marchands le mêlent ayec du ben alun , pour le transporter ensuite de tous côtés.