Fàs :
Capitale du Royaume, la « Cour du Ponent » (Dawlat al-Maghrib); car c’est ainsi qu’on la nomme à la différence de Constantinople.
C’est la plus grande et la plus belle ville de toute l’Afrique, où sont les écoles de la secte mahométane.
Elle est divisée en 3, ou plutôt ce sont 3 villes réunies et qui portent le même nom.
La plus ancienne est celle de Balayd qui est à l’est du fleuve, où sont les jardins et les fontaines de Zingifur. Elle est d’environ 4000 feux et fut bâtie par Idris, illustre prédicateur (II, 20).
L’autre, qu’on nomme la vieille Fàs, ou encore ‘Ayn ‘Alû, est à l’ouest du fleuve et contient 80 000 habitants. Elle doit sa fondation au petit fils de ce prédicateur, et c’est la grande mosquée du Qarwân^^i.
‘Abd Al-Malik dit que ces deux villes ont été autrefois à 2 différents princes de cette maison, qui s’opposaient en guerres ininterrompues bien qu’il n’y eut d’autre sépération entre les deux villes que le fleuve et la rue, mais que le second roi des almoravide après avoir ravagé Tamasna , les attaqua comme hérétiques, parce qu’ils n’étaient pas de l’opinion des autres mahométans, et els ayant pris et tués, ne fit qu’une ville des deux, en dressant un pont sur la rivière et démolissant le mur qui les séparaient. Il la nomma Fàs, comme le fleuve, qui se nommait autrefois Wâd Juhara, ou la rivière des perles , et maintenant wâd fâs (rivière de l’or : sic) parce qu’elle est bordée de vergers…
La 3ème ville, le nouveau Fàs (Fàs Jdîd)qui contient plus de 8000 habitants, et est un peu à l’écart ; Ya‘qûb, roi des B. Marîn la bâtit comme forteresse, pour y loger sa cour, et la nomma Al-Bayda.
La plus ancienne est au même lieu qu’on nommait autrefois Bulibile (sic) dont Ptolémée parle, ce qui me fait dire, qu’il y avait déjà qq habitations où Idris fonda sa ville. Mais les arabes, qui ont coutume de s’, qui ont coutume de s’attribuer les choses les plus remarquables, l’en font le premier fondateur et disent que celle qui est à l’ouest du fleuve se bâtit depuis, c’est d’elle dont nous parlerons plus précisément car c’est la principale de toute l’Afrique.
Fàs al-Bali:
Le vieux Fàs qui ets si fameux, est situé sur des collines et dans des vallées et ceint de vieux murs, bien garnis de tours et de bonnes fabriques.
Il y a 7 portes dont la première se nomme porte de la trahison, la seconde celle des brûlés, la troisième porte de la guerre, la quatrième porte du fer, la cinquième porte du résiné, la sicième celle des victoires, la septième celle des pélerins.
Elle est divisée en 12 quartiers dont chacun à un commandant d’entre les principaux habitants, qui cfomme Colonel a soin de voir si on est bien pourvu d’armes et àç ceux qui n’en ont point, il leur en fait donner du magasin du Roi, mais à leurs frais. IL a soin, comme les Regidores de ce qui conserne la police.
Ils mettent sur pied quelque 30 000 soldats dont les plus braves sont les morisques d’espagnes, qaui se sont retirés de Grenade et d’Andalousie, car les autres sont gens de plaisir, qui sont à leur aise, et ne vont à la guerre qu’à regret.
Ils ont ce privilège illustre accordé par les premiers rois de n’être pas obligés de se défendre si le roi ne peut tenir la campagne, de sorte que sans être suspects de trahison, ils se rendent au vainqueur, s’il approche à mi-lieue de la ville, ce qui fut fait pour éviter la ruine de la capitale. Ces rois sont donc toujours puissant en cavalerie, pour être maîtres de la campagne, quoique qquns aient été si aimés de leurs sujets qu’ils ont soufferts pour eux de longs sièges comme ils le firent en la guerre de Sa‘id.
Les maisons sont de brique, ou de moellon lié à la chaux, ou de ciment et sont belles au-dedans comme au dehors, car il y a de très beaux appartements, blanchis et carrelés de petits carreaux, qui sont plombés et très nets. Dans les chambres des belles maisons, il y a ordinairement des armoires dans le mur, et des arcades de plâtre blanc, avec des chiffres et des feuillages peints de diverses couleurs. Les maillons sont couverts en terrasse d’une terre grasse détrempée à la chaux, du sable et du ciment et ont toutes des cours entourées de portiques, de galeries, où il y a des armoires entaillées d’un bois odoriférant. Il y a aussi dans les maisons de grands réservoirs de brique, abec un pavage de marqueterie et des bains ou bassins d’albatre.
Il y a dans la ville 50 grandes mosquées qui ont toutes leurs fontaines et l’eau courante, avec de grands bassins de gypse ou d’albatre et plusieurs colonnes de même pour soutenir la nef, sans parler des 600 autres moindres qui ne sont pas si bien bâties.
Tout le lambris est de cèdre avec nombres de gravures et entailles. Elles ont toutes de hautes tours, comme des clochers où monte le Muaddin qui, comme le sacristain, appelle le peuple à l’oraison 4 fois par jours du matin au soir.
Il n’y a qu’un faqih par mosquée qui dit l’oraison aux heures ordinaires.
Qarawin
La plus grande mosquée est celle des Qarawin, qjui est le plus riche et la plus grande de toute l’Afrique. Elle est au milieu de la ville, en un endroit plat et uni et mesure près de ½ lieue de tour. Il y a 6 portes principales qui répondent à autant de rues et sont toutes couvertes de petites pièces de bronze qui font divers chiffres et entrelacs très élégants, avec de gros verroux ouvragés de même, comme en la Grande Eglise de Séville.
Elle a 17 arcades ou grandes voutes de large sur 26 de long, soutenues sur 10500 gros piliers de marbre blanc. En la principale nef où est la chaire du Faqih dans laquelle il monte pour dire l’oraison, il y a une grande lampe de bronze environnée de 150 autres moindres, sans parler de celles qui sont dans les autres arcades où il y a dans chaqune une lampe de même métal, où l’on peut faire brûler en même temps 1500 mêches. Les habitants disent qu’elles ont toutes été faites des cloches enlevées en Espagne, et mises là comme trophée.
Madrasa ‘Attarîn ?
Il y a dans l’enceinte de cette mosquée un collège, où l’on enseigne la Théologie, avec les autres arts et sciences, et la plus docte de tout le paus en est le Principal. C’est comme l’évêque, dont tous les autres Faqih vont prendre l’ordre et qui résout toutes leurs difficultés, ils le nomment Mufti, qui treçoit et fait valoir les revenus de la Mosquée, qui sont de plus de 80 000 ducats. Mais le sharif qui règne aujourd’hui prend tout et ne lui fournit que ce qu’il faut pour lui et pour les autres officiers ou ministres du temple.
Il y a encore d’autres collèges dans Fàs où l’on enseigne la Grammaire, la Rhétorique, la Théologie, la Philosophie, l’Orthographe, les mathématiques et autres sciences. On enseignait autrefois la négormancie, mais on ne le fait plus publiquement depuis prs années.
Madrasa Bu-‘Inaniya
Le principal collège se nomme Madrasa, qui est une des plus belles pièces de toute l’Afrique, à cause de ses grandes cours et galeries et de plusieurs appartements bien lambrissés, dont le plancher est de marqueterie aussi bien que la chaure ou l’on fait les leçons, qui est marquetée d’ébène et d’ivoire. Il y a avait autrefois des boursiers dans ce collège, et dans les autres, qui étaient entretenus comme en Europe, mais les rois ont pris à cette heure ces revenus qui sont fort grands et n’ont laissé que ce qu’il fallait pour les professeurs et les écoliers n’ont rien que la chambre et le sleçons. Il y a plus de 200 écoles dans la ville pour apprendre à lire, quoi quer l’orthographe et la grammaire arabe se lisent habituellement dans les Universités.
Bimaristan Sidi Frajj
Parlerai-je des hôpitaux, qui ne sont pas moins beaux et grands que les collèges, c’est là qu’on enfermait les foux et les malades et qu’on donnait à manger aux pauvres 3 jours durant ; mais comme les Rois se sont emparés du revenu, ils sont maintenant vides. Il y a seulement un hôpital au faubourg des étrangers malades ; mais il faut qu’ils se fassent penser à leurs frais parce qu’on se contente de les servir et de les nourrir et que l’hopital est trop pauvre pour fournir le reste.
Hammam
Il y a aussi plusieurs bains, qui la principale récréation de la ville, car les femmes et les hommes y vont baigner, ceux-ci le matin, les autres le soir et sont fort fréquentés, ce qu’ils font, à ce qu’ils disent, par propreté, mais qui cause beaucoup de désordres et en sont habitués, ils ont plutôt l’argent pour aller au bain que leur dépense.
Fonduq
Il y a plus de 200 hotelleries pour les étrangers comme en Europe, qui sont grandes et bien baties et ont prs appartements de bas en haut avec toutes les commodités. Les principales sont près de la Qarawin où logent les marchands chrétiens et les plus honnêtes gens qui passent là. Tous les autres sont des repaires de démons où se commettent 1000 pêchers avec tant de licence et d’impunité qu’il est permis aux hotelliers de sortir en habits de femmes avec barbe rasée et une quenouille à la ceinture et parlent avec une voie adoucie contrefaisant celle des femmes, pour inciter les hommes à une infâme luxure des rusiens (rufiens ?) publics, de vendre du vin, de loger des femmes et de jeunes enfants, comme lieux consacrés à la débauche.
Le plus étrange est que le Justice n’y vient jamais et les Sergents n’y arrêtent personne de sorte que c’est la retraite des voleurs, maqueraux, assassins et autres débauchés de la ville.
Ces hôtelliers qu’on nomme bâdi (bâdi‘ ?) paient pour cela une bonne somme touts les ans au Gouverneur et sont obligés d’envoyer à l’armée en marche certains d’entre eux pour servir à manger aux officiers de la suite royale. Mais on ne les laisse ni entre aux bains, ni aux mosquées, ni de converser avec les marchands, ni de louer les hotelleries proches de la Qarawin. Quand le père du Sharif qui règne aujourd’hui fit la guerre au Roi de Fàs, les Fuqaha s’étant plaints de ce qu’il persécutait un roi de sa religion, il répondit, que c’était pour punir les pêchés abominables qu’il laissait commettre publiquement contre Dieu et son Prophète, de sorte qu’il persécuta ceux-ci dès qu’il en fut le maître.
Un Qadi qu’il avait en égorgeait autant qu’il pouvait en attraper, en défendant de les ensevelir pour qu’ils soient mangés par les chiens. Mais cela dura peu et sitôt parti, ils reprirent leurs détestables coutumes mais avec un peu moins de licence.
Moulins
La rivière de Fàs y fait moudre 400 moulins dont chacun a 4 ou 5 roues et qqfois 10, les uns servent pour moudre le blé des maisons, d’autres sont tenus par meuniers et boulangers, qui vendent la farine au détail aux artisans et autres, qui n’ont pas le moyen d’acheter du blé, le reste moud pour les habitants et prend sa mouture en argent ou en farine. Mais le roi prend mi-real à peu près pour chaque mine de blé, même si les moulins ne soient pas à lui. Aussi n’y moud-t-il point, ni sa suite, mais dans Fàs Jadid, où il a 15 moulins, les autres appartiennent aux particuliers, aux collèges et mosquées, mais le roi dit que le domaine de l’eau est à lui.
Qaysariya
Au milieu de la ville, il y a une place fermée de murailles, qu’on nomme la Qayçarya, où sont les boutiques des marchands, et toutes les richesses de Fàs. Elle a 12 grandes portes, avec de grosses chaînes de fer, qui leur servent de barrière, pour empêcher qu’on n’y entre à cheval et contient 15 rues de boutiques. Les deux principales sont celles des cordonniers, qui font des souliers dorés et soyés, les deux suivantes sont les passementiers qui font cordons, houpes, pour pendre aux étrier et poitrail des chevaux avec des harnachement de même matière.
Il y a aussi là plus de 100 boutiques de marchands qui vendent toute sorte d’étoffes de soie, et d’autres pour les ceintures de soie et de laine des femmes, tissus sur de grosses éharpes de fils avec de longues franges au bout ; ces ceintures font 2 tours, puis vont pendre devant à la façon des houpes, ce qui est un grand ornement en, ce pays, et tous les arabes en ont.
Il y a aussi au même endroit quantité de boutiques, où l’on vendde fins draps de laine et des échevaux de soie crue.
La plupart de ces marchands sont des maures d’Andalousie et de Valence.
En d’autres boutiques on vend matelas et oreillers de toile de soie ou de lin et des tapis de cuir doré, enrichis d’or et de soie, dont on se sert comme de napes et on les étend à terre pour manger ou pour s’asseoir en été.
Près de là sont les fermiers qui recoivent le droit de tout ce qui s’y vend.
Il y a aussi une rue pour les crieurs, qu’il appellent “Caguaçadors” (Qawwâç-ador ?) qui débitent tout ce qu’on apporte vendre là et le portent de boutiques en boutiques et ne le livre qu’au marchand qui en donne le plus, mais il est permis au citoyen ou à l’étranger de le racheter dans l’heure au même prix.
Il y a 70 de ces crieurs qui prennent 1 sou par ducat de ce qu’ils vendent et tout passe entre leurs mains […].
Il y a encore au même endroits quantité de boutiques de taileurs, lingers, dont les plus riches sont celles où se vendent les chemises, les mantes, les chausses, et les coiffures de femmes, qui sont de soie et de toile ouvragée, parce qu’il se fait plus de commerce de cela que de tout le reste !
Les frippiers sont en une autre rue où l’on vend les habits d’hommes et de femmes, tant de drap que de soie, vieux ou neufs et le soir on y vend quantité de hardes.
Contre cette rue s’ne trouve une autre ou on vend le vieu linge, des couvertures et des tapis très riches ; et aussi prs boutiques où se vendent gances et boutons.
Tout ça est enclos dans ce lieu qui ets fermé tous les soirs par une homme qui en a cette charge. Cette place a pris le nom de Qaysar (César en langue africaine) parce que les historiens disent que quand les romains étaient maîtres de ‘Afrique, ils avaient en chaque ville une maison de Douane, où l’on resserrait les marchandises et toutes les choses qui leur appartenaient. Et comme il arrivait souvent que lors des émeutes on saccageait cette maison, l’un des César ordonna que dans chaque cité il y aurait un lieu fermé de murailles, où l’on ressererait les marchandises de l’Empereur, avec celles des marchands, afin que les habitants y ayant intérêt, eussent soin d’en empêcher le pillage.
On en voit plusieurs dans les principales villes d’Espagne qui portent encore ce nom
Attarin
A sa porte nord, il y a une belle rue qu’on nomme l’épicerie, qui contient 170 boutiques, de part et d’autre et a deux entrées qui se ferment toutes les nuits, outre qu’on y fait garde, quoi que la Douane des marchands chrétiens ait été transportée depuis au Fàs Jadid, pour plus de sûreté. Parmi ces boutiques il y a prs herboristes qui font des onguents et des remèdes pour ces peuples, lesquels ne sont pas habitués à se purger, ni a prendre médecine, et ne se guérisse que par le feu, la diète et quelques drogues. C’est la plus belle rue qu’il y ait dans Fàs, car les boutiques y sont grandes et bien éclairées et les caisses et boites si bien ordonnées que la vue en est agréable. Tous les artisans et les merciers ont chacun leur quartier séparé.
Il y a 80 études de notaires autour de la grande mosquée, et à chacune 2 bureaux et 2 clercs pour passer toutes sortes d’actes tant en ville qu’en campagne, qui sont ensuite signés par le Cadi, faut de quoi on n’y prend pas garde. Il y a à coté 30 librairies, et plus de 200 cordonniers qui vendent les souliers pour les hommes et les femmes.
Devant la porte ouest de la mosquée, il y a une grande place où se vendent des fruits et à coté une rue ou il y a 40 boutiques de merciers et ciriers, et plusieurs autres de bouquets, que chacun a coutume de porter dans la main. ON y vend aussi des oranges et des citrons, et toute sorte de breuvages frais.
En face sont d’autres boutiques remplies de grandes cruches plombées, où l’on vend le lait, le caillé et le beurre frais ; et plus de 30 autres, où se vend le coton tant filé que non filé. A droite est une autre rue où l’on vend le chanvre et où il y a prs boutiques de selliers et de nattiers.
Devant celle-là il y a prs autres où se vendent bourses et ceintures de cuir garnies de soie de couleur, et une espèce de licol doré pour mener les chevaux sans les brider.
Près sont ceux qui font des brides, poitrails et étrivières,. Plus loin les boutiques de sel et de platre au détail, et encore 100 de verriers, proche sont les éperonniers en plus de 90 boutiques
Auprès de la place de Hâmlîn où abordent tous les jours plus de 300 porte-faix. Et charretiers pour transporter les marchandises, charge qui recquiert la permission du gouverneur et en donnant caution, et qui exempte de la Justice et de tout subside, mais ils ont un consul qui juge leurs différents. Et il y a entre eux une société ou confrérie, une bourse commune, où ils mettent tous le sjours quelque partie de ce qu’ils ont gagné, pour subvenir à leurs nécessités, et faire quelques dépenses en leurs mariages et enterrements.
Un peu plus loin est une autre place où demeure le Préposé des marchands qui met le prix aux vivres et contrôle les poids et mesures. Il a son petit tribunal à part où il rend justice et l’on prend pour cette charge le plus considéré de la cité, aussi est-il plus occupé que le gouverneur. Il y a un grand enclos au milieu de cette place où se vendent toutes sortes d’herbes et de légumes et autour plus de 100 boutiques où se vendent gaufres, beignets saucisses frites et plus de 60 autres de rotisseurs. Tout proche sont plusieurs boutiques de charcutiers où l’on vend de la chair et du poisson cuit, et des gateaux et galettes au beurre, qu’on cuit dans des terrines et qu’on mange avec ces viandes. Devant sont plus de 50 boutiques om on vend huile, beurre, miel, fromage, olives, capres, sucre…
Près de là sont 40 étals de bouchers où on vend au poids la viande au sortir de la tuerie qui ets sur le fleuve. Mais auparavant, on la porte au PdM qui y met le prix et donne un billet de sa main, que le boucher est obliger d’attacher au haut de sa porte tandis qu’il la vend, afin qu’on n’y soit pas trompé.
Passé la boucherie, il y a une autre rue que l’on nomme la Jussia où l’on vend des tapis, des casaques et des étoffes de laine du pays dans plus de 80 boutiques
Plus loin est le quartier des fourbisseur qui vendent épées, poignards, fers de lance.
Après quoi sont les boutiques où l’on vend le poisson frais qui se prend dans le Fàs et dans le grand fkeuvce Sbû, où il y a tant d’alozes qu’elles ne valent parfois pas même un sou/pièce.
Le roi afferme la pêche plus de 20.000 ducats, qui se fait d’octobre à mi-avril.
Nakhkhâlin
Près de là se trouve une place à bonne citerne et autour plus de 40 boutiques où se fabriquent les grandes cages d’osier et de roseau pour engraisser la volaille.
Juste à coté, la savonnerie, qui consiste en plus de 50 boutiques où l’on vend du savon noir, car il n’y en a pas d’autre en Afrique.
Il y a plusieurs autres boutiques répandues dans la ville où l’on vend au détail de l’huile, du miel, du beurre, des épices et du savon.
Devant la dernière place il y en a une autre où l’on vend le blé, l’orge, la paille et la chandelle au gros comme au détail.
Juste après se trouve la lingerie en forme d’un grande halle à 4 portes où l’on vend la filasse, du fil et de la toile. Il s’y fait tous les jours un marché de midi à 2 heure, où il y a une si grande foule de femmes qui viennent pour vendre ou acheter de la toile, qu’on n’oserait s’y promener, et elle se battent souvent entre elles, s’arrachent les cheveux.
Il y a une autre rue qui commence à la porte Ouest de la Grande Mosquée et se rend à la porte par où on va à Fàs Jadîd. Elle est pleine de places et de boutiques où l’on se sert de peaux de bouc pour conserver l’eau. Il y a aussi plus de 50 paneriers et serruriers qui polissent les étriers et autres ouvrages de fer.
En face sont les fabricants de boucliers, qui sont de belles rondaches de peau d’élan, et près de 25 boutiques de blanchisseurs qui ont de grandes cuves où ils font la lessive et rendent le linge blanc comme neige, mais il y en a de telles près de 200 dans toute la ville.
Après sont ceux qui font les arçons de selle et tout auprès le collège de Madrasa, autour duquel il y a plusieurs boutiques de doreurs qui dorent et émaillent étriers, éperons, poitrails, têtières et autres choses de fer très habilement, quoi qu’il s’en fasse de plus riches à Tlamsan.
Devant cette rue il y en a une autre où se trouvent plus de 80 boutiques de fabricants de couvertures de telles à piquer de ces beaux maroquins cousus très habilement.
Toute à côté est la forteresse, qui a des 2 côtés de belles galeries, dont l’une va jusqu’à une des portes de la ville, et l’autre jusqu’à un grand palais où demeure habituellement le plus proche parent du Roi.
Il y a une autre rue vers l’ouest toute proche de l’épicerie, où il y a plus de 40 boutiques de faiseurs d’aiguilles, et 15 autres à côté où l’on fait les peignes, après quoi sont les tourneurs, quoi qu’il y en aient prs autres répandus dans la ville.
Un peu plus loin est une petite place où il y a plusieurs boutiques collées, dans lesquelles on vend farine, balais, savon et autres choses du ménage. Cette place rejoint la halle au lin, déjà mentionnée, et près de sboutiques au coton, il y a une rue qui traverse, où l’on fait des tentes et des pavillons pour la campagne.
Tout proche sont 16 boutiques où l’on vend des oiseaux en cage et des oiseaux à manger.
En ce lieu est un grand palais, où se vendent tous les soirs des Nègres des deux sexes.
Auprès sont les fabricants de chaussures et sandales de marqueterie, couvertes de cuir ou de soie, que les habitants portent en temps de pluie. Et il y en a de si chère qu’elles valent 10 ou 12 écus.
Devant ces boutiques sont 12 autres, de morisques, de Grenade et Valence, qui font des arbalettes. A
Après quoi il y en a 50, où l’on ne fait que des balais de palmiers, que l’on porte vendre dans toute la ville et qu’on échange contre de la cendre, du son, de vieux souliers.
A côté sont 20 autres de cloutiers. Et plus outre celles où l’on fait les cuves, des mesures de bous pour le blé, et les autres choses qui se vendent de même parce que dans Fàs, la plupart des choses se vendent au poids et mesure.
Au-delà il y a une rue qui traverse où l’on vend la laine des peaux de mouton, que l’on conroie et dont on fait des bazannes, à cpté sont les convoyeurs de peaux de vache et de maroquin.
Après quoi sont les boutiques où se font les chapeaux de paille, de palme et de petits paniers de même très ouvragés.
Cette rue aboutit à la chauderonnerie, mais retournant au lieu où l’on fait les cuves, il y a une rue transversale où sont plusieurs boutiques ou l’on fait des cerants et des peignes de fer très pointus, pour le lin et carder la laine.
Après quoi se sont les charrons qui font des charrues et des roues pour charriots, avec d’autres grandes pour les moulins, ou pour tirer de l’eau.
Tout auprès sont les teinturiers, qui ont une belle fontaine, où ils lavent la soie qu’on veut mettre à la teinture. Derrière sont les fabricants de hallebardes, en une grande place fraiche en été, en raison des mûriers qui la couvrent.
Ensuite sont le smaréchaux, et tout ceux qui font des cordes d’arbalettes, er des traits ou matras.
Plus avant de nombreuses boutiques pour les fers de chevaux et lules, et tout auprès ceux qui blanchissent la toile et lui donnent du lustre.
Fàs Andalus :
C’est la première a avoir été peuplée, appelée Al-Balayda, mais pas très peuplée, aussi a-t-elle de beaux et anciens édifices, palais, temples ou collèges, mais il n’y a pas de commerce de soie, et de draps fins, ni autant d’artisans, on y voçit seulement une belle rue où il y a 30 boutiques d’épiciers. La plus grande partie est déserte, particulièrement vers les murailles, où l’on fait de la brique et du verre, mais il y a une grande mosquée, nommée Andalus, qui a devant soi une place pavée de brique, avec plusieurs artisans et merciers. Il y a plusieurs autres places dans toute la ville où l’on vend des vivres.
La manufacture des toiles et soieries est plus impressionnante puisqu’il y travaillent normalement 20.000 ouvriers et plus de 550 maisons, qui ont 2 ou 3 étages tout remplis de toiles et étoffes de soie, sur le métier, sans parler de 150 autres logis, la plupart sur la rivière, où l’on ne fait que coudre ou blanchir du fil, et teindre de la soie. Il y a aussi de grandes places où les esclaves chrétiens vont scier le bois toute la semaine, sauf le vendredi du midi au soir, et 7 ou 8 jours de fêtes solennelles dans l’année. On voit au nord une montagne où se conserve le blé très longtemps dans des souterrains, dont les habitants du quartier ont la garde, contre rétribution des propriétaires. C’est là que sont les jardins et les fontaines de Zingifor […].
Fàs Jadîd et le Mellah
Le nouveau Fàs est dans une plaine sur le bord de la rivière, à plus de 1000 pas du vieux, au sud-ouest, et a un double mur très bien taillé et garni de tours comme une forteresse. Il contient plus de 8.000 hab et a été bâtis par le second roi de Fàs des B. Marîn, qui conquit le royaume de Murraksh sur le dernier Muwahid et transporta le sège de l’empire de Murraksh à Fàs, pour être plus proche du roi de Tlamsan, avec qui il était en guerre continuelle.
Il la nomma la ville blanche, elle est divisée en 3 quartiers :
-Au premier est le palais du roi et celui de ses fils et de ses frères, où il y a de beaux appartements avec des jardins, des bains, des fontaines, pour son divertissement, et toute proche est une grande mosquée très belle.
-Au second sont les écuries du Roi et prs grands hôtels de grands seigneurs, avec une rue, qui s’étend d’est en ouest sur ¼ lieue, où sont les boutiques des marchands et artisans, les places et les boucheries. Il y a dans cet espace prs bains et prs mosquée de belle structure, qui ont couté beaucoup.
-Au troisième, où logèrent les gardes du Prince, qui étaient étrangers et bien appointés, est aujourd’hui la synagogue qui était auparavant dans le vieu Fàs, car comme elle était sujette à être pillée à la mort des rois, on la transporta là pour la sûreté, moyennant double tribut. En ce quartier est une grande place environnée de boutiques, de synagogues et de maisons bien bâties, où les Juifs sont comme dans une ville à part, au nombre de plus de 10.000 : car il y a dans chaque logis 4 ou 5 ménages. La plupart sont de ceux qui furent chassés d’Espagne par les Rois Catholiques, et il y en a quelques uns de riches.
Ils sont régis par une shaykh, gouverneur, qui leur administre la jusitice et réparti ce qu’ils paient au Prince, et afin qu’ils ne soient pas trop tourmentés, il prend a ferme des amendes et impôts qui sont sur leurs marchandises et manufactures, car ils paient un droit de tout ce qu’ils font et vendent, cette nation étant très maltraitée en Afrique.
On leur crache au nez dans les rues, on les frappe, on ne leur permet pas de porter des souliers, si ce n’est quelques uns qui ont habitude près du Roi et des Grands ; le reste n’a que des chaussures de joncn qu’ils sont obligés de quitter en entrant chez le prince, aussi bien que de porter des turbans noirs, et sur le turban ou le bonnet, une pièce de couleur, et même su les habits, pour se différencier.
S’il y en a un de riche, le Roi lui enlève son argent, et lui ôte même parfois la vie, mais ils savent si bien s’entremettre, et sont si intelligents dans les affaires, que le Roi et les Grands leur donnent l’administration de leur revenu, parce que les gens de condition parmi les maures, ne se piquent point d’amasser, et ne s’entendent pas en ces finesses, de sorte que chacun d’eux a un Juif pour son tendant, ce qui sert à les maintenir et leur vaut beaucoup.
Près du palais est la maison de la Monnaie, où demeure celui qui en a l’intendance, et tout auprès l’orfévrerie, et le changeur qui a le coin, et qui pèse l’argent, y met le taux : car on ne peut travailler ni or ni argent dans Fàs, qu’il ne soit marqué auparavant, après quoi il passe pour monnaie de poids.
La plupart des juifs sont orfèvres, qui travaillent dans Fàs Jadid, où ils ont leurs boutiques, et vont vendre leurs ouvrages au vieux, dans une place qui est proche de l’épicerie, car on ne peut travailler ni or ni argent dans Fàs.
Les maures ne se plaisent pas à cet art et s’il y a qq orfèvres parmi eux, ils ne font que des bagues et des pendants d’oreilles, et des grains de chapelers pour les femmes arabes et villageoises.
Enfin, le prince qui a bâtit cette villeneuve y a mis ce qui était nécessaire à une bonne place afin d’y vivre sereinement, lui et ses successeurs, et régir de là le vieu Fàs, où il a fait un chemin sous terre qui conduit à la forteresse, lequel est si largen que 3 chevaux peuvent y aller de front, ce qui lui fut facile alors que l’empire B. Marîn était puissant.
Mais qui remarquera bien ces bâtiments d’Afrique, trouvera que le splus illustres de la MT ont été bâtis et embellis de richesses que ces Infidèles ont transporter d’Espagne.
Il y a dans le nouveau Fàs un grand hôtel où les esclaves chrétiens devaient travailler le fer, (épées, arbalettes, arquebuses, poudre, canon) sous le commandants de renégats de Grenade, d’Andalousie et d’ailleurs, mais le Sharif qui règne aujourd’hui a donné cette maison aux juifs qui y tiennent leurs boutiques d’orfèvrerie et les chrétiens, travaillent ailleurs en divers endroits. Il y avait aussi là un quartier ou vivaient prs chrétiens libres et qq esclaves, qui étaient de bons ouvriers et que le roi traitait bien, et les laissait demeurer là avec femmes et enfants. Il y en a encore prs de ce genre dans Fàs et Murraksh. Tout le reste de ceux qui vivent dans Fàs Jadid sont gens de peu de considération, parce que toutes les personnes riches ou de qualité sont bien aise de n’être pas connues de la Cour, pour être plus assurance, et ne se plaisent pas même à loger des courtisans, ni à marier leurs fille sà la Cour.
[…]
Le roi a continuellement dans FJ 1500 chevaux bien équipés, et 2000 arquebusiers à pied, abec bcp d’artillerie et munitions, dont on n’entretient celle des autres places.
Enfin, toute la force de l’Etat consiste en cette ville, qui se défendrait mal si on l’assiégait aujourd’hui, tant parce qu’on peut la battre et attaquer en divers lieux et de près, et qu’elle manque de boulevards commodes et de plateformes pour mettr el’artillerie, aussi bien que de gens qui sahcent gouverner, que parce qu’il y a quantité de bouches inutiles qui y mettraient bientôt la famine, particulièrement si on se rendait maître du vieu Fàs, comme on pourrait le faire, s’il plaisait à Dieu de réunir les princes chrétiens et de les porter à cette entreprise.
Eaux, jardins, fontaines…faubourgs de voleurs, nouaras comme à Tolèe (importé de la après rupture des canaux ?), tombeaux mérinides et plaques d’albatre gravé à l’or et au fil rouge…
Hopital qui prend la moitié des malades incurables après leur mort, de leur héritage, aucun favoritisme
Justice
Il y a dans le vieu Fàs un Al-Qâid d-al-Açâkif, qui fait sa résidence habituel dans le château, et à l’administration de la Justice aussi bien que de la garde de la ville, car il est Juge absolu tant au civil qu’au criminel, et les amendes lui appartiennent, mais on ne condamne guère les coupables à mort, ou au fouet. Son lieutenant, qui est comme le Prévôt, fait la ronde de nuit et de jour pour prendre les malfaiteurs, et les exécuter. Le principal Faqih de la grande mosquée qui est comme l’évêque, est souverain dans les choses spirituelles et en quelques cas où il ne s’agit pas de mort.
Tous les autres juges mettent la raison de leur sentence dans le dictum, afin que le Mufti, à qui l’on appelle, voit s’ils ont eu raison. Le gouverneur a un autre juge sous lui, nommé Qadi, qui est versé dans leurs coutumes, pour juger les différents entre particuliers, même le mariage, en un mot, tout ce qui est de son ressort, tant au civil qu’au criminel.
Lorsqu’on veut exécuter un homme, s’il n’est pas de condition, on le mène dans les rues les mains liées jusqu’à l’échaffaud, qui est toujours l’endroit le plus fréquenté de la ville. Il crie lui-même tout haut la cause de sa condamnation et ajoute : « voilà ce qu’à mérité celui qui a fait un tel crime ». Alors on le pend par les pieds à un gibet et on lui coupe la gorge, puis on le laisse la un jour ou deux.
Mais si c’est un homme de qualité, on l’égorge dès la prison, et on le mène par les rues chargé en traver sur quelque bête de voiture, en criant la même chose.
Quand c’est pour trahison, on l’égorge par derrière, c’est-à-dire par le chignon du cou et quelque fois on lui ouvre le ventre et on le laisse ainsi jusqu’à ce que mort s’ensuive.
Il y en a qu’on étrangle dans la prison, ou qu’on pend en public, ce qui serait une coutume à ce qu’ils disent que les Goths auraient introduits en Afrique, afin qu’on ne souffre pas tant à la mort.
Si quelqu’un a tué, qu’il ait une partie, on le mène au lieu, et on le met entre le smains du plus proche parent du mort pour en faire ce qui lui plaira. Il le tue à coup de poignard ou de lance et qqfois, lui fait racheter sa vie pour de l’argent, car quand la partie est contente, la justice ne passe pas outre.
Lorsqu’il dénie le crime, on le mène devant le juge, qui lui fait donner une tant de coup de fouet sur le chanps, selon la qualité des preuves, et prend garde que ce ne soit point au flanc ou au creux de l’estomac, ce qui pourrait le tuer. Quelquefois, un homme perd la parole au second coup (cuir de chameau). Après qu’il s’est purgé du crime on le met en liberté, mais le juge le fait donner des coup de fouet pour son droit, et pour celui du greffier, s’il ne se rachète pour de l’argent.
Si l’on fouette quelqu’un pour vol, ou autre crime, c’est d’abord devant le Juge, puis on le mène tout nu par les rues avec une chaîne au cou, et quelques petit tablier devant soi, criant lui-même le sujet de la peine qu’il endure.
La confiscation des criminels appartient au Roi, quand il n’ya point de partie, mais quand il y en a, et que le criminel est pris, one confisque point son bien.
Le Juge prend pour son droit habituellement 15 réal [ou le fouet] s’il ne l’exempte par faveur ou compassion.
[Le Mufti et les juges spirituels n’ont pas le droit à des droits, selon la sunna. ]
[Gouverneur des archers et les 4 al-Wasil qui prostituent des filles mais on l’accepte…]
Il y a un autre juge dans Fàs qui a soin de faire payer les revenus du Roi et kui fournir qqchose tous els jours, il met garde aux portes et partout dans la ville pour la sûreté des impôts , et a juridication sur les marchandises détournées, et sur la contrebande. Mais il ne punit pas en toute rigueur, et se contente de faire pauer le double de ceux qui ont fraudé, ou de fouetter et condamner à la moitié de la valeur de la chose celui qui l’a achetée ou vendue.
Le Roi lève pour droit d’entrée ou de sortie 2% des habs, 10% des étrangers, mais ne prend rien du blé, de l’orge, des bœufs, poules …
Le Roi a 8 maravedis par mouton qu’on tue, et le grand prévôt la moitié.
Il a toujours 12 à 15 archers à sa suite, et visite toutes le splaces et le sboutiques, faisant perser le pain en sa présence et examinant partout poids et mesures. S’il se toruve un défaut, il fait aussitôt donner au coupable quantité de fouet ou de bâton, puis confisque la marchandise et l’envoit à l’hopital.