Le maître de la Sicile et de l’Ifriqiya, dans le Maghreb, avant l’islamisme, s’appelait Jarjis ;
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La mer du Maghreb, dans le voisinage des côtes du Soudan et de l’extrême Occident, offre beaucoup de particularités remarquables. Un savant qui s’est adonné à l’étude de la géographie prétend qu’il ne faut pas moins de 7 ans de marche pour parcourir l’Abyssinie et tout le Soudan ; que l’Egypte n’est que la 60ème partie du Sûdân, qui n’est lui-même que la 60ème partie de la terre ; enfin qu’on ne peut mettre moins de 500 ans pour parcourir la terre, dont 1/3 est cultivé, 1/3 désert et sans habitations, et 1/3 couvert par les eaux.
Les confins du « pays des Sûdân (Noirs) nus » touchent au royaume d’Idris b. ‘Abd-Allah b. Hasan b. Husayn b. ‘Ali b. Abî Talib, dans le Maghreb, savoir : les territoires de Tlimsan, de Tahart et d’al-Fas.
Ensuite vient le pays de Sûs-al-Adna, qui est distant de Qayrawan d’environ 2300 milles, et d’environ 20 journées de marche de Sûs al-Aqça, sur un parcours constamment fertile et cultivé ; mais au-delà de ce dernier point on arrive au Wadi ar-Ramal, puis au château Noir et aux déserts de sable dans lesquels se trouve la ville connue sous le nom de Madinet an-Nuhâs (ville du cuivre) et les coupoles de plomb.
C’est à cet endroit que se rendit Mûsa b. Nuçayr, du temps de ‘Abd-al-Malik b. Marwan, et qu’il y vit toutes les merveilles dont il a donné la description dans un livre que tout le monde connaît.
D’autres disent que cette ville se trouvait dans les déserts qui avoisinent l’Espagne et que l’on appelle la grande terre.
Maymûn b. ‘Abd al-Wahhab b. ‘Abd ar-Rahman b. Rustam le Persan, qui était Ibadite et avait propagé dans ce pays la secte des Kharajites, qu’on dit être des restes des Eshban, avait le premier rendu ce pays florissant, bien qu’il eût eu plusieurs guerres à soutenir contre les Talébites.
Nous parlerons plus bas, dans cet ouvrage, des opinions différentes qui règnent sur les Echban, que quelques personnes soutiennent être des Persans venus d’Ispahan.
Dans cette partie du Maghreb vivent beaucoup de Sufarides hérétiques, qui y possèdent des villes très populeuses, comme celle de Turghia (Tudgha ?), où il y a une riche mine d’argent.
Cette ville est située vers le midi, sur les confins du Habasha, avec laquelle elle est continuellement en guerre.
Nous avons déjà donné des renseignements, dans nos Annales historiques, sur tout ce qui concerne le Maghreb, ses villes, ses habitants hérétiques, tels que les Ibadites et les Sufarides, ainsi que les Mu‘tazalites, avec lesquels ils vivent en rapports d’hostilité.
Nous y avons parlé aussi d’Ibn al-Aghlab at-Tamimi, qui, placé par al-Mançur comme gouverneur du Maghreb, se fixa dans l’Ifriqiya ; nous avons dit comment, à la suite des événements qui eurent lieu du temps d’ar-Rashid, ses descendants se sont transmis la possession de l’Ifriqiya et d’autres parties du Maghreb, jusqu’au moment où Abû Naçr Ziyadat Allah b. ‘Abd-Allah, fils d’Ibrahim, fils d’Ahmed, b. al-Aghlab b. Ibrahim b. Muhamad b. al-Aghlab b. Ibrahim b. Salim b. Suwada at-Tamimi, chef des missionnaires des Abbassides, prit les rênes du gouvernement.
Il fut dépossédé en 297, du temps d’al-Muqtadir-Bi-Llah, lorsqu’il se rendait à ar-Rafiqa, par l’inspecteur des poids et mesures, ‘Abd-Allah as-Sûfi, missionnaire du chef des Mahdiens, qui commença ses prédications aux Kutama et parmi les autres tribus berbères. Ce dernier était originaire de Ram-Hurmuz, ville du district d’al-Ahwaz.