‘Abd al-Malik fut très affligé de la mort de Zuhayr, laquelle avait tant d’analogie avec celle de ‘Uqba ; mais la sédition d’Ibn az-Zubayr l’empêcha de s’occuper des affaires de Qayrwan. Ce ne fut qu’à la mort de ce dernier, qu’il y envoya comme gouverneur Hasan Ibn an-Nu‘man, de la tribu Ghassân.
[…prise de Carthage…]
Les musulmans en avaient détruit tout ce qu’ils avaient pu, quand leur général apprit que les Romains et les Berbers s’étaient l’assemblés à Satfura et Benzert. Il alla aussitôt les attaquer et il en tua un grand nombre : les musulmans s’emparèrent de leur territoire, et il ne resta plus une seule de leurs places fortes qui n’eût pas été soumise. Les habitants de la province d’Afrique en furent frappés de terreur ; les Romains mis en déroute se réfugièrent dans la ville de Baja, et les Berbers dans celle de Ibuna.
Hasan retourna ensuite à Qayrwan pour prendre du repos et en donner à ses troupes.
Hasan demanda alors quel était le prince le plus puissant qui restait encore dans la province d’Afrique ?
On lui désigna une femme qui gouvernait les Berbers et qui était généralement connue sous le nom d’al-Kahina. Elle demeure, dirent-ils, à Mont Auras ; elle est d’origine berbère, et depuis la mort de Quçayla les Berbers se sont ralliés à elle.
Cette femme prédisait l’avenir, et tout ce qu’elle annonçait s’accomplissait. On lui parlait encore de la puissance qu’elle exerçait, en l’assurant que la mort de cette femme mettrait un terme aux révoltes des Berbers.
Hasan se mit aussitôt en marche pour aller la trouver ; mais à la nouvelle de son approche, la Kahina fit démolir le château de Baghaiya, dans la pensée que c’était à la possession des forteresses que le général musulman visait. Hasan s’avança pourtant contre elle sans se soucier de ce qu’elle venait de faire, et il lui livra bataille sur le bord de la rivière Nînî.
Après un combat acharné, les musulmans furent mis en déroute ; un grand nombre d’entre eux perdit la vie, et plusieurs des compagnons de Hasan furent faits prisonniers. La Kahina les traita honorablement, et les renvoya tous, à l’exception de Khalid Ibn Yazid de la tribu de Qays, homme éminent par son rang et par sa bravoure, qu’elle adopta pour fils. Dans sa retraite, Hassan évacua la province d’Afrique, et écrivit à Abd al-Malik pour l’informer de sa position.