L’épouvante fut d’abord extrême, Bélisaire ne sachant que faire ; mais il se résolut après d’aller au devant de l’ennemi. Il mit des garnisons dans les places, de peur que Kawadh ne vint avec une autre armée, et ne trouvât la Mésopotamie hors d’état de se défendre.
Il marcha ensuite à la tête de 20 000 combattants, parmi lesquels il y avait au moins 2000 Isauriens. La cavalerie était conduite par les mêmes chefs, qui avaient combattu proche de Dara contre Mirrane ; l’infanterie par Pierre, écuyer de Justinien : les Isauriens par Longin ; et par Stephanace. Harêth-â y était aussi avec les Sarracènes
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5.Bélisaire étonné de leur impudence, changea de langage, et faisant mine de les exhorter au combat, il dit, que bien qu’il n’eût point douté de leur valeur, il la reconnaissait néanmoins mieux que jamais, et qu’il en marcherait avec plus d’ardeur contre l’ennemi. Il rangea donc son armée de cette sorte. Il mit l’infanterie à l’aile gauche, du côté de la rivière : il mit Harêth-â avec les Sarrasins, à l’aile droite, où le terrain avait un peu de penchant, et il se plaça avec la cavalerie dans le milieu.
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Azaréthes ayant harangué ainsi fon armée, la rangea en bataille, et plaça les Perses à la droite, et les Sarrasins à la gauche.
L’on en vint aux mains à l’heure même et le combat fut furieux de côté et d’autre. Quelques-uns s’étant avancés dans l’espace qui était resté vide entre les deux années y donnèrent d’illustres preuves de leur courage. Les flèches tuèrent plus de Perses que de Romains. Car bien que les Perses, qui tirent mieux de l’arc, que nul autre peuple, tirassent une plus grande quantité de traits que leurs ennemis, néanmoins c’était si faiblement, que quand ils tombaient sur les casques, sur les cuirasses, ou sur les boucliers ils n’avaient plus du tout de force. Les Romains au contraire tiraient moins souvent, mais avec plus de vigueur : et ne portaient presque point de coups sans faire des blessures mortelles. Les deux tiers du jour étaient déjà écoulés, et la victoire était encore douteuse, lorsque les plus braves hommes des Perses fondirent avec furie sur l’aile gauche où étaient les Sarrasins, qui plièrent si honteusement, qu’ils se firent soupçonner de trahison. Leur retraite mit la déroute dans toute l’armée.