Cette dernière ville porte aussi le nom de Tâkarart ; située sur un terrain élevé, elle n’a éprouvé aucun notable changement. C’est une belle ville, à l’est de laquelle coule une petite rivière qui fait tourner les moulins des habitants ; tout autour on voit des jardins et des champs cultivés ; le sol y est très fertile ; les sources de bien-être diverses.
Meknâsa a été appelée ainsi d’après le nom de Meknâs le Berber, personnage qui vint s’établir dans le Maghrib avec sa famille et qui mit en état de culture divers terrains contigus, qu’il distribua parmi ses fils.
Du pays de Meknâsa dépend la ville de Banî Ziyâd, ville peuplée, renfermant des bazars, des bains et quelques édifices remarquables ; les rues sont arrosées par des ruisseaux d’eau courante.
A l’époque des al‑Molattsim, Banî Ziyâd était, après Tâkarart, la ville la plus florissante de cette contrée : ces deux villes sont distantes l’une de l’autre et de Banî Tâwra, d’un quart de mille.
Tâwra était autrefois une ville populeuse et riche, possédant plus bazars et de bonnes fabriques ; le pays produit une quantité de fruits qui excède les besoins de ses habitants ; une grande rivière qui vient du sud se divise, au-dessus de la ville, en deux branches, dont l’une fournit de l’eau dans toutes les rues et dans la plupart des maisons.
Entre Tâwra et Banî Ziyâd se trouvent deux petites villes : l’une d’elles s’appelle al‑Qaçr; elle est sur la route de Tâkarart à as‑Souq ‘l‑Qadîma (l’ancien marché), à la distance de 2 jets de flèche. Elle fut fondée, entourée de murs et munie d’un château par l’un des Amîr Almoravides ; il n’y avait que quelques bazars et l’on y faisait peu de commerce, sa seule destination étant de servir de résidence à cet émir et à sa suite.
L’autre de ces deux petites villes, située à l’est de celle-ci, porte le nom de Banî ‘Atûsh ; les palais y sont nombreux et entourés de jardins.
Le pays produit des olives, des figues, du raisin et d’autres fruits en abondance, tout à très bon marché. Là où les demeures de Banî ‘Atûsh finissent, commencent les campements et les maisons d’une peuplade de Miknâsa, appelée Banu Burnûs, sur les bords du cours d’eau qui arrose Banî ‘Atouch ; les habitants y cultivent du blé, de la vigne, beaucoup d’oliviers et d’arbres à fruit. Les fruits y sont à très bas prix.
Au nord de Qaçr Abî Mousâ se trouve As‑Sûq al‑Qadîma, marché florissant où l’on se rend de près et de loin tous les Jeudi (Bâb al-Khmîs), et où se rassemblent toutes les tribus des Banu Mknâs.
Celles qui habitent cette contrée sont les Banu Sa’îd et les Banou Mûsâ.
Il y a encore d’autres tribus berbères qui habitent la même contrée, mais qui ne font point partie des Meknâsa, savoir : les Banu Basîl, les Maghîla, les Banu Maç’ûd, les Banu ‘Alî, les Waryâgal, les Demmer, les Wârba (ceux de Walilî) et les Çabghâwa.
Le territoire qu’elles occupent est remarquable par la fertilité du sol et la richesse de la végétation ; l’élève du bétail y réussit à merveille.