Théodose évacue Césarée, prend Sugabar, déporte des soldats ralliés aux rebelles, Gildon f. Nubel lui fournit Belles, princ. Maziw- et un préfet qui sont lynchés ; Théodose marche sur Gaiona-, Tingi- et écrase les Mazik et les Muson-, alliés de Firmus, qui, avec sa sœur financent une coalition qui repousse romains et Mazik- de Addense à Tipasa ; Baiwr-, Bawar-, Kantawr-, Kafaw- sont fédérés à Rome contre Firmus, cette armée échoue, il se replie dans la montagne des Kaprar-.
(20) Sur cet avis, Théodose évacua Césarée et vint occuper la petite ville de Sugabar, située à mi-côte du mont Transcellensis. Il s’y trouvait des archers de la quatrième cohorte, qui avaient combattu dans les rangs du rebelle. Le général fit preuve d’indulgence en se contentant de les dégrader et de les renvoyer à Tigavia, où il relégua également une partie de l’infanterie constantienne avec ses tribuns, l’un desquels avait placé son collier, en guise de diadème, sur la tête de Firmus.
(21) Sur ces entrefaites arrivèrent Gildon et Maxime, amenant avec eux Belles, l’un des principaux Mazives, et le préfet Férice, qui tous deux avaient fait cause commune avec l’auteur des troubles (LACUNE).
(22) L’ordre fut exécuté ; et à son lever, comme le jour venait de paraître, Théodose vit les coupables gardés au milieu des rangs. S’adressant alors à l’armée :
“Mes amis, s’écria-t-il, que méritent, à votre avis, les traîtres que vous voyez?”
Déférant ensuite au cri général qui demandait leur mort, il livra, selon l’antique usage, les déserteurs constantiens aux glaives des soldats. Quant aux archers, leurs chefs eurent les mains coupées; le reste fut mis à mort. Une sévérité semblable avait jadis été exercée par Curion contre les habitants de Dardanie, ce chef énergique n’ayant trouvé que ce moyen d’en finir avec l’esprit de révolte, qui renaissait chez eux comme les têtes de l’hydre de Lerne.
(23) Des détracteurs de Théodose se sont emparés de cet acte de rigueur Pour le blâmer avec amertume, tout en exprimant leur approbation de l’antécédent. Les Dardaniens, disaient-ils, étaient nos ennemis mortels; contre eux toute extrémité devenait légitime: mais des soldats qui avaient marché sous nos drapeaux n’eussent pas dû subir un pareil traitement pour une première faute. Je répondrai à ces censeurs (ce qu’ils savent peut-être aussi bien que moi) qu’il s’agissait moins de punir cette cohorte que d’en faire un exemple.
(24) Théodose fit mourir aussi Belles et Férice. Curandius, tribun des archers, eut le même sort pour avoir refusé d’aller au combat, et même d’engager sa troupe à combattre. Le général, en ce moment, se souvenait du mot de Cicéron :
“J’aime mieux une rigueur salutaire qu’un vain étalage de douceur.”
(25) Théodose, en quittant Sugabar, alla renverser à coups de bélier le domaine dit de Gaionas, qui, par sa ceinture de fortes murailles, formait le plus sûr repaire des Maures. Il nivela ses murs au sol, et passa tout ce qui s’y trouvait au fil de l’épée.
De là il gagna le fort de Tingis par le mont Ancorarius, et tomba sur les Mazices rassemblés sur ce point. Ceux-ci nous accueillirent d’une grêle de traits;
(26) mais, tout belliqueux et robustes qu’ils sont, ils durent céder à la supériorité de notre discipline et de nos armes. Le champ fut bientôt jonché de leurs cadavres; le reste tourna le dos, et fut encore taillé en pièces dans sa fuite. Un petit nombre cependant parvint à s’échapper, et plus tard obtint l’amnistie que la politique exigeait qu’on lui accordât.
(27) Sugges, leur chef (LACUNE) avait succédé à Romain. Théodose l’envoya placer des garnisons dans les villes de la Mauritanie Sitifienne, afin d’assurer la province contre les chances d’une invasion. Puis, avec une confiance inspirée par ses précédents succès, il se porta contre les Musones, tribu de pillards et d’assassins, que la conscience de leurs crimes avait entraînés dans le parti de Firmus, au moment où l’avenir semblait ouvrir à ce dernier une chance certaine d’agrandissement.
(28) À quelque distance de la ville d’Addense, Théodose fut informé qu’il se formait contre lui une coalition terrible de peuplades différentes d’habitudes et de langage; tempête que lui suscitaient les instigations et les brillantes promesses de Cyria, soeur de Firmus. Cette princesse disposait d’immenses trésors, et montrait toute l’obstination de son sexe dans ses efforts pour soutenir son frère.
(29) Théodose réfléchit alors sur l’extrême inégalité de ses forces: il n’avait que 3500 hommes, et c’était risquer sa perte et celle de cette poignée de soldats que de les commettre avec une telle multitude. Brûlant de combattre et rougissant de céder, il opéra néanmoins avec lenteur un mouvement en arrière, que changea bientôt en pleine retraite l’impétuosité des masses qu’il avait devant lui.
(30) Enflés de cet avantage, les barbares le poursuivirent avec fureur (LACUNE) Il se vit enfin réduit à accepter le combat; et c’en était fait de lui et des siens, quand tout à coup l’épaisse nuée d’ennemis qui l’environnait s’ouvrit à l’approche d’un corps d’auxiliaires mazices précédés de quelques soldats romains, et laissa passer nos bataillons enfermés.
(31) Théodose put ainsi gagner sans être entamé le domaine de Mazuca, où il fit encore un exemple de quelques déserteurs. Les uns furent brûlés vifs; les autres eurent, comme les archers, les mains coupées. Au mois de février suivant, il était sous les murs de Tipasa.
(32) Il occupa longtemps cette position, où il mit en oeuvre une tactique qui rappelle celle de Fabius le Temporiseur ; éludant sans cesse tout engagement sérieux avec un ennemi terrible par son acharnement et son adresse aux armes de trait, et attendant le moment de tomber dessus avec avantage.
(33) D’habiles émissaires pendant ce temps parcouraient en son nom le pays des Baiures, des Cantauriens, des Avastomates, des Cafaves, des Bavares et autres tribus circonvoisines, employant, pour obtenir leur concours tantôt l’argent, tantôt les menaces, et tantôt la promesse du pardon des excès précédemment commis (LACUNE), procédé employé avec succès par Pompée contre Mithridate.
(34) Firmus vit alors sa perte imminente; et, ne se fiant plus dans la protection de ses nombreuses forteresses, il abandonna les salariés qu’il avait réunis à force d’argent, pour chercher, à la faveur de la nuit, un refuge dans les gorges inaccessibles des monts Caprariens.