Je pris le chemin de Darbeyda qui étoit la première ville par où je devois passer pour îne rendre à Mogodore. Le beau tems que j’avois eu jusqu’à ce moment cessa tout-à-coup.
~Nous arrivions à la saison des pluies et
quand il en tombe une demi-heure dans ce
pays-là on est plus mouillé que si l’on étoit
exposé à un orage de tout un jour en An-
gleterre. Le tems avoit été trop sec au com-
mencement de mon voyage; il est vrai que
j’avois été fort incommodé par la chaleur
mais comme l’air devenoit très froid après
le coucher du soleil, je respirois a mon
aise et sous un si beau ciel, que eela~ me
faisoit oublier les souHrances de quelque~
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fruits viennent en plein champ. Je payois
deux blanquils ( trois sols anglais) un melon
assez gros pour six personnes.
Qui n’admireroit la providence en voyant
cette quantité de fruits fondans qu’elle a
placés à côté des habitans des climats bru-
lans Le plus grand nombre des pauvres de
ce pays vit de ces fruits et d’un peu de pain
noir. En sortant de Rabat la sérénité du
ciel sembloit me promettre une continuation
de beau tems mais il ne dura que pour me
laisser passer sans embarras trois ruisseaux
que les Maures appellent .H~c/M~
et .7MC