Rapport Parlementaire sur la Syrie, Communautés Chrétiennes Rivales, 1862

Nous ne parlerons des Arméniens, des Arméniens catholiques, des Grecs, des Grecs catholiques, des Jacobites, …, que pour signaler la haine qui existe entre ces différentes sectes chrétiennes.
S’ils se haïssent entre eux, ils méprisent souverainement les Maronites, quoique la croyance des catholiques de rites différents soit identique à celle des habitants du Qasrawan.
Cette inimitié va si loin que, dans les derniers événements du Liban, on a vu des Grecs et des Grecs catholiques s’unir aux Druzes, et les seconder dans leur oeuvre de massacre et de dévastation. Habitué à la tolérance religieuse d’Europe, un étranger est péniblement affecté par ce fanatisme qui lui fait préférer, comme l’avoue l’abbé Michon, un Turc à un chrétien.
Les Grecs catholiques se sont séparés des orthodoxes, il y a près de 80 ans. La cause de la querelle et de la scission, c’est un habit sacerdotal qu’un évêque de Saint-Jean-d’Acre avait voulu s’approprier, quoiqu’il appartînt au patriarche d’Alexandrie. Admonesté par ses chefs, ce prélat prêcha le schisme, demanda la protection des autorités françaises et de la cour de Rome, et l’obtint.
A part les jeûnes moins fréquents et la reconnaissance de la suprématie du pape, il n’y a rien de changé dans le culte. Les églises, la liturgie, le baptême, etc., tout est absolument comme chez les orthodoxes. Il y a douze ans à peine que la Porte a reconnu officiellement l’existence de cette Église, et lui a accordé les privilèges dont jouissent les autres communions.
Les Arméniens catholiques diffèrent des Arméniens comme les Grecs catholiques des orthodoxes.
Les Syriaques, les Jacobites sont en trop petit nombre en Syrie pour que nous nous en occupions. Leur liturgie se rapproche beaucoup de celle des Maronites.

Nous voici en présence de deux peuples dont le nom se trouve sans cesse, depuis vingt-huit ans, sous la plume des écrivains et dans la bouche de tout le monde : les Druzes et les Maronites.
On les a diversement jugés, et ces jugements contradictoires sont également empreints de passion et de haine. En exprimant avec franchise notre opinion sur l’un et l’autre peuple, nous blesserons apparemment bien des susceptibilités confiant dans notre impartialité, nous en courons le risque. Si les Turcs, nous disait un jour un européen qui a habité longtemps leur pays, avaient écrit ou laissé écrire, contre les chrétiens et l’Europe, la millième partie de ce que l’on débite journellement contre la religion et la race musulmane, il n’y aurait pas pour les flétrir d’injure assez forte. Heureusement, ils sont philosophes et savent, suivant la parole de leur prophète, que la vérité se distingue du mensonge.
[…]
Le nombre 7 est sacré. Leurs savants citent sept cieux, sept terres, sept planètes, sept jours dans la semaine, sept ouvertures au visage de l’homme; ils font remarquer que les Hajj musulmans font sept fois le tour de la Kaaba, que Hakâm porta sept ans des vêlements noirs, qu’il laissa croître ses cheveux sept ans, et que pendant sept ans il se servit de l’âne pour monture.