Pendant ma route, j’ai remarqué sur les pentes de l’Atlas, soit isolées, soit dominant des villages, un grand nombre de constructions semblables à de petites Qasba, à des châteaux, c’est ce qu’on appelle des Tighremt (Tîghrmatîn). La forme ordinaire en est carrée, avec une tour à chaque angle ; les murs sont en pisé, d’une hauteur de 10 à 12 m. ces chateaux servent de magasins pour els grains et les autres provisions. Ici tout village, toute fractio a une ou plusieurs tighremt, où chaque habitant, dans un local particulier, dont ila la clef, met en sûreté ses richesses et ses réserves. Des gardiens sont attachés à chacune d’elles.
Cettes coutume des châteaux magasins […] est universellement en usage dans uen région étendue : d’abord dans les massifs du Grand et Moyen Atlas, sur els deux versants, depuis Qsabî Ash-Shurfa et les Ait Yûsî jusqu’à Tizi n Glawi, puis sur les cours tout entiers de l’Ouad Dra‘a et de l’Ouad Ziz, aisni que dans la région comprise entre ces fleuves. A l’ouest de Tizi n Glawi et du Dra‘a règne une autre méthode, en vigueur dans la portion occidentale de l’Artlas et du sahara, de l’Ouad Dra‘a à l’Océan : celle des agadir. Là, ce n’est plus le village qui réunit ses grains en un ou plusieurs châteaux, c’est la tribu qui emmagasine ses récoltes dans un ou plusieurs villages. Ces villages portent le nom d’Agadîr. Vers Taznakht, je les verrai, sur ma route, remplacer les Tighremt. Dans la première région, chaque hameau, en temps d’invasion, peut opposer séparément sa résistance ; dans la seconde, la vie de la tribu entière dépend d’un ou deux points : dans l’une, j’aurai chaque jour, le spectacle d’hostilités de village à village ; dans l’autre, ce n’est qu’entre grandes fractions qu’on se fait la guerre.