Achat de la Caverne d’Hébron.
Au rapport de Ka’b al Ahbar, la première personne qui mourut et fut ensevelie a Habra (Hébron) fut Sâra.
En effet, lorsqu’elle mourut, Al-Khalil (Abraham) sortit à la recherche d’un endroit pour l’y enterrer ; son plus grand désir était d’en trouver un à proximité de Mamri (Mambré). S’étant rendu auprès d’Afrûn , qui était
roi de la contrée et habitait Habra, Abraham lui dit :
« Vends-moi un emplacement où je puisse inhumer les membres de ma famille qui mourront. — Choisis, répondit ‘Afrûn, je te permets d’enterrer tes morts sur tel point de mon territoire que tu préféreras. — Je ne veux le prendre qu’en en payant le prix , dit Abraham. — Vertueux vieillard , répliqua le roi , ensevelis tes morts où il te plaira. » Abraham refusa. Comme il insistait pour acheter la caverne: « A bien! dit le roi, je te la vendrai moyennant 400 dh, chaque dh du poids de cinq dh , et chaque cent dh au coin d’un roi (différent). » Il voulait par ces conditions mettre Abraham dans l’impossibilité de se procurer la somme et le forcer à accepter son offre.
Abraham sortait de chez le monarque, lorsque tout-à-coup il aperçut Gabriel debout devant lui. « Abraham, lui dit-il, Dieu a entendu ce que t’a demandé
le géant. Voici les dh; remets-las-lui. Ils sont tels qu’il les désire. » Abraham les prit, continue le narrateur, et les porta au tyran qui lui dit : « D’où te sont venues ces pièces? — De Celui, répondit le patriarche, qui est mon Créateur, mon Dieu et pourvoit à mes besoins. »
Après qu”Afrûn eut reçu l’argent, Abraham transporta Sàra et l’ensevelit dans la caverne. C’est ainsi qu’elle fut la première personne qu’on y enterra. Elle mourut âgée de 117, ou, suivant d’autres, de 127 ans. Dans la suite, lorsqu’ Abraham mourut, il fut inhumé vis-à-vis d’elle du côté de l’occident. Après, mourut Rébecca, femme d’Isaac ; elle fut ensevelie dans la même caverne à côté de Sâra, dans la direction du sud. Ensuite mourut Isaac qui fut enterré en face de sa femme, du côté de l’ouest. Puis Jacob mourut ; il fut inhumé auprès de la porte de la caverne : sa tombe fait face à celle d’Abraham, du côté du nord. Après lui mourut Léa, sa femme; elle fut ensevelie vis-à-vis de lui, du côté de l’orient.
Or les enfants de Jacob, avec Esaû et ses frères, s’assemblèrent et dirent : « Laissons la porte de la caverne ouverte; nous y enterrerons tous ceux d’entre nous qui mourront. » Mais une dispute ayant éclaté entre eux, un des frères d’Esaû ou, suivant une autre version, un des fils de Jacob leva la main et donna un soufflet à Esaû dont la tête tomba dans la caverne. Quand sa tête fut tombée dans la caverne, ils emportèrent son corps et l’enterrèrent sans tête; sa tête resta dans la caverne qu’ils entourèrent d’un mur ; ils placèrent sur chacun des tombeaux des signes funéraires propres à les faire reconnaître et y tracèrent les inscriptions suivantes :
« Ceci est le tombeau d’Abraham. » — « Ceci est le tombeau de Sâra. » — « Ceci est le tombeau d’Isaac. » — « Ceci est le tombeau de Rébecca. » — « Ceci est le tombeau de Jaco b. » — « Ceci est le tombeau de sa femme Léa. » Après quoi ils sortirent et fermèrent la porte.
Tous ceux qui se rendaient en cet endroit se bornaient à y faire leurs tournées sans y pénétrer, jusqu’à ce qu’après cela arrivèrent les Romains. Ceux-ci y pratiquèrent une porte, pénétrèrent dans l’intérieur et y construisirent une église. Dans la suite, quand Dieu eut fait triompher l’Islam et que les musulmans se furent rendus maîtres de ce pays, ils démolirent l’église.
Près de la ville de notre seigneur Abraham Al-Khalil, est un village nommé Si’ ir qui sépare les deux arrondissements de Jérusalem et d’Hébron. Dans l’intérieur de son Masjid se trouve un tombeau qu’on dit être celui d’Esaü. Cette croyance est très-répandue parmi la population, qui s’y rend en pèlerinage. Dieu connaît mieux la vérité.
On rapporte à Wahb b. Monabba le récit suivant :
« J’ai vu sur le tombeau d’Abraham une pierre placée à la partie postérieure du monument et sur laquelle étaient gravés ces vers du mètre Raja’ :
« L’ignorant se laisse aveugler par ses espérances,
« Celui dont le terme est arrivé doit mourir.
« Les artifices ne lui serviront à rien. »
A quoi un des hommes de science a ajouté :
« Les actes seuls accompagnent l’homme dans la tombe. »
Muhammad b. Bakràn b. Muhammad, Khatîb du Masjid d’Hébron, raconte avoir entendu Muhammad b. Ishâq, le grammairien, s’exprimer ainsi :
« Je sortis avec le qâdî Abû ‘Amr ‘Uthmân b. Ja’far b. Châdàn, pour aller au tombeau d’Abraham. Nous y avions séjourné trois jours, lorsque, le quatrième, mon compagnon s’approcha de l’inscription qui fait face au tombeau de Rébecca femme d’Isaac, et après m’avoir ordonné de la laver jusqu’à ce que les caractères en fussent devenus bien lisibles, il m’enjoignit de reproduire exactement, sur un rouleau de papier que nous avions apporté, ce qui était sur la pierre. La transcription faite, nous retournâmes à Ramla. Le qâdî fit aussitôt venir des gens connaissant des langues différentes, pour lui lire l’inscription, mais il ne se trouva Ppersonne en état de la déchiffrer. Toutefois, ils s’accordèrent à dire qu’elle était en grec ancien ; à leur connaissance, il ne restait qu’un seul individu capable de la lire, à savoir un vieux cheikh, à Alep. On résolut de l’envoyer chercher. Dès qu’il fut arrivé, le qâdî me manda en sa
présence. C’était un cheikh très-âgé. Le cheikh mandé d’Alep me dicta comme suit la traduction de ce que j’avais reproduit sur le rouleau de papier :
« Au nom de mon Dieu, le Dieu du trône, le vainqueur, le guide, le puissant , le fort, le monument qui est en face est le tombeau de Rébecca, femme d’Isaac ; celui qui lui correspond est le tombeau d’Isaac. Le grand monument qui vient ensuite est le tombeau d’Abraham Al-Khalil ; vis-à-vis de lui , du côté de l’orient , est le tombeau de sa femme Sâra. Le monument le plus éloigné, sur la même ligne que le tombeau d Abraham , est le tombeau de Jacob; après lui, à l’orient, est le tombeau de Elya, femme de Jaco b. Que les prières et le salut de Dieu soient sur eux tous ! Esaü a tracé ceci de sa main. »
Le nom de la femme de Jacob est Elyâ ; dans quelques ouvrages, il est écrit Lvà ; mais le plus connu est Lyqâ. Dieu est plus savant.
La pierre qui porte cette inscription se voit encore de nos jours ; l’endroit où elle se trouve est célèbre parmi le peuple sous le nom de Maqâm-Adam; on prétend qu’il renferme la tête d’Adam.
Ibn Asakir dit avoir lu et copié ce qui suit dans un livre de traditions :
« Muhammad b. Bakrân b. Muhammad, prédicateur du Masjid d’Abraham Al-Khalil, qui fut qâdî de Ramla pendant le khalifat d’Ar-Râdî-bi-llah, en l’année 320 et quelques, et même postérieurement à cette époque, et fut un traditionniste de mérite dont de nombreux élèves répétèrent les hadits qu’il leur avait enseignés a déclaré avoir recueilli le rapport suivant de la bouche de Muhammad b. Ahmad b. Ja’far al Anbârî : « Abû Bakr al Iskâfî affirma un jour en ma présence qu’il était constant pour lui que le tombeau d’Abraham se trouvait à l’endroit où il était actuellement, à cause de ce qu’il avait vu de ses propres yeux.
« En effet, ajoutait-il, je constituai, en faveur des serviteurs et du sanctuaire, des waqfs nombreux s’élevant a près de 4000 dn, dans l’espoir
d’obtenir de Dieu la récompense de cette bonne œuvre, et cherchai à m’assurer de l’authenticité du fait. Etant parvenu grâce à mes prévenances, à mes largesses, à mes bons procédés et à mes bienfaits, à gagner le cœur de ces gens, je voulus mettre cette circonstance à profit pour établir d’une manière certaine la conviction que j’avais et qui était fortement enracinée dans mon esprit. Un jour donc que je les avais réunis tous chez moi :
« Je vous prie, leur dis-je, de me faire arriver jusqu’à la porte de la caverne, pour que je descende auprès des prophètes et que je les voie.
— Nous satisferions très -volontiers à ton désir, me répondirent-ils, car nous sommes tes obligés mais cela n’est pas possible en ce moment, attendu qu’il nous arrive continuellement de nombreux voyageurs. Il faut attendre jusqu’à l’entrée de l’hiver. »
Dès que janvier fut arrivé, je me rendis auprès d’eux.
« Reste chez nous, me dirent-ils, jusqu’à ce qu’il tombe de la neige. »
Je demeurai donc avec eux jusqu’à ce que la neige étant tombée, la circulation des visiteurs se trouva interrompue. M’ayant alors conduit auprès d’une roche, entre le tombeau d’Abraham et celui d’Isaac, ils arrachèrent la dalle, et l’un d’eux, nommé Sa’lûk, qui était un homme vertueux, bon et très-religieux, descendit ; je le suivis. Il marcha ainsi devant moi jusqu’à ce que nous eûmes descendu 72 marches, lorsque tout-à-coup j’aperçus à ma droite une immense estrade en pierre noire et au dessus un vieillard couché sur le dos et enveloppé d’une étoffe verte ; il avait
peu de poils aux joues et une longue barbe. « C’est Isaac (sur qui soit le salut!) » me dit Sa’louk. Nous fîmes quelques pas et voilà qu’une autre estrade, plus grande que la première, s’offrit à ma vue. Sur cette banquette était étendu sur le dos un vieillard dont la chevelure blanche prenait la largeur de ses deux épaules ; sa tête, sa barbe, ses sourcils et ses cils étaient blancs ; son corps était recouvert d’une étoffe verte; le vent jouait de droite et de gauche dans ses cheveux blancs. « C’est Abraham Al-Khalil (sur qui soit le salut!) » me dit Sa’lûk. Je me prosternai la face contre terre et remerciai Dieu de la grâce qu’il m’avait accordée. Continuant notre marche, nous trouvâmes sur une petite estrade un vieillard d’une coloration rouge-foncé, à la barbe épaisse.
Sous ses épaules était une étoffe verte qui lui enveloppait le corps.
« Voilà, me dit Sa’lûk, le prophète Jacob. »
Nous tournâmes ensuite à gauche pour examiner le côté des femmes. » En prononçant ces derniers mots, Abû Bakr al Iskâfî jura qu’il avait achevé son récit.
« Je me levai sur le champ (c’est Muhammad al Anbârî qui parle), et me rendis incontinent au Masjid d’Hébron où, dès mon arrivée, je m’informai de Sa’lûk.
On me répondit qu’il allahit être là tout de suite. Aussitôt qu’il fut venu, je me levai et m’étant assis à côté de lui. Je commençai à lui raconter une portion de ce que j’avais entendu. Il me regarda d’un air qui semblait nier cette relation. Je le ramenai doucement de manière à me faire pardonner mon crime. Puis j’ajoutai qu’Abû Bakr al Iskâfî était mon oncle paternel. Cette communication le radoucit.
« Sa’lûk, m’écriai-je alors, je t’en conjure, quand vous vous fûtes tournés du côté des femmes, que se passa-t-il et que vîtas-vous ?
— Ce que t’a raconté Abû Bakr, me répondit-il.
— Je voudrais, répliquai-je, l’entendre également de ta bouche.
– Nous entendîmes une voix qui venait du côté des femmes et criait :
« Eloignez-vous du harem, que Dieu vous fasse miséricorde! »
Nous tombâmes aussitôt évanouis. Au bout de quelque temps, ayant repris connaissance, nous nous levâmes. Nous avions cru que c’en était fait de
nous, et nos camarades avaient perdu tout espoir de nous revoir. »
Muhammad al Anbârî ajoutait :
« Abû-Bakr l’Iskâfî, me dit le cheikh, n’a survécu que peu de jours au récit qu’il m’avait fait, et il est mort ainsi que Sa’lûk. Que Dieu leur fasse miséricorde ! »
Voici ce que dit Abû ‘Abd Allahh Muhammad b. Ahmad b. Abû Bakr al Bannâ (le maçon) al Muqaddasî, dans son livre intitulé Al Bâdî’ fî tafdil mamlakat al islam (Le livre curieux sur la prééminence de l’empire de l’Islam) :
« Habra est le bourg d’Abraham ; il y a un château immense qui est, dit-on, l’ouvrage des génies, et est construit en grosses pierres sculptées. Au milieu est une coupole en pierres, construite depuis l’Islam, et recouvrant le tombeau d’Abraham ; celui d’Isaac se trouve devant, dans le Mughatta, cl celui de Jacob, dans la partie postérieure. Auprès de chaque prophète repose sa femme. Cette enceinte a été convertie en Masjid : l’on a bâti tout autour des maisons qu’habitent ceux qui veulent y vivre en retraite; les constructions, attenantes , l’entourent de tous côtés. Les habitants reçoivent l’eau au moyen d’un petit canal. Ce bourg, dans une étendue d’une demi-journée en tous sens, présente une suite non interrompue de villages, de vergers, de vignes et de plants de pommiers. La plus grande partie des fruits est portée en Egypte. Dans ce bourg se tient constamment une table ouverte au public ; on y trouve organisés des cuisiniers, des boulangers et des serviteurs; ils servent à ceux des pauvres qui se présentent des lentilles cuites à l’huile et en donnent même aux riches qui désirent en prendre.
Al Malik al Mu’ayyad Ismâ’îl, prince de Hamâ (Abu al-Fida) racontant dans sa Chronique les événements qui se sont passés durant l’année 5i3 (J.-C. 1119), rapporte que cette année-là on découvrit le tombeau d’Abraham Al-Khalil, ainsi que ceux de ses deux fils Isaac et Jacob, dans le voisinage de Jérusalem ; que beaucoup de personnes virent les corps de ces patriarches qui s’étaient conservés sans altération, et qu’auprès d’eux, dans la caverne, étaient rangées des lampes d’or et d’argent. L’auteur ne dit point de quelle manière s’opéra cette découverte, sur laquelle plane quelque obscurité, attendu qu’à l’époque indiquée, Jérusalem et la ville de notre seigneur Al-Khalil étaient au pouvoir des Francs. Les Musulmans n’y exerçaient aucune autorité ; et l’on n’a jamais entendu dire que les Francs , pendant leur domination, permissent aux musulmans l’entrée de ces places. Dieu connaît mieux l’exactitude du fait.
Salomon, par une révélation de Dieu, construit une enceinte au dessus de la Caverne.
On rapporte que lorsque Salomon eut achevé la construction de Jérusalem, Dieu lui révéla ces paroles : « Fils de David, construis au dessus du tombeau de mon Ami (Abraham) une enceinte qui le fasse reconnaître à ceux
qui viendront après toi. » En conséquence, Salomon, accompagné des enfants d’Israël, sortit de Jérusalem et vint vers la terre de Kan’ân. Après avoir tourné dans différentes directions sans découvrir le tombeau, il revint à Jérusalem où Dieu lui fit cette révélation :
« O Salomon, tu as contrevenu à mon ordre!
— Seigneur, répondit le prophète, je n’ai pu trouver l’emplacement. »
Dieu lui adressa alors cette nouvelle révélation :
« Va, tu verras une lumière descendant du ciel jusqu’à terre ; c’est là l’emplacement du tombeau de mon ami Abraham. »
Salomon se mit donc en route une deuxième fois. Il regarda et donna aux génies l’ordre de construire dans l’endroit appelé Ar-Râma, lequel est près de la ville de notre seigneur Al-Khalil, dans la direction du nord, au sud du village de Halhoul où se trouve le tombeau de Jonas. Mais Dieu se révéla à lui en ces termes :
« Ce n’est point là la place que je t’ai indiquée ; regarde donc la lumière suspendue du ciel sur la terre et bâtis. » Salomon partit ; comme il promenait çà et là ses regards, voilà qu’une lumière brillait au dessus d’une des plaines d’Hébron ; il reconnut que c’était bien là l’emplacement
qu’il cherchait. C’est sur cette plaine qu’il construisit l’édifice.
Dimensions en longueur et en largeur du mur de Salomon.
Ce sanctuaire (Maqâm) auguste , qui forme l’intérieur du mur de Salomon mesure en longueur, du sud au nord, depuis le fond du Mihrâb situé près de la chaire jusqu’au fond de la chapelle (Mashhad) qui recouvre le tombeau de notre seigneur Jacob, 80 coudées, de celles dites dara’a al ‘amal, moins une petite différence d’environ une demi-coudée ou deux tiers de coudée. Sa largeur, d’orient en occident, depuis le mur dans lequel est percée la porte d’entrée jusqu’au fond du portique (riwâq) occidentel où se trouve la fenêtre (chabbâk) qui donne accès au tombeau de notre seigneur Joseph, est de 41 coudées,chiffre auquel il faut ajouter une faible fraction d’à peu près un tiers ou une moitié de coudée. La coudée est celle mentionnée ci-dessus, c’est-à-dire le dara’a al ‘amal, qui est la mesure employée à notre époque pour mesurer les bâtisses. L’épaisseur du mur est, sur chaque côté, de 3,5 coudées ; le nombre de ses assises est de 15 dans l’endroit qui a le plus d’élévation, savoir auprès de la porte de la citadelle, à l’angle S-W. En cet endroit, la hauteur de la construction au dessus du sol est de 26 coudées de constructeur, et cela sans compter la bâtisse romaine élevée par dessus celle de Salomon. Parmi les pierres qui forment la partie bâtie par Salomon, il en est une placée auprès du lieu de la Tell-Khâna, qui a une longueur de 11 coudées de constructeur. La largeur de chaque assise de la construction faite par Salomon est d’environ une coudée et deux tiers, à la coudée de constructeur. Ledit mur est surmonté de 2 minarets, d’une architecture extrêmement gracieuse; l’un est placé à la partie sud-est; l’autre au nord-ouest.
Voici maintenant la description du bâtiment qui se trouve dans l’enceinte du mur, tel qu’il existe de notre temps, après sa transformation en Masjid, comme nous venons de le dire : il comprend un édifice voûté qui occupe environ la moitié de l’espace renfermé en dedans du mur, — du sud au nord — ; la construction en remonte à l’époque des Romains. Cet édifice se compose de 3 nefs dont celle du milieu a plus d’élévation que les deux qui lui sont contiguës à l’occident et à l’orient. Le toit porte sur quatre piliers solidement bâtis. Au fond de cet édifice voûté, sous la nef la plus
élevée, se trouve le Mihrab et, tout à côté, la chaire faite en bois et d’un travail aussi beau que solide. Cette chaire fut fabriquée sous le règne d’Al-Mustançir-billahh Abû Tamîm Ma‘add al-Fâtimi, khalife d’Egypte, par les ordres de Badr al-Jamâlî, qui administrait son empire, pour décorer le Machhad d’Ascalon où, suivant l’opinion des Fâtémîtes, se trouvait déposée la tête d’Al-Husayn b. ’Alî b. Abû Tâlib. Le travail fut exécuté dans le cours de l’année 484 (J.-C. 1091), ainsi que l’atteste l’inscription gravée sur la chaire en caractères coufiques. Il est probable que ce Menbar fut transporté et placé dans le Masjid d’Hébron par les soins d’Al Malik an-Nâsir Salâh-ad-dîn Yûsuf b. Ayyûb, à l’époque où ce prince fit démanteler Ascalon. On le voit encore de nos jours. Vis-à-vis est l’estrade des mu’addens, soutenue par des colonnes de marbre d’une extrême beauté. Les murs du Masjid sont revêtus de marbre sur les 4 faces. Ce revêtement en marbre fut appliqué par les ordres de Tenkez, Nâïb (vice-roi) de Syrie, sous le règne d’Al-Malik an-Nâsir Muhammad b. Qalâwun, l’an 732 (1332). Les augustes tombeaux sont situés dans l’enceinte du mur. Au dessous de l’édifice susdit se trouve le tombeau de notre seigneur Isaac ; il s’étend jusqu’à côté du pilier qui est auprès de la chaire. En face de lui est placé le tombeau de sa femme Rebecca , lequel va jusqu’à côté du pilier oriental.
Ce bâtiment a 3 portes qui conduisent sur la plateforme du Masjid. L’une d’elles, celle du milieu, mène à l’auguste sépulture d’Abraham ; c’est un lieu voûté dont les quatre murailles sont revêtues de marbre. Vers sa partie occidentale est la chambre vénérée renfermant le tombeau qui passe pour être celui de notre seigneur Abraham Al-Khalîl. En face, du côté de l’orient, est le tombeau de Sàra , femme de ce patriarche. La seconde porte, qui regarde l’orient, est placée auprès de la porte du mur de Salomon, derrière le tombeau de Sâra. La troisième porte, s’ouvrant à l’occident, est derrière le tombeau d’Abraham. Tout à côté se trouve le Mihrâb des Màlékîtes. Cette porte conduit au portique (Riwaq). Elle fut ouverte, de même que fut construit le Mihrâb des Màlékîtes, sur l’ordre de l’émir Chihâb ad-dîn al Yaghmûry, Nâder (inspecteur) des deux sanctuaires sacrés, et Nâïb as-Sultana (lieutenant de l’empire), pendant le règne d’Al Malik ad-Dâhir Barqûq. Il fit percer dans le mur de Salomon la fenêtre qui mène
au tombeau de notre seigneur Joseph le « Véridique. »
Il fit également construire les portiques à la place des cellules qui existaient dans cet endroit et installa sept lecteurs du Qur’ân et un cheikh chargé d’expliquer, dans l’espace de trois mois, les ouvrages d’Al-Bukhârî et de Muslim. Ces travaux furent exécutés dans le mois de ramadan de l’année 796 (juillet 1394). A l’extrémité de la cour renfermée dans l’enceinte du mur de Salomon, du côté du nord, est le tombeau qui porte le nom de notre seigneur Jacob. Il est placé vers l’occident, à l’opposite de celui d’Abraham. En face de ce monument, du côté de l’est, se trouve la sépulture de Lyqâ (Léa), femme de ce patriarche. La plate-forme du Masjid, qui est entièrement à découvert, s’étend entre le tombeau d’Al-Khalîl (Abraham) et celui de Jacob. Les coupoles qui recouvrent les tombeaux où reposent, dit-on, Abraham, Sâra, sa femme, Jacob et sa femme Lyqà (Léa), ont été, comme je l’ai appris, construites par les soins des Omayyades. Tout le terrain compris dans l’enceinte du mur, tant la partie abritée par un toit que la cour découverte, est pavé de dalles qui remontent au temps de Salomon et dont la vue excite l’admiration, soit sous le rapport de leur dimension, soit sous celui de leur forme.
A côté du tombeau d’Abraham, dans l’intérieur de l’édifice voûté et au dessous du sol, est une caverne appelée Sardâb (souterrain), où se trouve une petite porte qui conduit à la chaire. Un des serviteurs attachés au sanctuaire descendit, il n’y a pas longtemps, un an environ, dans ce souterrain pour chercher un pauvre, privé de raison, qui y était tombé. Plusieurs autres serviteurs descendirent aussi dans ce lieu et pénétrèrent
par cette porte, d’où ils arrivèrent jusqu’à la chaire placée sous la coupole soutenue par des colonnes de marbre, à côté de la Maison de la Khétâba. Un de ceux qui descendirent dans ce souterrain m’a dit avoir vu un escalier de pierre composé de quinze marches, bâti au bout de ce passage, du côté du sud, et bouché, à son extrémité, par une construction. Il est évident que c’était une porte qui s’ouvrait auprès de la chaire et par laquelle on parvenait dans le souterrain.
En dehors du mur de Salomon, dans la partie qui regarde l’orient, est un Masjid d’une extrême beauté. Entre le mur de Salomon et ce Masjid, se trouve le vestibule ; il est voûté, d’une forme allongée, et joint à la magnificence une majesté imposante. Le Masjid et le vestibule ont été construits par l’émir Abû Sa’îd Sanjar al Jaûlî, inspecteur des deux nobles sanctuaires et lieutenant de l’empire, C’est de lui que ce Masjid a pris le nom de Jaûliya véritable merveille, il a été taillé dans une montagne sur laquelle était, dit-on, le tombeau de Juda : Al Jaûlî aurait fait tailler et creuser la montagne et recouvrir la cavité d’un toit et d’une coupole. Cet édifice est soutenu par douze piliers qui s’élèvent au centre.
Le sol du Masjid, les murs et les piliers reçurent un placage de marbre, et des fenêtres en fer furent pratiquées à l’extrémité du bâtiment, du côté de l’ouest. Ce Masjid a une longueur, du sud au nord, de 43 coudées, et une largeur, d’orient en occident, de 25 coudées de constructeur. L’édification en fut commencée au mois de rabi II 718 (juin 1318), et achevée dans le mois du même nom 720, sous le règne d’Al Malik an-Nâsir Muhammad b. Qalâwun. Sur le mur (transversal) est une inscription ainsi conçue :
« Sanjar a fait construire cet édifice uniquement à ses frais, sans y consacrer aucune somme prise sur les revenus des deux nobles sanctuaires (que Dieu lui fasse miséricorde) ! »
A côté du Masjid Jaûlî, vers le sud, est la cuisine où l’on prépare la Jâshîsha pour ceux qui sont en retraite et pour les voyageurs. A la porte de la cuisine, chaque jour après la prière de l’Asr (l’après-midi), on bat la Tabl-Khânâh (batterie de tambour), au moment de la distribution du repas. Ce repas est une des choses les plus merveilleuses du monde : les habitants de la ville et les arrivants en prennent leur part. Il consiste dans du pain que l’on fabrique chaque jour et dont on fait trois distributions : le malin et après l’heure de midi, la distribution est faite pour les habitants de la ville ; après l’Asr, elle a lieu en faveur des habitants et des étrangers indifféremment. La quantité de pain qui se fait journellement s’élève à 14 000 Raghîf (petits pains ronds et plats), et va parfois jusqu’à quinze mille (2). Les fondations instituées pour cet objet produisent une somme presque incalculable. Personne, riche ou pauvre, n’est exclu du repas.
Quant à la cause de ce battement de tambour (Tabl-Khânâh), chaque jour, après l”Asr, au moment de la distribution du repas, on en fait remonter l’origine à notre seigneur Abraham : quand il avait préparé le repas destiné aux hôtes qui lui étaient venus , comme ceux-ci étaient dispersés dans les logements qu’il leur avait répartis, il leur battait du tambour pour les prévenir que le repas était prêt. En entendant ce signal tous s’empressaient d’accourir et de se réunir, afin de prendre part à ce noble festin. Cet usage devint, après la mort du patriarche, une pratique de tradition sunna, qui se répète quotidiennement, au moment de la distribution du repas, en son auguste présence.
A la porte du Masjid, où l’on bat la Tabl-Khânâh, se trouvent les bâtiments destinés à la préparation du repas; ils se composent de fours et de moulins. C’est un vaste emplacement qui renferme trois fours et six meules à moudre le grain. Au dessus sont les greniers où l’on dépose le blé et l’orge. En voyant ce lieu , tant en haut qu’en bas,, on est ravi d’admiration : en effet, le blé qui y entre n’en sort que sous la forme de pain. Pour ce qui
est de l’empressement déployé dans la confection du repas par cette foule d’hommes occupés à moudre le froment, à le pétrir, à le convertir en pain, à disposer le bois à brûler et autres accessoires, ainsi qu’à préparer tout le nécessaire, c’est là encore une merveille dont on ne rencontrerait pas facilement l’équivalent chez les plus puissants souverains de la terre, tandis qu’elle ne constitue qu’un des moindres miracles de ce noble prophète.
Histoire de Joseph.
Joseph mourut en Egypte et y resta enseveli jusqu’au temps de Moïse et de Pharaon. Mais lorsque Moïse quitta ce pays en emmenant les enfants d’Israël dans le désert, il exhuma le corps de Joseph et le transporta avec lui dans le désert jusqu’à ce qu’il mourut lui-même. Josué étant venu en Syrie avec les Israélites, l’ensevelit près de Naplouse, ou plutôt à Hébron, suivant une version très-répandue parmi la population ; c’est, en effet, à Hébron que se voit son tombeau et il est très-connu. Cette croyance a généralement cours dans le peuple et n’a jamais été contestée
Son tombeau se trouve sur le terrain sacré situé derrière l’enceinte de Salomon, vis-à-vis du tombeau de Jacob et dans le voisinage de ses deux ancêtres, Abraham et Isaac.
Au rapport d’Ibrahim b. Ahmad al Khalanjî, une esclave d’Al-Muqtadir (i) nommée ‘Ajûz, qui habitait Jérusalem, lui ayant demandé de se rendre à l’endroit où la tradition plaçait le tombeau de Joseph, de le mettre à découvert et de construire au dessus un édifice : « Je sortis, raconte-t-il , accompagné des ouvriers , à la recherche du champ où il devait se trouver d’après la tradition, en dehors de l’enceinte (de Salomon), vis-à-vis le tombeau de son père Jacob. On acheta, ajoute-t-il, le terrain de son propriétaire, et on se mit à y faire des fouilles. Une énorme pierre ayant été mise à découvert dans l’endroit présumé, ordre fut donné de la casser. On en brisa un fragment. J’étais occupé, continue le narrateur, à fouiller avec les autres. Dès qu’on eut enlevé le morceau de pierre, voilà qu’on aperçut Joseph tout resplendissant de grâce et de beauté, et il s’exhala de l’endroit des parfums de musc. Puis survint un vent très-violent, et les ouvriers replacèrent la pierre dans son premier état. »
Quelque temps après, on construisit au dessus, afin de constater cette découverte la coupole qui existe encore de nos jours. Ce monument est situé en dehors du mur de Salomon, du côté de l’ouest, dans l’intérieur de la Madrasa attribuée au sultan Al-Malik an-Nâsir Hasan et que l’on appelle aujourd’hui la Citadelle [Al qal’a). On y entre par la porte du Masjid qui donne sur le marché, en face de la fontaine de l’Eunuque. C’est un endroit révéré et qui renferme le tombeau.
Dans la suite, un des inspecteurs des Waqfs du Masjid d’Hébron, Chihâb ad-dîn Ahmad al Yaghmûrî, fit percer une porte dans le mur de Salomon , du côté de l’ouest, vis-à-vis du tombeau qu’on regarde comme celui de notre seigneur Joseph le « Véridique », et placer, au dessus du tombeau inférieur, un édicule servant à en indiquer la place, dans la même forme que ceux des autres sépulcres qui se trouvent dans le Masjid d’Hébron. Ces installations furent faites sous le règne d’Al Malik ad-Dâhir Barqûq.
Histoire de Loth.
Le tombeau de Loth se trouve en un bourg nommé Kafr-Borayk, situé à 1 frs environ du Masjid d’Abraham. On rapporte que dans la caverne occidentale,
sous l’ancien sanctuaire, sont enterrés soixante prophètes dont vingt envoyés. Cet endroit jouit d’une grande renommée et est devenu un but de pèlerinage et de dévotion.
A une parasange d’Hébron se trouve une petite montagne qui domine le lac de Zoghar (la mer Morte) et l’emplacement des villes de Loth. L’on y voit un Masjid bâti par Abû-Bakr Muhammad b. Isma’îl as-Subâhî ; il renferme la place où s’endormit Abraham, enfoncée dans la roche d’environ une coudée. On dit que quand Abraham vit les villes de Loth soulevées dans les airs, il
s’arrêta ou s’endormit; puis, il s’écria : « Je rends témoignage que c’est la vérité évidente. » C’est pourquoi ce Masjid fut nommé le Masjid de la vérité évidente (Masjid al haqq al yaqîn). Sa construction eut lieu dans le mois de cha’bân de l’année 352 (août-septembre 923 de J.-C). Au dehors du Masjid est une grotte qui contient le tombeau de Fâtima, fille d’Al-Hasan , fils d”Aly b. Abû-Tâlib; sur le tombeau on voit une plaque de marbre portant cette inscription en caractères coufiques :
« J’ai fait habiter celle dont la demeure était dans mes entrailles, entre la terre et la pierre, et cela en dépit de moi-même.
« Puissé-je te servir de rançon , Fâtima , fille des Imams, fille des étoiles brillantes. »
Histoire de Job (âyyub)
Le tombeau de Job est situé dans le village de KaflHârès, qui est une dépendance de Naplouse.
Histoire de Jéthro (Chu’ayb).
Le tombeau de Chu’ayb se trouve en un village nommé Hettin, qui dépend de la ville de Safad et est à une distance d’environ trois journées de Jérusalem.
Histoire de Moïse (Musa).
Aucune créature n’a eu connaissance de l’endroit où se trouve le tombeau de Moïse. Suivant une tradition orale, il fut enseveli dans la vallée, sur le territoire où il mourut. Les opinions sont très-partagées sur l’emplacement de son tombeau. Il en est une, et c’est la plus répandue, qui le place à l’est de Jérusalem, à une journée de marche de la ville sainte. La route qui y mène est extrêmement escarpée et difficile. Il est recouvert d’une construction dans l’enceinte de laquelle s’élève un Masjid ; a droite est un bâtiment voûté en pierres, renfermant à l’intérieur une tombe que l’on recouvre, pendant la durée du pèlerinage, d’un voile en soie noire orné de
broderies rouge et or, et qui en fait tout le tour. On croit généralement que c’est là le tombeau de Moïse
Le dôme en question a été construit par Al Malik ad-Dâhir Baybars, à son retour du pèlerinage de la Mekke, lorsqu’il vint visiter Jérusalem, en l’année 668 (1269). Des gens de bien y ajoutèrent d’autres constructions, tant dans l’intérieur qu’autour de la mosquée ; ce qui fut d’une grande utilité pour les visiteurs. Plus tard, en l’an 875 (1470), l’intérieur fut agrandi du côté du sud ; cette construction ne fut achevée qu’en l’année 885 (1480). Postérieurement à l’année 880, un minaret y a été édifié.
Cet endroit est près d’Arihâ du Ghaûr (Jéricho), une des dépendances de Jérusalem. Les habitants de la ville sainte s’y rendent en pèlerinage chaque année à la fin de l’hiver et y passent plusieurs jours.
Il se produit en ce lieu des faits qui tiennent du miracle : auprès de la tombe, située à l’intérieur du dôme, on ne cesse de voir, au dessus du Mihrâb, des images de personnes de différentes couleurs ; les unes affectent la forme de cavaliers, d’autres de piétons; il en est qui portent une lance sur l’épaule; quelquas-unes sont vêtues de blanc, d’autres ont des vêtements verts; elles se présentent les unes aux autres et offrent des aspects variés.
Histoire de David (Dâoud)
D’après Wahb, David fut enseveli dans l’église connue sous le nom d’Al-Jîsamâniya (Gethsémani), à l’orient de Jérusalem, dans la vallée.
D’autres disent que le tombeau de David se trouve dans l’église de Sion; c’est celle qui est en dehors de Jérusalem du côté du sud, et est occupée par la communauté des Francs : c’était en effet sa demeure. Dans la dite
église de Sion est un endroit très-vénéré des chrétiens et renfermant, dit-on, le tombeau de David. Ce lieu est aujourd’hui en la possession des musulmans. Nous mentionnerons dans la suite s’il plaît à Dieu, parmi les événements de l’année 895 (1491), la querelle qui éclata à ce sujet, de notre temps, entre les musulmans et les chrétiens.
Construction par notre seigneur Salomon (Sulaymân) de la cité de Jérusalem et de son temple.
En la quatrième année de son règne, correspondant à la 539è de la mort de Moïse, dans le mois d’ayâr (mai), Salomon commença à construire Jérusalem, pour se conformer à la recommandation que lui en avait faite son père mourant.
Au temps des enfants d’Israël, la cité de Jérusalem était très-vaste et très-florissante. D’après les descriptions qui en ont été faites, elle surpassait en grandeur Misr et Baghdâd. On dit que les constructions et les habitations arrivaient, du côté du sud, jusqu’au bourg connu à cette époque sous le nom de Dayr-as-Sina, et, du côté de l’orient, jusqu’au mont des Oliviers; le mont des Oliviers continua à être habité jusqu’au temps de la conquête de ‘Umar. Dans la direction de l’occident, la ville s’étendait jusqu’à Màmilâ, et, au nord, jusqu’au village qui renferme le tombeau du prophète Samuel et porte chez les juifs le nom de Rama et, sa distance de Jérusalem est de près d’un quart de Barîd (poste). La construction de la cité de Jérusalem par David et Salomon ne consista que dans la réédification des anciennes bâtisses. Nous avons déjà fait mention, au commencement de cet ouvrage, du premier homme qui construisit et fonda la ville, et avons dit que c’était Sem. b. Noé. Le sanctuaire était situé au centre de la cité. Au milieu d’une plaine unie se dressait la noble Roche, jusqu’à l’époque où David et, après lui, Salomon y édifièrent le temple
La Roche (Sakhrah) de Jérusalem avait, du temps de Salomon, une hauteur de 12 coudées ; la coudée employée était celle de la bonne foi (dara’ al aman), équivalant à une coudée (commune), un empan et un poing.
L’élévation de la coupole qui la recouvrait était de 18 ou, suivant d’autres, de douze milles. A son sommet, était posée une gazelle en or qui avait entre les yeux une perle ou un rubis rouge. Les femmes de la Balqâ riaient pendant la nuit à la clarté qu’elle projetait ; ce district est
situé à plus de 2 journées de Jérusalem; et les habitants d’ ‘Amwâs, quand le soleil se levait à l’orient, se trouvaient à l’ombre de la coupole. Cet ‘Amwâs, qu’on peut prononcer avec un fatha (Amawâs) ou un sekûn sur le mîm (‘Amwâs) est celui qui, suivant l’opinion prépondérante, a donné son nom à la peste dite d”Amwâs, parce que cette épidémie y prit naissance; elle éclata l’an 18 . Ce village est situé près de Ramla de Palestine, à la distance d’environ une poste et demie de Jérusalem. Quand le soleil se couchait, l’ombre de la coupole abritait les habitants de Bayt-ar-Râma et d’autres villages du Ghaûr situés à une plus grande distance de Jérusalem qu’ ‘Amwâs. Quelques auteurs disent que Salomon entoura le temple d’une muraille qui avait une étendue de 500 coudées, tant en longueur qu’en largeur
On rapporte que le prophète de Dieu, Salomon, après avoir achevé la construction du temple, égorgea 3000 vaches et 7000 brebis ; puis, étant venu à l’extrémité du Masjid attenante à la Porte des Tribus, à l’endroit connu sous le nom de Trône de Salomon (Kursî Sulaymân), il s’écria : « O mon Dieu! quiconque viendra ici après avoir commis un péché, pardonne-lui ; si c’est un malheureux, soulage son infortune. »
Personne ne se présente en ce lieu sans éprouver le bénéfice de ce double vœu de Salomon. Cet endroit appelé Kursî Sulaymân est un des plus célèbres pour l’exaucement des prières. Il se trouve dans l’intérieur du dôme qu’on désigne sous le nom de Coupole de Salomon (Qubba Sulaymân), auprès de la Porte de la Dawâdâriya.
Au nombre des prodiges qui se manifestaient à Jérusalem était la chaîne que Salomon avait placée, pendant du ciel sur la terre, à l’orient de la Sakhra, à l’endroit occupé aujourd’hui par la Coupole de la Chaîne (Qubbat-as-Salsala). C’est à son sujet qu’un poète a dit :
« La révélation a disparu; la grandeur a succombé, et la générosité a été enlevée avec la chaîne. »
Lorsque deux hommes se présentaient devant cette chaîne, celui des deux qui disait la vérité pouvait l’atteindre ; quand celui qui mentait voulait en faire autant, elle se relevait sans qu’il pût la saisir.
Voici en résumé l’histoire de cette chaîne, qui est racontée toutefois de diverses manières : Un homme avait déposé chez un juif deux cents dn; lorsqu’il réclama son dépôt le juif nia de l’avoir. En conséquence, tous les deux se rendirent en cet endroit, devant la chaîne.
Le juif dépositaire, recourant à la ruse et à la supercherie avait fait fondre les pièces d’or et les avait coulées dans un bâton creusé à cet effet. Arrivé à cet endroit, il remit le bâton au propriétaire des dn et, saisissant la chaîne, il jura par le nom de Dieu qu’il lui avait donné la somme ; ensuite, le réclamant lui ayant rendu son bâton et prenant à son tour la chaîne avec la main, fit serment de ne pas avoir retiré son dépôt; de sorte que chacun des plaideurs saisit également la chaîne. La foule resta frappée d’étonnement. C’est pourquoi, à partir de ce jour, la chaîne disparut, à cause de la perversité de la nature humaine
Le talisman contre les serpents.
Le Hâfid Ibn-‘Asâkir dit avoir lu dans un ancien livre :
« Il y a à Jérusalem de gros serpents dont la morsure est mortelle; toutefois Dieu, dans sa bonté, a donné à ses serviteurs un Masjid situé dans la partie élevée de la voie et pris par ‘‘Umar b. Al-Khattâb sur une église qui se trouve là_, connue sous le nom de Qumâma . On y voit deux grandes colonnes en maçonnerie dont les chapiteaux sont ornés de figures de serpents, qu’on dit être un talisman
contre ces reptiles. Un homme est-il mordu par un serpent à Jérusalem, la morsure ne lui cause aucun mal ; mais s’il sort de la ville, ne fût-ce qu’à la distance d’un empan, il meurt aussitôt. Le seul moyen pour lui de se guérir est de séjourner à Jérusalem durant 360 jours. S’il quittait la ville, même un seul jour, avant l’expiration de ce terme, il serait certain de périr. Al Harawî rapporte aussi quelque chose de ce genre dans son Livre des pèlerinages
Ce Masjid, dis-je, est très-connu. Il est situé dans le quartier des chrétiens à Jérusalem , à côté de l’église de Qumâma (de la Résurrection), à l’ouest, à gauche en montant par l’escalier de la Qumâma vers l’hospice
(Khânqâ) de Saladin. A ce qu’il paraît, le talisman contre les serpents en a disparu. Dieu est plus savant.
(Page <3i.) La tradition orale place le tombeau de Salomon à Jérusalem auprès de la Jîsamaniya, et veut que ce prince et son père David reposent dans une même tombe.
Histoire de notre seigneur Jonas (Younès) b. Matta.
Son tombeau se trouve dans un bourg situé près de la ville de notre seigneur Al-Khalil (Hébron), à une distance peu considérable. Ce bourg se nomme Halhûl et est sur la route de Jérusalem. Au dessus du tombeau, il a été construit un Masjid et un minaret. Le minaret fut élevé par les ordres d’Al Malik al Mo’addam’Ysa, sous l’administration de l’émir Rachîd ad-dîn Faradj b. ‘Abd-Allahh al Mu’addamy, dans le mois de rajab de l’année 623 (juillet 1226). Le tombeau de Jonas jouit d’une grande célébrité et l’on s’y rend en pèlerinage.
Matta est enterré tout près, en un village appelé Bayt-Amur. C’était un juste, de la famille des prophètes. Dieu est plus savant.
Ascension de notre Seigneur Jésus (‘Ysa).
Quand sa mère Marie (sur qui soit le salut!) mourut, elle fut enterrée dans l’église connue sous le nom d’Al-Jîsmaniya, en dehors de la Porte des
Tribus, au pied du mont des Oliviers. C’est un lieu célèbre et un but de pèlerinage, tant pour les musulmans que pour les chrétiens.