Qasbat-Bny Mlâl, qui porte aussi le nom de Q. Bl-Kûsh, est une petite ville d’environ 3000 hab dont 300 israélites. Elle est construite au pied même de la montagne, sur une côte douce qui joint celle-ci à la plaine ; de superbes jardins tapissent cette côte ; vers le nord, ils s’étendent fort loin ; au sud, ils s’arrêtent breusquement devant une falaise de pierre qui se dresse à 1 km de la ville. Au pied de cett muraille jaillissent, du sein du rocher, les sources qui arrosent Qasba Bny mlâl : les eaux en sont d’une pureté admirable et d’une abondance extrême : on les a réparties en 6 canaux, chacun d’eux forme un ruisseau de 2 m de large et de 30 cm de profondeur ; ensuite, elles sont distribuées à chaque maison, chaque clos, par une foule de petit conduits courant en toutes directions. Bien que ces eaux forment un volume total considérable, elles se perdent dans les jardins de la ville et dans la plaine du Tâdla, sans atteindre l’Ûmm Ar-Rby‘a, à leur confluent naturel. […] ce n’est qu’en hiver que leurs lits se remplissent et qu’ils gagnent […les 4 ouad-s].
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Deux Qâ’yd résident ici, ce sont des qâ’yd in partibus, comme ceux des Zayan et de Qasba-t At-Tâdla, cependant le sultan avait en ce lieu, il n’y a pas longtemps, un parti assez nombreux : il s’était produit un fait que j’ai remarqué dans d’autres contrées insoumises, surtout, dans celles qui étaient riches et commerçantes. Une partie de la population, considérant les obstacles que l’anarchie mettait à la prospérité du pays, songeant aux dévastations continuelles de leurs terre,n résultat des guerres avec les tribus voisines, regardant combien le trafic était difficile à cause du peu de sûreté des routes, s’était prise à désirer un autre régime, à souhaiter l’annexion au blad al-makhzin. Ces idées étaient depuis quelques temps celles d’un tiers des habitants de QBM. Les autres restaient attachés à leur idnépendance et rejetaient toute pensée de soumission. Sur ces entrefaites, il y a 5 mois environ, Mawlay Al-Hasan, à al tête d’une armée, envahit le Tâdla. Il arrive devant QBM : à son approche, tout ce qui lui était hostile abandonne la ville et se retire dans la montagne ; le parti du sultan reste, et lui encoie une députation l’assurer de son dévouement. Comme réponse, il impose les Bny Mllâl de 10 000 ryal, les présents paieront pour les absents. Inutile d’ajouter qu’aujourd’hui il n’y a plus de parti du makhzin dans la Qasba.
[…] en 1882, prs tribus du haut Sûs se sont, de leur proproe gré, soumises au sultan. Mais partout le dénouement est le même : on en tarde pas à s’apercevoir que le makhzin n’est rien moins que le gouvernement rêvé : pas plus de sécurité qu’auparavant : les voleurs plus nombreux que jamais ; enfin, les rapines des Qâ’yd ruinant le pays en un an plus que ne l’eussent fait 10 années de guerre. Aucun bien ne compense de grands maux. Aussi, cet état ne dure-t-il pas. Après 2 ou 3 ans de patience […] voyant qu’il n’y a rien à espérer, on secoue le joug et on reprend l’indépendance.
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Tous les ans, le sultan se met à la tête d’une armée et part pour guerroyer dans quelque portion du Maroc : ces campagnes ont pour but tantôt d’amener à l’obéissances des fractions insoumises, tantôt de lerver des contributions de guerre sur des tribus trop puissantes pour être réduites, mais trop faible ou trop désunies pour pouvoir empêcher une incursion momentanée sur leur territoire.
C’est une expédition de cette catégorie, simple opération financière, que Mawlay Al-hasan vient de faire dans le Tâdla. La méthode qu’il suit dans ces occasions est invariable : il marche pas à pas, de tribu, offrant à chacune, en arrivant à elle, le choix entre deux choses : pillage du territoire, ou rachat par une somme d’argent.
Dans cette alternative, prenant de deux mots le moindre, on se décide souvent à acheter la paix au prix demandé : c’est ce qu’espère le Sultan.
Mais parfois, il éprouve des mécomptes : à certains endroits, on lui résiste, avec succès même, témoin les Ghyata.
Dans le Tâdla, on prit un 3è parti, qui fut pour lui la source de la plus amère déception : à son approche, les tribus, toutes nomades, se contentèrent de plier bagage et de se retirer, qui dans les montagnes de Ayt Sary, qui dans celles des zayan. Là, elles étaient à l’abri, le sultan resta seul avec son armée, errant au milieu de la plaine déserte. Sa campagne fut désastreuse ; il ne put que tirer qq argent des petites qasba éparses de loin en loin dans le pays, maigre rentrée pour un grand déploiement de forces. « Fatigue sans profit », c’est ainsi que les habitants qualifient cette expédition.
Voici quel fut l’itinéraire de Mawlay Al-hasan :
Parti de Murrakush au printemps, il gagna d’abord Zawya Sidi Bn Sasi puis successivement, Al-Qantra (affluent du tensift), Mawlay Bû ‘Azza