Il y arriva au mois de Rabi II 124/mars 742, et il n’avait encore séjourné que peu de temps à Qairwan, lorsque Okasa le safrite s’y rendit dans l’intention de l’attaquer, avec une telle multitude de Berbers, que jamais pareil rassemblement ne s’était vue en Afrique.
Ce fut après sa défaite qu’il parvint à former cette nombreuse armée, dans laquelle toutes les tribus des Berbers se trouvèrent réunies.
En même temps, un autre corps très considérable s’avança sous les ordres d’Abd al-Wahid Ibd Yazid, de la tribu berbère de Hawara, pour attaquer Hanzala.
Ces chefs rebelles partirent tous deux à la fois de la province du Zab : Okasa, en prenant la route de Majjana, pour se rendre à al-Qarn, et Abd al-Wahid en suivant le chemin des montagnes, pour se porter sur Tabînas.
[…]
Lorsqu’Abd er-Rahman se trouva en possession du pouvoir, beaucoup d’Arabes et de Berbers se soulevèrent contre lui.
‘Urwa ibn az-Zubayr as-Sadfi se révolta et s’empara de Tunis ; puis, les Arabes établis sur les bords de la mer (as-sazuz) se mirent en état d’insurrection. Ibn Attaf al-Azdi vint prendre une position menaçante à Tabinas ; les Berbers se soulevèrent dans les montagnes ; Thabit as-Sanhaji suscita une révolte à Baja et se rendit maître de la ville ; enfin, deux hommes, berbers de race et kharidjites de religion, l’un nommé ‘Abd el-Jabbar, et l’autre Al-Harith, prirent les armes aux environs de Tripoli.
Abd ar-Rahman marcha en personne contre eux tous, les défit les uns après les autres, soumit à l’obéissance le Maghrib entier et humilia l’orgueil de toutes les tribus ; son armée fut toujours victorieuse, rien n’arrêta le progrès de ses étendards, et la terreur qu’il inspira fut partagée par tous les habitants du Maghrib.
Il envoya ensuite des présents à Marwân ibn Muhammad, accompagnés d’une lettre dans laquelle il attribua à Hanzala des méfaits dont il ne s’était jamais rendu coupable, et il reçut de ce khalifa, en réponse, sa nomination au gouvernement du Maghrib et de l’Espagne.