b>Bien qu’habitant un pays généralement si fertile, les Maurusii ont conservé jusqu’à présent les habitudes de la vie nomade. Mais ces habitudes n’excluent pas chez eux un goût très vif pour la parure, comme l’attestent et leurs longs cheveux tressés et leur barbe toujours bien frisée, et les bijoux d’or qu’ils portent et le soin qu’ils ont de leurs dents et de leurs ongles. Ajoutons qu’on les voit rarement s’aborder dans les promenades publiques et se toucher la main, de peur de déranger si peu que ce soit l’économie de leur coiffure. Leurs cavaliers ne combattent guère qu’avec la lance et le javelot, ils guident leurs chevaux avec une simple corde qui leur tient lieu de mors et les montent toujours sans selle. Quelques-uns portent aussi le sabre court ou machaera. Ceux qui combattent à pied se servent de peaux d’éléphants en guise de boucliers, et de peaux de lions, de léopards ou d’ours en guise de manteaux et de couvertures. Au reste, on peut dire que les Maurusii, les Masaesylii leurs voisins les plus proches, et tous les peuples compris sous la dénomination commune de Libyens, ont les mêmes armes, le même équipement, et en général toutes les mêmes habitudes. Ils se servent tous, par exemple, des mêmes petits chevaux, si vifs, si ardents, et avec cela si dociles, puisqu’ils se laissent conduire avec une simple baguette. On leur passe au cou [pour la forme] un harnais léger, en coton ou en crin, auquel est attachée la bride, mais il n’est pas rare d’en voir qui suivent leurs maîtres comme des chiens, sans qu’on ait même besoin d’une longe pour les tenir en laisse. Le petit bouclier rond en cuir est commun aussi à tous ces peuples, et il en est de même du javelot court à fer plat, de la tunique lâche à larges bandes, et de la peau de bête dont j’ai parlé, agrafée par-dessus cette tunique, et qui peut servir de plastron ou de cuirasse.
Les Pharusii et les Nigrètes qui habitent au-dessus des Maurusii dans le voisinage des Ethiopiens occidentaux sont, en outre, comme les Ethiopiens eux-mêmes, d’habiles archers. Ajoutons que l’usage des chars armés de faux leur est familier. Les Pharusii communiquent bien encore, mais à de rares intervalles, avec les Maurusii. Ils suspendent alors, pour la traversée du désert, des outres d’eau sous le ventre de leurs chevaux. Dans une autre direction, ils poussent jusqu’à Cirta à travers toute une région de marais et de lacs.
Quelques-unes de leurs tribus vivent, dit-on, sous terre, à la façon des Troglodytes, dans des trous creusés exprès. Un autre détail qu’on donne sur le pays des Pharusii, c’est que l’été y est la saison des grandes pluies et l’hiver, au contraire, la saison sèche. Enfin l’on assure que quelques peuples barbares voisins des Pharusii se font des manteaux et des couvertures avec des peaux de serpents et des écailles de poissons.
Certains auteurs voient dans les Maurusii les descendants des Indiens qui vinrent en Libye à la suite d’Hercule.