Al-Mas’udi, v. 930 : La route de Sogdiane au Tibet et à la Chine

MASUDI :

On a vu que le Khorassan était, limitrophe des provinces de l’empire. Entre le Sughd(la Sogdiane) et la Chine proprement dite, il y a une distance de deux mois de marche, et cet espace consiste dans un désert impraticable et dans des sables qui se succèdent d’une manière non interrompue, n’offrant ni eau, ni rivières, ni habitations.

Voilà pourquoi les guerriers du Khorassan ne songent pas à envahir l’es provinces de la Chine.

La Chine, du côté du soleil couchant, a pour limite la ville appelée Madu, sur les frontières du Tibet. La Chine et le Tibet sont dans un état d’hostilités continuelles. Quelqu’un de ceux qui ont fait le voyage de Chine nous a dit y avoir vu un homme qui portait sur son dos du musc dans une outre; cet homme était parti de Samarqand, et avait franchi à pied la distance qui sépare son pays de la Chine.

Il était venu de ville en ville jusqu’à Khanfu, place où se dirigent les marchands de Syraf.

Le pays où vit la chèvre qui fournit le musc de Chine, et le Tibet, ne forment qu’une seule et même contrée. Les Chinois attirent à eux les chèvres qui vivent près de leur territoire; il en est de même des habitants du Tibet. La supériorité du musc du Tibet sur celui de la Chine tient à deux causes : la première est que la chèvre qui produit le musc trouve, sur les frontières du Tibet, des plantes odorantes, tandis que les provinces qui dépendent de la Chine n’offrent que les plantes vulgaires.

La seconde cause consiste en ce que les habitants du Tibet laissent les vessies dans leur état naturel, au lieu que les Chinois m. altèrent les vessies qui se trouvent à leur portée. Ajoutez à cela que le musc chinois nous vient par la mer, et que, dans le trajet, il contracte une certaine humidité. Quand les Chinois laissent le musc dans sa vessie, et que la vessie est déposée dans un vase bien fermé, il arrive dans le pays des Arabes ayant les mêmes qualités que le musc du Tibet