X. (1) Le jour où les consuls entrèrent en charge, l’assemblée du sénat se tint au Capitole[…] Le préteur P. Cornélius Lentulus eut le commandement de la Sicile ; Otacilius la même flotte qu’il avait eue l’année précédente contre les Carthaginois. (6) Cette année-là on annonça un grand nombre de prodiges, et plus les hommes simples et religieux y ajoutaient de confiance, plus on en annonçait. […] en Sicile un boeuf avait parlé ; chez les Marruciniens, un enfant dans le sein de sa mère, s’était écrié : « Io ! Triumphe ! ». À Spoletum, une femme avait été changée en homme ; à Hadria, on avait vu dans le ciel un autel, et autour, des fantômes d’hommes vêtus de blanc; (11) à Rome même, au sein de la ville, on vit un essaim d’abeilles dans le forum, et quelques personnes affirmèrent qu’elles avaient aperçu des légions armées sur le Janicule, et appelèrent les citoyens aux armes. […]
XI. (1) Après avoir achevé toutes les cérémonies qui devaient apaiser les dieux, les consuls firent un rapport au sénat sur l’état de la république, sur les opérations de la guerre, sur le nombre des troupes et la position qu’elles occuperaient. (2) Il fut décidé qu’on emploierait dans cette campagne 18 légions; les consuls en devaient prendre chacun deux. Il devait y en avoir deux pour la Gaule, 2 pour la Sicile, deux pour la Sardaigne, (3) deux sous les ordres du préteur Q. Fabius en Apulie. Tib. Gracchus en commandait deux composées d’esclaves enrôlés volontaires, aux environs de Lucéria. On en laissait une au proconsul C. Térentius dans le Picénum, une à M. Valérius pour le service de la flotte, aux environs de Brundisium; 2 enfin restaient pour la défense de Rome. (4) Pour atteindre à ce nombre il fallut en créer 6 nouvelles ; (5) les consuls reçurent ordre de les former au plus tôt, et d’équiper une flotte. En comptant les navires qui tenaient la mer sur les côtes de la Calabre, on avait une armée navale de cent cinquante vaisseaux longs. (6) Lorsque les cadres furent remplis et les cent nouveaux bâtiments lancés à la mer, Q. Fabius convoqua les comices pour la nomination des censeurs. M. Atilius Régulus et P. Furius Philus furent élus. (7) Les bruits d’une guerre en Sicile prenaient de la consistance. T. Otacilius reçut ordre de s’y rendre avec sa flotte. Comme les matelots manquaient, les consuls, d’après un sénatus-consulte, ordonnèrent « que tous ceux qui, sous la censure de L. Émilius et de C. Flaminius, avaient eu leur fortune ou celle de leur père évaluée de cinquante à cent mille as de cuivre, ou qui, depuis, l’auraient élevée jusqu’à ce taux, 634 fourniraient un matelot avec six mois de paie; (8) de cent à trois cent mille, trois matelots et la solde d’un an; de trois cent mille jusqu’à un million, cinq matelots; au-delà d’un million, sept. Les sénateurs devaient donner huit matelots et un an de paie. »