De Jéricho au Jourdain on compte 6 grandes verstes, sur une plaine sablonneuse et difficile sur laquelle de nombreux pèlerins périssent du fait de la chaleur et de la soif. Non loin de la mer, au large de Sodome, exhale une atmosphère brûlante et fétide qui enveloppe et dévaste tout le voisinage. Avant d’atteindre le Jourdain vous atteignez le monastère de Saint-Jean le Prodrome. Il est près de la route, et situé sur une montagne.
Le mont Hermon est à environ 20 sagènes du monastère, et se trouve à gauche près de la route. C’est une colline de sable(sic). Non loin de l’autel de son église, sur une élévation du côté est, il y a une petite chapelle avec un autel. Il s’agit de l’endroit où Jean le Prodrome a baptisé Notre-Seigneur Jésus-Christ. Le Jourdain atteignait cet endroit, puis, voyant approcher le Créateur pour son baptême, il quitta son lit, et s’enfuit, effrayé. Autrefois la mer de Sodome venait jusqu’à l’emplacement du baptême, mais maintenant, elle en est éloigné d’environ 4 verstes. C’est alors que la mer, car la Divinité était nue au milieu des eaux du Jourdain, s’est enfuie de terreur, et le Jourdain reflua, comme le dit le Prophète : « Pourquoi, ô mer ! as-tu fui? et toi, O Jourdain ! pourquoi t’en es-tu retourné » (Psaume CXIV. 5)
La lieu où Christ fut baptisé.
Le lieu où le Christ a été baptisé est éloigné de la rivière du Jourdain de la distance d’un jet de pierre.
Là où les chrétiens visitent le baptême se trouve le gué du Jourdain, qui conduit à l’Arabie ; là, les eaux du Jourdain s’étaient autrefois retirées devant les Israélites, et tout le peuple passa à pied sec. Elisée toucha aussi l’eau avec le manteau d’Elie, et passa le Jourdain à pied sec. Et là, enfin, Marie l’Égyptienne traversa les eaux pour recevoir le sacrement du Père Zosime, et après avoir reçu le corps du Christ, et retourna de la même façon dans le désert.
Le Jourdain :
Le Jourdain est une rivière rapide, sa rive opposée est très escarpée, et l’autre côté est plat. L’eau est très boueuse, mais agréable au goût; on peut boire beaucoup de cette eau bénite, car elle ne fait aucun mal, et ne dérange nullement l’estomac.
Le Jourdain est, à tous égards, comme la rivière Snoy, il a la même largeur et la même profondeur, et le même cours sinueux et rapide. Il est de 4 sagènes de profondeur au lieu du baptême ; ce que j’ai moi-même mesuré, car je l’ai traversé, et beaucoup se sont perdus sur ses rives. La largeur du Jourdain est la même que celle de la Snoy à son embouchure. De ce côté du Jourdain, près du lieu du baptême, il y a une sorte de forêt de petits arbres, comme le saule. Il y a aussi de nombreux roseaux, et les ruisseaux sont nombreux, comme près de la rivière Snoy. Les bêtes sauvages abondent ; les sangliers sont innombrables, et il y a beaucoup de panthères et de lions. De l’autre côté du Jourdain, loin de la rive, il y a de hautes montagnes rocheuses, et au pied de ces montagnes, il y en a d’autres d’une teinte blanchâtre, qui s’étendent jusqu’au Jourdain. Le pays de l’autre côté du Jourdain est appelé pays de Zabulon et de Nephtali.
Le Grotte de St Jean-Baptiste.
Non loin de la rivière, à l’est, se trouve le lieu où le prophète Elie a été transporté au ciel sur un char de feu, et, là aussi, se trouve la grotte de Saint-Jean-Baptiste. Un beau cours d’eau, qui coule sur des cailloux vers le Jourdain, se trouve ici ; l’eau est très douce et très fraîche et Jean, le Prodrome du Christ en but, quand il habitait cette caverne sacrée.
La caverne du prophète Elie.
Une autre caverne remarquable est visible ici, celle du prophète Elie qui y vêcut avec son disciple Elisée. J’ai vu tous ces endroits, par la miséricorde de Dieu, de mes propres yeux de pécheur, et Dieu m’a permis de visiter le saint Jourdan à trois reprises. […]
Le tombeau de Lot à Sigor
De là à Sigor il y a 2 verstes. On peut y voir la sépulture de Lot et celle de ses deux filles : il y a 2 sépultures distinctes. Dans cette montagne se trouve une grande caverne, dans laquelle Lot se réfugia avec ses filles, et aussi les restes d’une ville des premiers habitants de ce pays, qui était situé sur les hauteurs de cette montagne, au lieu-dit Sigor. De Sigor, à 2 verste vers le sud, sur une hauteur, il y a une colonne de pierre, qui est la femme de Lot. A 2 verstes de là on trouve Sodome. Je vis tout cela de mes propres yeux, mais je ne pouvais pas aller à Sodome, de peur des infidèles, et les fidèles m’empêchèrent d’y aller, en disant :
« Il n’y a rien de bon pour vous d’aller voir là-bas, ce ne sera que douloureux pour vous, car une odeur fétide y règne et vous fera mal. “
En conséquence, nous retournâmes à “St Abraham”(Hébron ?), et, protégé par la miséricorde de Dieu, nous atteignîmes l’enceinte de la caverne double en bonne santé. Nous adorâmes ces lieux saints, et nous reposâmes pendant 2 jours.