Pour se rendre de Târûdant du Sous à la ville d’Aghmât-Ûrîka, on passe au pied de la grande montagne de Daran, remarquable par sa hauteur, par la fertilité du terrain, par le grand nombre d’habitations dont elle est couverte et par son étendue ; elle se prolonge en ligne droite vers l’orient, depuis le Sous occidental, sur les bords de l’océan, jusqu’aux montagnes de Nafûsa, où elle se nomme Djabal Nafousa ; elle se confond ensuite avec la chaîne des montagnes de Tripoli, au bout de laquelle le terrain devient tout à fait plat.
Plusieurs personnes assurent cependant que cette montagne s’étend jusqu’à la Méditerranée et qu’elle se termine par le cap Autsân. Quoi qu’il en soit, elle produit toute sorte de fruits et est couverte toute espèce d’arbres rares. Des sources d’eau y jaillissent de toutes parts et ses flancs sont embellis par des plantes toujours vertes. Sur les points culminants, on trouve plus de soixante-dix citadelles ou châteaux.
Parmi les fruits que produit la montagne de Daran, on compte quantité de figues d’une douceur et d’une grosseur extraordinaires ; des raisins de forme oblongue, d’un goût sucré (mielleux) et presque toujours sans pépins ; séchés, ces raisins prennent place parmi les meilleures confitures sur la table des rois du Maghrib, parce que la peau en est tendre et que leur usage est aussi salutaire qu’agréable. Il s’y trouve également des noix et des amandes. Quant aux coings et aux grenades, l’abondance en est telle que, pour un kirât, on peut s’en produrer une charge
Les prunes, les poires, les pêches, les citrons et la canne à sucre sont tellement abondants, que les habitants n’en font entre eux aucun commerce ; ils possèdent en outre l’olivier, le caroubier, le moshtahâ, et diverses autres espèces d’arbres, parmi lesquelles on remarque celle qui s’appelle