Et d’abord nous disons que la mer occidentale comprise dans cette première section est l’océan Ténébreux dont il a déjà été question, (à l’extrémité de cette mer, l’obscurité remplace le jour) »
Sur ses bords on remarque Cintra, Lisbonne, qui dépendent de l’Espagne, ainsi que Colomria (Coïmbre), ville petite, mais bien peuplée et florissante, dont les environs couverts de vignobles produisent beaucoup de fruits, tels que des pommes, des poires, etc. Il y a des sources d’eau vive. La ville est bâtie sur le sommet d’une montagne de terre, de bonne défense et de difficile accès, non loin d’une rivière du nom de Mondik (Mondego), qui coule à l’orient de la ville et qui fait tourner des moulins. De Colomria à Santarin, on compte 3 journées, en se dirigeant vers le sud. De Colomria à la mer, vers l’occident, 12 milles. C’est là qu’est l’embouchure du Mondik, rivière auprès de laquelle il existe un château très-fort, nommé Monte-Mayor , bâti sur les bords de la mer et entouré de terrains fertiles.
Voici l’itinéraire de Colomria à Sant-Ya3qub : si vous voulez vous y rendre par mer, en partant du fort de Monte-Mayor , vous allez à l’embouchure du Nahr-Bûdhû (Rio-Vadeo), rivière navigable sur la frontière du Portugal, 70 milles.
Le Portugal est un pays florissant, couvert d’habitations, de places fortes et de villages contigus. On y élève des chevaux ; on y trouve des guerriers ardents à faire des incursions chez leurs voisins, et qui n’ont nul besoin de leur secours. Le Nahr Boudhou est une rivière considérable qui porte de grosses et de petites embarcations. La marée y remonte à la distance de plusieurs milles.
De là à l’embouchure du Dwira (Duero), 15 milles.
Cette rivière est considérable, rapide, et remarquable par le murmure et par la profondeur de ses eaux. C’est sur ses bords que s’élève la ville de Samora (Zamora), située à 60 milles de la mer.
De là à l’embouchure du Minû (Minho), 60 milles.
Le Minho est un fleuve large, considérable et profond, dans lequel la marée pénètre et où quantité de navires viennent, soit pour jeter l’ancre, soit pour remonter le fleuve, soit pour visiter les bourgs et les châteaux forts bâtis sur ses bords. Au milieu de ce fleuve et à 6 milles de distance de son embouchure dans la mer est un fort construit dans une île. Il est d’autant plus susceptible d’une vigoureuse défense, qu’il s’élève sur le sommet d’une éminence de difficile accès et de médiocre hauteur. On nomme ce fort Abraca du Minho
De là à l’embouchure du Taron (Rio de Castropol), cours d’eau considérable, où la marée pénètre à plusieurs milles de distance, 60 milles.
A peu de distance de la mer et au milieu du Taron sont une île et une place forte dont les murailles sont de tous côtés baignées par ses flots. Cette place est bien habitée et ses dépendances sont considérables.
De là à l’embouchure d’el-Adra, rivière petite, mais navigable, et où viennent mouiller beaucoup de navires, 6 milles.
De cette rivière à l’embouchure du Merar. Le Merar est une grande rivière où la marée pénètre et où viennent mouiller de gros navires. Son cours est de peu d’étendue, mais à son embouchure dans la mer il existe une île petite et déserte, où l’on trouve un port et où il est possible de s’approvisionner d’eau et de bois.
De là à l’embouchure de la rivière de Sant-Iago, qui porte aussi le nom de Nahr Anacht, on compte 6 milles.
Le lit de cette rivière est large, et ses eaux sont profondes ; la marée s’y fait sentir, et les plus gros navires la remontent durant un espace de près de 20 milles. A cette distance on remarque un beau pont soutenu par cinq arches tellement grandes, que de gros navires peuvent passer dessous à la « voile. Auprès de ce pont est une place forte du nom de Anacht, distante de l’église de Sant-Iago d’environ 6 milles.
L’église Sant-iago dont il s’agit est célèbre par les pèlerinages dont elle est l’obiet.
SAINT-JACQUES
Les chrétiens y viennent de toutes parts, et, si l’on en excepte l’église de Jérusalem, il n’en est pas de plus imposante. Elle peut même être comparée à la Qumama, sous le rapport de la beauté et de la grandeur des constructions, comme aussi sous celui des richesses qu’elle renferme, produit de libéralités et d’aumônes. On y remarque quantité de croix d’or et d’argent enrichies de pierreries telles que saphirs, émeraudes« et autres. Ces croix sont au nombre de plus de 300, grandes et petites. On y compte environ 200 colonnes recouvertes d’ornements en or et en argent. Cette église est desservie par 100 prêtres, sans compter les serviteurs et les subalternes. Elle est construite en pierres et en chaux mélangées et entourée de diverses maisons où logent les prêtres, les religieux, les diacres et les ??, et de marchés où l’on vend et où l’on achète. Il existe, tant auprès que loin de l’église, des bourgs qui par leur étendue peuvent être comparés à des villes, où l’on fait beaucoup de commerce et dont la population est immense.
A partir de l’église de Sant-Iago, la mer Ténébreuse forme un coude qui se dirige de l’ouest à l’est en déclinant un peu vers le sud, et qui s’étend jusqu’à la ville de Bayonne. La route de l’un à l’autre de ces deux points, en longeant la côte, est ainsi qu’il suit :
De Sant-Iago vous vous dirigez vers la rivière de Tamarkat (Tambre), qui est navigable et où les navires peuvent mouiller. De là vers Ras al-Tarf qui s’avance beaucoup dans la mer. De là vers la rivière Rouge, qui est considérable et qui coule auprès d’une grande église voisine de Bort-Tama (Puerta-Tama). Sur ses bords on voit beaucoup de villages et d’habitations. » La distance de ce point à Sant-Iago est de 42 milles. De cette rivière vous allez à Armeda place bien fortifiée, non loin de la mer et entourée de villages. De là à Alfaro place également très-forte, où l’on voit les vestiges d’une grande église. De là à la rivière Artakira [Camarinas), où la marée pénètre et sur les bords de laquelle est un fort nommé Mont-Saria-Dabelia (Sierra de Abella), on compte 60 milles. « Ce fort est environné de champs ensemencés. » De là à Wadi-Calambira rivière dont l’embouchure est très-large, où la mer pénètre et où l’on voit un grand phare auprès duquel est l’église de Santa-Giuliana, 60 milles.
De Wadi-Calambira à Wadi-Sindria, (rio de Cedeyra), petite rivière dont l’embouchure est cependant assez large pour offrir un mouillage aux navires et auprès de laquelle est l’église de San-Pedro 3o milles. De là à Wadi-Regina, rivière auprès de laquelle est l’église de Sant-Ardem, 45 milles. Cette rivière est considérable; la mer, pénétrant dans son lit, y forme un bon port, et on y remarque plusieurs îles habitées. De là à Wadi-Salvador Dhoulbeira , 5o milles.