La ‘Anaya ou Mzrag (lance) suffit pour un étranger en transit, s’il veut rester ne serait-ce qu’un mois, il demande, à titre perpétuel, la protection d »’un personnage de la tribu : cela s’appelle dbeh 3alih (immoler un mouton sur le seuil de l’homme à qui on demabnde son patronage). Protection de la perosinne et de sbiens contre une redevance annuelle légère.
[…]
Tant de Saints, morts et vivants, prouvent une population pieuse ; en effet, les Haratîn de Tisint sont dévôts, formant contraste en cela avec les autres musulmans de la contrée, et surtout avec ces « païens » d’Arabes, comme ils appellent les nomades voisins.
A Tatta, à Aqqa d’une part, chez les Znâgâ de l’autre, personne ne fait le Haj, personne ne sait lire, si ce n’est un petit nombre de marabouts ; personne ne dit régulièrement les prières, beaucoup ne les savent pas. Le seul acte religieux qu’on fasse est de donner quelque argent à des Zawya ; encore ne leur apporte-t-on point : il faut que les rleigieux aillent eux même quêter en chaque village. Chez les nomades des Ida w Blal surtout, c’est pis : on a beau venir chez eux, ils ne donnent rien ; si les marabouts insistent, ils les traient de fainéants et les renvoient en se moquant d’eux, leur parle-t-on du Haj ? Ils répondent qu’ils ne vont qu’où il y a de l’argent à gagner ; quant à lire et à écrire, pas un homme ne le sait dans la tribu, prier, ils n’y ont jamais pensé. A Tisint, au contraire, peu de gens jouissant d’un peu d’aisance qui ne portent le titre de Haj. Faire le pèlerinage est l’ambition de tous les habitants. Il faut 1000 à 1500 fr pour cela, grosse somme dans le pays : ils travaillent sans relâche jusqu’à ce qu’ils l’aient acquise ; l’ont-ils ? Les voilà partis pour Tanger, de là pour la Mekke. Prodige plus rare, quelques uns savent lire. C’est la première fois qu’en dehors des villes et des Zawya je vois des Marocains lettrés. […] Avec cette piété, il ne peut régner pour les marabouts qu’une libéralité et un respect extrême : couvents et religieux ont fleuri de toutes parts sur un sol si propice.
Comme partout au sud du Bani, la plupart des constructions sont en pisé ou en briques séchées au soleil ; quelquefois, dans les maisons pauvres, les parties basses sont en pierre ; les demeures riches sont tout en pisé. Cette dernière matière est la seule estimée du pays. Pour les charpentes, on se sert de poutres de palmier.
Les maisons ont un rez-de-chaussée, un premeir étage et une terrasse ; chacune possède une cour intérieure. Quelques rares bâtiments sont blanchis ; la chaux est en général réservée aux Qubba. Les rues sont étroites, à tel point que dans la plupart, le smulets ne peuvent passer chargés ; elles sont en grand epartie couvertes. […]
Les costumes sont les suivants. Au lieu de chemise, on porte une qishshaba de cotonnade indigo (khenî : appelé en France Guinée, une étoffe de coton indigo, fabriqué en Angleterre et qui vient par mogador ; c’ets la contrefaçon d’une etoffe de même teinte, mais beaucoup moins meilleure, qui se confectionne au Soudan. Cette dernière, aussi solide comme tissu et comme couleur que l’autre l’est peu, a une valeur plus grande : l’élévation de son prix en fait un objet de luxe réservé à quelques shykhs et marabouts. Une qishshaba d’étoffe du Soudan se paie environ 60 fr ; en khenî ordinaire, elle coûte 5 ou 6 fr) : morceau d’étoffe, de 2 à 2,5m de long sur 1 à 1,2m de marge, au milieu duquel est pratiqué une fente longitudinale où l’on passe la tête ; les deux pans de la pièce tombent naturellement, l’un devant, l’autre derrière ; point de coutures, on se contente de nouer ensemble les coins des pans dans le bas, à droite et à gauche ; le côté reste nu. La plupart du temps, on n’a qu’un qishshaba ; quelques riches en mettent deux, la seconde étant en coton blanc (shan).
Par-dessus ce vêtement, les uns portent le hayk de laine blanche, d’autres le burnûs, parfois blanc, le plus souvent brun (khaydûs), quelques uns le khanîf. On s’entoure la tête d’un étroit turban de khenî ou, plus souvent, on reste tête nue. Aux pieds on a des belgha jaunes, au bras quelque amulette, au cou un cordon de cuir où sont pendus 4 objets : une pipe à fourneau en bois noir du Soudan, un poinçon pour al nettoyer, une pince pour saisir la braise et allumer, enfin un sachet de cuir pour le tabac ; ces sachets, appelés bît, tous du même modèle, sont apportés de Timbûktû.
Ici tous les hommes fument, nomades et sédentaires, les riches dans des pipes, les pauvres dans des os creux. Trois espèces de tabac viennent d’Wâd Nûn, du Draa et du Twât. Celle d’Wâd Nûn est ola plus estimée. Les unes et les autres se vendent par feuilles entières et au poids. Personne ne prise, sauf les juifs.
Le costume comporte une dernière pièce, qui couvre tour à tour diverses parties du corps : c’ets le caleçon. Il est de khenî et descenc au dessous du genou. Les riches seuls le possèdent. A l’intérieur des qusûr, ils le portent comme se porte d’ordinaire ce vêtement. Sortent-ils, ont-ils une marche à faire ? Ils l’ôtent, sous prétexte qu’uil gêne le smouvements, et se l’enroulent autour de la tête comme renfort de turban.
[…] Parmi les nomades, les Ida w Blal se distinguent par leur façon de porter les cheveux : alors que les autres Marocains qu j’ai vus les rasent où les tiennent courts, beaucoup d’Ida w Blal les laissent pousser et gardent une chevelure longue de 10, 15 et 20 cm.
[…]Les femmes s’habillent d’une manière identique chez les Haratîn. Leur vêtement ets le même que dans le reste du maroc, uen pièce d’étoffe unique attachée sur le sépaules et retenue à la ceinture ; le tissu, au lieu d’en être comme auparavant de cotonnade blanche ou de laine, est de khent. Un voile court, en khent, complète le costume ;elle s’en couvrent le visage devant le shommes, lorsque leurs pères ou leurs maris sont présents ; hors de la vue de ces derniers, elles ne le mettent pas. Elles se peignent peu la figure et ne se tatouent point, la coutume du tatouage est à peu près inconnue au Maroc. Comme bijoux, elles ont de grosses boucles d’oreilles d’argent, des agrafes de même métal, un grand nombre de colliers où l’ambre domine, mêlé de miel, de pièces d’1 et de 2 fr, de grains de verre et de corail, puis des diadèmes argent et corail, des bracelets de corne, enfin, quelques bagues d’argent. Pieds nus d’ordinaire, elles mettent pour sortir les belgha rouges de toutes les Marocaines.
[…] Les fusils sont de 2 sortes : les uns appartiennent au type en usage chez les Glawa, à taznakht, etc… ; les autres sont des armes à 2 coups de fabrication européenne. Ces derniers sont des fusils de chasse, à pierre, des années 1780-1820 qu’on exporte du Sénégal, ils en viennent par terre, apportés par els caravanes du Sahel (atlantique).
[…] Le plus souvent, pour se délivrer de ces difficultés, les habitants des qusûr font des arrangements avec des nomades et leur confient leurs chevaux et leurs moutons : les nomades se chargent de les nourrir, en ont al jouissance et, au premier signal, doivent les ramener au propriétaire. Quant aux nomades, ils ont chameaux, moutons, chèvres et qq chevaux.
Dans els qusûr de la région, la nourriture de shabitants est la suivante : le matin le Hsw, vers 11 heure, la 3asîda, le soir le Ta3m avec des navets.
Hsw : (algérie : mdishsha)sorte de potage où entrent de l’eau, un peu de graisse ou d’huile et une poignée de farine d’orge ; il se mange à la cuiller
3asîda : est une bouillie épaisse ayant la consistance du Ta3am ; elle est faite de farine d’orge, ou de maïs cuite avec un peu d’eau ; au milieu, on verse de l’huile ou du beurre fondu.
Ta3am : connu ailleurs sous le nom de Kuskusû, ici, il se fait avec de l’orge.
[…pas de viande]
A l’entrée des invités, on offre une corbeille de dattes ; de même avant le Ta3am du soir.
Si la maison est riche et qu’on reçoit des gens de qualité, on sert le matin, au lieu de Hsw, des galettes (batbut) chaudes avec du miel de dattes (Les dattes se conservent dans de grandes jarres de terre d’environ 1,2m de haut : les couches supérieures, pesant sur els autres, les écrasent peu à peu ; il s’en exprime un jus très sucré, de la couleur et de la consistance du miel ; on le recueille en pratiquant au bas du récipient une petite ouverture par laquelle il s’échappe); s’il y a du lait, on le boit vers 3 heure, en mangeant des Bû Ittub ou des Bû Fggûç, ce qui fait une sorte de goûter ; on fait le thé deux fois apr jour, avant le repasd du matin et avant celui du soir ; enfin, on sert de la viande avec le Ta3am.
[…]
[…] A présent plus de vestiges de ce commerce du Soudan, cuirs, étoffes, bougies de cire jaune, or, y revenaient de Timbûktû en abondance. C’est pas hasard et de loin en loin qu’on voit quelque objet du pays des noirs. Il en est de même à tatta et Aqqa : autrefois, avant que Tindûf n’existât, ces oasis étaient des points d’arrivée des caravanes du Soudan. Depuis 30 ans que Tindouf est fondée, tous les convois du sud s’arrêtent à cette localité ; delà, les marchandises prennent le chemin direct de Mogador, par le Sahel et les Shtûka[…].
p.134 : Les habitants de Tisint et tous les sédentaires de la région emploient la langue Tamazight. La plupart d’entre eux possèdent, par suite de leurs rapports avec les nomades voisins, une teinture d’arabe. Les femmes et les enfants ne connaissent que le Tamazight. Les hommes apprennent l’arabe à mesure qu’ils grandissent ; ils le savent plus ou moins : les pauvres sans cesse occupés de travaux manuels, peu ; les riches, davantage, grâce au commerce et aux affaires quotidiennes avec les nomades. Les principaux citoyens le parlent couramment. Pour ce motif, le tamazight en usage est moins pur qu’il n’était à Taznakht et chez els Znâgâ ; des mots arabes s’y sont introduits, surtout dans la conversation des hommes, les femmes ont mieux conservé les anciennes expressions.
Marabout de Mrimina :
De là des voyages continuels qui constituent pour les religieux un travail régulier ; ils appellent cela « aller bénir ». Chaque année, Si Abd Allah va en personne dans le Sahel et dans le Draa bénir et recueillir les tributs […]
Malgré ces revenus, la Zawya ne semble pas riche (mauvais vêteents et mobilier et immobilier « une mule est l’unique bête de somme de la Zawya) ces offrandes sont presque toutes en nature, quelques dattes, orge pour les tributs du Sahara, en blé et en huile pour celles de la montagne […] SAA nourrit une infinité de neveux, de cousins, de parents ayant les même ancêtres que lui […] il y a encore les hôtes, le nombre des étrangers qui reçoivent chaque jour l’hospitalité est considérable, point de jours ou il n’y en ait 15 ou 20 […] gens du Draa qui vont acheter des dattes dans les oasis de l’ouest, cavaliers qui reviennent de ghazw, députations qui se rendent dans qq tribus voisines, voyageurs de toutes conditions et de tous pays…
KIF :
[…] tous portent un gros chapelet, apanage des religieux d’ici, […] tous ont doit au baisemain des musulmans […] nous trouvons parmi eux le kif, cet apaage des shurfa et des mrabtîn, ils le fument en l’arrosant de grands verres d’eau de vie, que leur fabriquent les juifs de Tintazart et du Draa, à Tisint, et à Tatta, 4 ou 5 personnes fumaient du Kif, c’étaient des shurfa originaires du Tafilalt, on les reconnaissait à la petite pipe spéciale qui se balançait à leur cou.
Femmes qui se cachent le visage
Citernes du Sous
Isaffen, Iberqaqen
Shtouka, Ilalen, Haha et Qsima (comprennent l’arabe)…
Le nom du Shykh[…] signifie l’homme le plus riche du hameau, tout petit centre, fût-il de 3ou 4 maison a son Shykh, il ne s’ensuit pas que cet individu soit un grand personnage, dans le blad al-makhzen, ces shyûkh sont nommés ou acceptés par les Qâ’id […].
La principale de ses forêts s’appelle Targant n Ûwudmîn, elle est célèbre pour ses serpents, les Ayssawa y viennent de loin en faire leurs provisions.