Le prélèvement opéré par les Arabes d’Ifriqya dans les terres qui leur étaient concédées tenait lieu de Zakât s’ils étaient au service du Sultan mais non pas s’ils étaient en rébellion contre leur Commandeur !
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1. Questions par Abû l-‘Abbas Ahmad “al-Marîd”, en 796 /1394, au sujet des déprédations commises par les Arabes : les Dayalim, Sa’id, Riyâh, Suwayd, Banû ‘Âmir et ceux du Maghib central.
Une dizaine de milliers de Bédouins pillards, cavaliers et fantassins, ou davantage, sévissent impunément, pillant, tuant, violant, sans que les gouverneurs soient capables de les empêcher.
Le Sultan les ménage, leur fait des dons, leur accorde des concessions fiscales et leur abandonne des territoires sur lesquels cependant les caravanes ne fouissent d’aucune sécurité.
Un appel au Jihad a été lancé et une opération dirigée contre eux ; Dieu les a battus et beaucoup ont été tués !
Réponse : Il faut les massacrer, leur faire le Jihâd.
Réponse analogue d’Abu Mahdî ‘Isa b. Ahmad al-Ghubrinî
2. Que doit faire le Sultan qui s’est emparé d’un groupe de bédouins d’Ifriqiya pour la plupart hors-la-loi ?
Réponse. Il est licite de s’emparer de leurs biens !
3. Le Sultan s’empare d’un groupe de Bédouins d’Ifriqiya pour la plupart hors la loi.
Réponse : Il peut confisquer leurs biens
4. Au sujet de la lutte contre les Commandeurs des Arabes du Maghrib central : les Daylam, Sa’id, Riyah, Suwayd et Banû ‘Àmir
Dans notre Maghrib il y a, en comptant les cavaliers et les fantassins, une dizaine ou davantage de mille Arabes qui ne font que razzier, couper les routes, massacrer et piller les pauvres, enlever les femmes. Tel est leur comportement traditionnel.
Non seulement l’autorité du sultan et de son représentant (na’ib) ne peut rien contre eux, mais il leur fait des cadeaux, leur concède des régions qu’ils font administrer par leurs gouverneurs et où ils lèvent l’impôt. Ce qui ne les empêchent pas d’attaquer les caravanes, de piller, de tuer et de violer.
Nous avons ordonné de les combattre et proclamé le Jihâd. La population s’est soulevée contre eux, les a défait et leur a tué beaucoup de monde. Bien des gens prétendument savants nous ont reproché notre attitude pourtant justifiée par tant de textes que nous avons cités.
Une seule défaite ne pouvant suffire à détruire leur puissance, j’ai, me fondant sur maintes autorités, ordonné de poursuivre les vaincus et de les massacrer. J’ai émis I‘avis par fatwa que l’on doit achever leurs blessés et tout ce qu’on leur prend doit être considéré comme butin (Fayy).
Réponses approbatives d’Ibn’Arafa et d’al-Ghubrinî
Version complète
Il existe dans notre Maghreb une troupe d’Arabes, dont le nombre est, entre cavaliers et fantassins, d’environ 10 000 ou plus. Ils n’ont pas d’autre métier que les razzias et le brigandage, au préjudice des pauvres qu’ils tuent et dont ils pillent les biens injustement.
Ils enlèvent par la force et la violence les femmes musulmanes, vierges ou déflorées.
Telle est leur manière de vivre, de père en fils.
De plus, la justice du Sultan ou de ses lieutenants ne peut les atteindre. Bien mieux, le Sultan est trop faible pour leur tenir tête, à plus forte raison pour les repousser. Au contraire, il est obligé d’user de ménagements envers eux, en leur faisant des dons et en leur abandonnant une partie du territoire, où ils substituent leurs ‘āmil-s à ceux du Sultan, qui cessent d’y percevoir les impôts et d’y rendre la justice.
Malgré cela, les caravanes ne sont point en sûreté contre leurs méfaits. Ils ont organisé des incursions contre la ville où nous sommes et ont tué ceux qu’ils ont surpris ou qu’ils ont poursuivis pour les tuer, enlever leurs biens et leurs femmes. Nous avons alors ordonné aux habitants de notre ville de les combattre, en disant clairement que c’est un cas de Jihâd, pour les raisons développées par Mâlik dans la Mudawwana. On se réunit alors pour les combattre ; Dieu les fit fuir et tua un grand nombre d’entre eux.
Cependant, certains ou plutôt tous ceux qui ont des prétentions à la science juridique, dans cette ville-ci, ont désapprouvé notre manière de voir. Nous avons invoqué contre eux les textes de la doctrine, comme le texte de la Mudawwana.
Nous avons cité Al-Bajî, Mâlik, Ibn Al-Qâsim, Ashhab, Asbagh, Sahnûn, qui permettent de tuer les brigands qui viennent attaquer, et même d’achever ceux d’entre eux qui sont blessés. Bien mieux, ils considèrent cela comme un Jihād et même, d’après Ashhab, comme le plus méritoire des Jihâd.
Nous avons également rendu une Fatwâ admettant l’enlèvement de leurs biens et leur attribution comme Fayy au Bait al-Mâl.
Nos contradicteurs ne nous ont pas répondu directement, mais nous avons entendu certaines choses d’un tel.
Nous désirons avoir votre réponse péremptoire sur cette question, car, dans notre Maghreb, il n’y a personne en dehors de vous, — que Dieu conserve votre bénédiction aux Musulmans — à qui l’on doive demander une Fatwâ dans cette question et en qui l’on puisse mettre sa confiance. Que le salut de Dieu très exalté soit sur vous, ainsi que sa
miséricorde et ses bénédictions !
Réponse :
Louange à Dieu !
Tout ce qui a été dit relativement à la guerre que l’on doit faire à ces brigands, au Jihâd qu’on doit leur livrer, à la récompense divine promise à ceux qui les combattent,
au caractère de ce djihâd, plus méritoire que le Jihâd qu’on fait aux infidèles qui n’ont pas attaqué les premiers, les Musulmans, — tout cela est exact ; aucun Musulman ne doit le contester. Il est également exact qu’il est permis de s’approprier leurs biens, de les poursuivre dans leur fuite et de les achever.
Ne peut douter de ces décisions que celui qui est noyé dans l’ignorance et qui s’obstine à ne pas reconnaître la vérité. Or, je considère cela comme un kufr (impiété) de la part du contradicteur, car il renie ce dont la connaissance résulte nécessairement de la religion. Il faut, toutefois, qu’il ait su que ces rebelles sont tels qu’ils ont été décrits ici.
Au demeurant, Dieu le sait mieux que personne.