Dès la sortie de QBM, je suis entré chez les Ait Atta d’Amalû, sur le territoire desquels se trouve Wawizert ; ils n’ont rien de commun avec les Ait Atta du Dra, ni avec les Brâbar, c’est une petite tribu tamazight, indépendante dont les frontières sont :
-au nord : le Tâdla
-au sud : Wad al-‘Abîd et Ait Messat
-à l’est : Ait Seri
-à l’ouest : les Ait Bû Zîd, plus loin encore les Ait ‘Atab et Ait ‘Ayab
[…] c’est une tribu de pillards, dont une bonne partie ne vit que de Ztatât, de vols, de rapines de tout genre.
Wawizert
On voit quelques pans d’épaisses murailles, ruines d’une qasba construite jadis par Mawlay Smâ‘îl
[…] elle a un peu d’importance, par son marché d’abord, qui se tient le vendredi et qui est très fréquenté, ensuite et surtout par sa position, qui en fait une des portes du Grand Atlas et le nœud de plusieurs routes. Trois passages principaux s’ouvrent dans le Grand Atlas entre les bassins de l’ÛM Ar-Rabî‘a et du Dra‘a : l’un à l’ouest, menant de Zawyat-Sî-Rhâl au Telwet ; un autre au centre, condusiant de Demnât aux Haskûra ; le dernier en face de Wawizert, débouchant dans l’Ûssikis. Celui-ci est le chemin que prennent les caravanes venant de Mrrâksh allant soit dans le haut Wâd Dâds, soit au Todgha, soit au Ferkla.
A l’est du col, il n’yen a plus de fréquenté dans la chaine jusqu’auprès de Qsâbî Ash-Shurfâ.
[…] les femmes font un usage immodéré du henné, c’est une exception, les marocaines n’en mettent pas d’ordinaire avec excès.
Had des Aît Bû Zîd : on y voit surtout des fruits et des légumes, apportés par les ABZ et acheté par les AAO ; du bétail […] vaches du prix de 30 ou 40 fr, des grains, des peaux, de la laine. Les juifs d’Wawizert étalent des belgha, des bijoux, des poules, des cotonnades ; quelques marchands musulmans, coureurs de marchés de profession, ve,de,t du thé, du sucre, des allumettes. Mais ici l’affaire importante n’est point le trafic, c’est le « jeu de chevaux ». Tout cavalier des Aît Bû Zîd est tenu de venir chaque dimanche y prendre part ; une amende de 10 fr punit les manquants. Voici comme on procède à cet exercice : on se forme par pelotons de 10 à 20 ; successivement, chacun de ces groupes prend le galop, charge, fait feu, s’arrête et démarque, laissant la place au suivant ; puis il recharge les armes, pour recommencer quand son tour reviendra.
[…] Les Ait Bû Zîd ont un usage qui leur est spécial, et que nous ne retrouverons ailleurs que loin vers l’ouest et dans une seule tribu, les Haha. C’est celui de se disséminer, maison par maison, chacun au milieu de ses cultures, au lieu de se grouper par villages. Suyr leur territoire, on n’en rencontre pas, on ne voit que demeures isolées, semées sans ordre au flanc de la montagne.
[…] plus de bayonnettes, tout le monde porte le sabre […] la crosse du fusil, de courte te large devient longue et étroite ; simple, elle se couvre d’ornements, incrustations d’os et de métal il domine dans l’Atlas et au Sahara.
Le Tamazight est l’idiome général des tribus depuis Miknâs, mais jusqu’à QBM, tout el monde, dans els familles aisées, savait l’arabe. Depuis que je suis dans l’Atlas, il n’en est plus de même. Ici, bon nombre d’hommes parlent encore cette langue, mais les femmes l’ignorent complètement.
[…]
Je traverse l’ouad el abid et je gagne ke village de Tabya, situé sur sa rive gauche. Me voici en blad al-makhzen, pour al première fois depuis Miknâs. En passant al rivière, je suis entré sur le territoire des Entifa, tribu soumise ; ici plus de Ztat, plus d’escorte ; on voyage seul en sûreté. (1885 : rébellion)
[…] la juridiction du qâ’id des Entifâ est limitée :
-au nord, par les Sraghna et l’Ouad al-Abid
-à l’est par l’ouad al abid et les Ait Messat
-au sud par les Ait b-Ûgemmez et les Ait b-Wuwulli
-à l’ouest par la province de Demnât et les Sraghnâ.
Qâ’id de la province de Demnât, qui a pour limites :
-au nord ;: les Sraghnâ
-à l’est les Entifa et Ait-BWawulli
-sud grand atlas
-ouest, Lawâ et Zemrân.
De Zawiat Sidi Rhal à Tikirt
Au loin, dans le disque enflammé du soleil couchant, on aperçoit la haute tour du Jâmi‘ al-Kutûbya, mosquée de Mrrâksh.
Zaouiat Sidi Rhal est une bourgade du territoire des Zemrân ; entourée de murs bas sans prétentions militaires, bâtie en pisé, elle a environ 1000 habitants ; au milieu s’élèvent une belle qûbba, où reposent les restes de Sidi Rhal, et une Zawya où vivent les marabouts ses descendants ; ces derniers sont fort vénérés dans le pays : de toutes les tribus voisines, des Zemrân, des Rhamna, des Sraghna, des Demnât, de Mrrâksh même, on les visite, on leur apporte des offrandes. En dehors de l’enceinte musulmane, formant un faubourg isolé, se trouve un petit mellah. […]
Quoique Blad al-Makhzen, le pays n’est pas assez sûr pour marcher sans Ztat ; mais un seul homme suffit ; je trouve sans peine quelqu’un pour m’escorter.
Un cours d’eau sort ici même du Grand Atlas. C’est l’Wad Rdât. Il prend sa source au sommet de la chaîne, à la dépression considérable appelée Tizi n Glawy, et en descend dans une direction perpendiculaire aux crêtes ; cette rivière trace ainsi une route courte et facile pour franchir la chaîne. Je m’y engage. Jusqu’au Tizi, je resterai dans le bassin de l’Wad, et pendant la plus grande partie du trajet j’en suivais le cours.
[…]
Cette rivière est un affluent du tesnift : elle s’y jetteraut après avoir arrosé le territoire des Zemrân et celuid es Glawâ.
Cette dernière tribu est celle où je suis entré en sortant de Zaouiat Sidi Rhal ; un qâ’id nommé par le sultan la gouverne ; il réside à Imawnin, dans le Telwet : son autorité réelle s’étend sur les Glawâ et sur le Warzazât, son pays natal ; son pouvoir nominal va jusqu’aux Ayt Zyneb, son influence jusqu’à Taznakht et jusqu’au Mezgita (qui sont blad as-siba).
Cependant, au Ayt Zynab, la parole du qâ’id est prise en considération ; mais à condition qu’il ne réclame que des choses faciles, ne coûtant rien aux habitants ; il ne se hasarderait pas à leur en demander d’autres, sachant que ce serait provoquer des refus ; il ne se mêle en aucune façon de leur administration, de leurs différends, de leurs guerres, mais son ‘Anaya est respectée : des gens de sa maison, esclaves ou mkhazny, peuvent servir de Ztatâ ; on voyage en sûreté sous sa protection.
Il n’en est plus de même dans la troisième région : la suprématie, même nominale, du sultan n’y est pas reconnue, tout ce que peut faire le qâ’id est d’entretenir des rapports d’amitié avec les chefs des deux grandes maisons voisines, les shykh de Taznakht et du mezgita. Il ne saurait servir de Ztat sur leurs territoires, mais ses lettres assureraient un bon accueil auprès d’eux. Au-delà, ni son nom, ni celui du makhzin ne sont connus.
Le commerce des Glawa est actif : il consiste presque uniquement en l’échange des grains du nord contre le sdattes du Draa. Deux marchés dans al tribu : le Tenîn de Telwet et le Khmîs d’Enzel.
Les Glawa sont Imazighen de langue comme de race, aisni que toutes els tribus que je verrai dans les massifs du Grand et du petit Atlas ; de Zaouia Sidi Rhal à Tisint, la première oasis que j’atteindrai, il n’y a pas un seul Arabe. Ici apparaît pour la première fois une vêtement original, d’une usage universel chez les Glawa, dans le Draa, dans le Sûs, dans la chaîne du Petit Atlas ; c’est le khnîf, qu’on se figure une sorte de burnûs court,n de laine teinte en noir, avec une large tache orange,d e forme ovale, occupant tout le bas du dos ; cette sorte de lune si étrangement placée est tissée dans le burnûs même et les bords en sont ornés de broderies de couleurs variées ; le bas du burnûs est garni d’une longue frange, le capuchon d’une gros gland de laine noire. La plupart des hommes, enfants et vieillards, musulmans et juifs, portent ce vêtement ; les autres se drapent dans des Hayk de laine blanche. On garde le sommet de la tête nu, comme dans le reste du Maroc ; mais la bande, large ou étroite, qui se roule d’habitude à l’entour, au lieu d’être de cotonnade blanche, est de laine noire. Les belgha se remplacent fréquemment par des sandales. On ne voit plus de sabres qu’aux cavaliers : ces armes sont donc peu nombreuses, les chevaux étant rares dans le Grand comme le Petit Atlas. On cesse de porter la poudre dans des poires, on la met dans des cornes. Ce sont, soit des cornes naturelles à armature de cuivre, soit, plus souvent, des cornes en cuivre ciselé. […]
[…] Chemin faisant, je passe auprès des ruines d’une pont attribué par les uns aux Chrétiens, par les autres à As-Sultân al-khûl : on cite toujours ces deux noms au Maroc dès qu’il s’agit d’ouvrages dont on ne connaît pas les auteurs ; ce pont, dont il reste 4 arches en pierre, s’élève sur la rivière au point de jonction des chemins de Mrrâksh et de Zawyat Sidi Rhal. Il me paraît d’origine musulmane.
[…] Le Telouet est une fraction des Glawâ : il comprend un certain nombre de villages, semés les uns près des autres dans une petite plaine fertile ; l’un d’eau, Imawnîn (Dar al-Qâ’id, Dar al-Glawy ) est la résidence du Qâ’id, El-Glawy. L’extérieur des constructions annonce la prospérité : ce ne sont plus les huttes de l’Wad Rdât ; maisons hautes et bien bâties.
[…] Jusqu’à présent, je n’avais vu que des Imazighen blancs, ceux qu’on appelle Shllaha ; désormais, eun bonne partie de la population se composera d’Imazighen noirs ou bruns, Haratîn. Dans tout le bassin du Draa, je les trouverai davantage vers le sud : dans la vallée même de ce fleuve, ils sont si nombreux que le nom de Drawy y est synonyme de celui de Hartanî ; sur ses affluents, ils existent aussi en grande quantité : c’est dans ce bassin qu’ils semblent s’être concentrés ; il n’y en a poin,t dans celui du Sûs, très peu dans celui du Zîz. Ils présentent les types le splus variés : on en voit qu’on confondrait avec des nègres du Soudan ; d’autres ont la couleur des noirs et les traits des Européens, ou bien le sgrosses lèvres et le nez épaté des premeirs, avec la peau blanche : certains sont Haratîn, qui, pour un étranger, ne présentent aucune différence avec les Shllaha. Les physionomies des individus étant aussi diverses, il est difficile d’assigner des caractères distinctifs à la race : on peut dire seulement qu’une couleur café au lait foncé avec des traits presque européens sont ce qu’on rencontre le plus ouvent. Les haratîn se considèrent comme Imazighen au même titre que les Shllaha : ils sont mélangés avec eux dans le fractionnement par tribus ; ils appartiennent comme eux aus Sketânâ ou aux Gzûla, grandes famille squi, à elles deux comprennent toutes les tribus entre Sûs et Dra et une partie de celle du Sûs. Malgré cette égalité politique, malgré cette communauté d’origine reconnue, les Shllaha se regardent comme supérieurs aux Haratîn et ceux-ci ont le sentiment de l’infériorité. Ils cherchent à se relever en épousant des femmes de couleur claire :
« Parle-t-on mariage ? dit un proverbe, l’Arabe demande : Est-elle de bonne maison ? Le Shlah, est-elle riche ? le Hartanî : est-elle blanche ? ».
L’extérieur des constructions annonce la prospérité : ce ne sont plus les huttes de l’Wad Rdât ; maisons hautes et biens bâties.
[…]
L’Wad Draa qui commence : sur ses rives seules, et sur celles des deux rivières qui le forment, je trouverai ces constructions élégantes et pittoresques qui me frapperont désormais : tighremts aux gracieuses tourelles, aux terrasses crênelées, aux balustrades à jour ; maisons aux muralles couvertes de dessins et de moulures, qsar dotn les enceintes, du pied jusqu’au faîte ne sont qu’arabesques et ornements. Dans ces belles contrées, même la demeure du plus pauvre présente l’aspect du bien être. Le bas des bâtiments est en pierre cimentées, le haut en pisé ;tout est construit avec soin, tout semble neuf ; point d’habitation qui ‘nait un premier étage ;un second est souvent formé par une terrasse couverte, installée au dessus ; partout bonne sportes, volets façonnés et ornés comme aux maisons des villes ; toutefois peu de demeures sont blanchies : de loin en loin, quelque zawya ou les créneaux d’une tighremt ; le reste a la teinte brun-rouge du grès et du pisé.
Le Qâ’id des Glawy n’est point héréditaire, il ets nommé apr le Sultan et change fréquemment ; quel qu’il soit, on l’appelle al-Glawy, c’est un usage général au Maroc de désigner les gouverneurs du nom de leurs provinces ; on dit ainsi : Al-Damnâty, al-Antify.
Les jardins et les cultures sont entretenus avec un soin extrême, mais ils forment une bande étroite : aux endroits les plus larges, ils ont 60 mètres ; encore ne sont-ils presque jamais en sol plat ; ils s’étagent, les terres soutenues par des revêtements de pierre, des deux côtés de la rivière.
[…]
Parmi les pays indépendants, ceux du sud du GA présentent, en leur organisation sociale, des différences avec ceux du nord. Dans ceux-ci, une seule unité, la tribu ; un seul état social, l’état démocratique ; aucun lien n’unit les tribus entre elles. La tribu est une grande famille avec ses subdivisions naturelles, tente ou maison, dwâr ou village, groupe de plusieurs centres habités, et ainsi de suite ; le fractionnement est d’autant plus grand que la tribu est plus nombreuse. Chaque groupe se gouverne à part comme bon lui semble, au moyen d’une assemblée où chaque famille est représentée, Jamâ3a en arabe, Anfaliz en tamazight.
Quelques hommes y ont souvent la prépondérance, mais sans titre ni droit reconnu. Les affaires concernant la tribu entière se règlent d’après le même principe ; les petites tribus réunissent tous leurs membres pour délibérer ; dans els grandes, telles que les Zayan, les B. Zammûr, les Smâla, où les premières fractions sont elles même nombreuses et souvent peu unies entre elles, ces fractions se concertent et se décident séparément, s’inquiétant ou ne s’inquiétant pas du parti pris par les autres. Dans certaines tribus, telles que les Ayt ‘Attab, les Ayt Bû Zîd, il y a des qânûn, codes de lois, auxquels les habitants sont tenus de se soumettre, et que l’assemblée générale fait respecter. Chez la plupart, cela n’existe pas ; les assemblées ne s’occupent point des particuliers ; tout leur est permis : s’il s’élève des différends, soit entre familles, soit entre fractions, elles les tranchent entre elles à coups de fusil. Ici, avec la liberté entière, la division à l’infini, la désunion complète ; là, avec un peut plus d’ordre et d’unité , c’est toujours la démocratie absolue. Les différentes tribus n’ont d’autres relations que les guerres et les alliances qu’elles font momentanément entre elles.
Au sud du GA, nous trouvons 3 unités : la tribu, le village, le district ; deux liens entre elles, la confédération et le vasselage ; deux états sociaux, le gouvernement par des chefs héréditaires et le régime démocratique.
La tribu se rencontre et parmi les Imazighen et parmi les Arabes, avec son fractionnement naturel, le même en tous lieux : tels sont les Znâga, les Ayt Jllal, les Ayt Seddrât, les brâbr.
A côté d’elle se trouvent des villages isolés, sans aucun lien entre eux ; ils sont habités, les uns par un mélange de Shllaha et de Haratîn, d’autres par des membres de tribus diverses, d’autres par des shorfa et des mrâbtîn.
Parmi ces villages, quelques-un restent isolés, comme Qasba aj-Jwa3, Iligh ;
la plupart, pour résister aux invasions des tribus voisines, s’unissent entre eux par groupes d’un certain nombre ; ils forment ainsi ce que nous appellerons des districts : tels sont les Arba3 Myâ, Tizgî, Wâd Nûn, Tisint.
Tribus, villages isolés et districts s’unissent entre eux par 2 sortes de liens.
– la confédération ;
elle est formée de la collection de plusieurs unités, quelles qu’elles soient, groupées pour former une masse plus compacte : telle est la confédération du Dâds, tels sont els nombreuses tribus et les qusûr confédérés avec Ayt ‘Amr. Inutile de dire que ces confédérations sont soumises à des changements : tantôt un groupe s’en détache, tantôt un autre s’y joint.
– sorte de vasselage :
des tribus, des districts, se déclarent vassaux soit d’un chef, soit d’une tribu plus puissante (dbyha) : les vassaux sont tenus à une redevance annuelle, le suzerain s »’engage en retour à respecter leurs personnes et leurs biens ; la se bornent les obligations mutuelles : c’est ainsi que Tisint, tatta, sont vassaux des Ida W-Blal, que ceux-ci le sont des Brâbr.
Tribus, districts, villages, vivent les uns sous le régime despotique, les autres sous el régime démcoratique ;
Régime Despotique :
Ils sont gouvernés par des familles ou le pouvoir suprême ; avec le titre shykh (amghâr), est héréditaire, tels sont les Ayt ‘Amr, les Znâgâ, les Mzgitâ. L’autorité de ces shyûkh n’est pas lourde pour leurs sujets ; parents plus ou moins proches d’une grand nombre d’entre eux, force leur ets de ménager ces alliés naturels ; d’ailleurs, il est de leur intérêt de n’indisposer personne ; ils laissent à leurs administrés grande liberté et ne leur demandent que 3 choses :
-payer une légère redevance,
-les suivre quand ils font la guerre,
-ne pas trop se battre, se piller ni se voler entre eux : ce n’est permis qu’avec les étrangers. Pour le reste, licence complète.
[…]
Régime Démocratique :
Les tribus ou districts qui l’ont adopté le possèdent avec le nuances les plus diverses. Chez les uns, tels les Ilalen, les Iberqaqen, règne le système établi dans le nord : tribus, fractions, villages, se gouvernent par l’assemblée de tous leurs membres. Ailleurs, comme dans les qusûr de Tisint, de Tatta, l’assemblée garde entre ses mains la puissance souveraine et confie le pouvoir exécutif à un shykh qu’elle élit ; quelquefois, elle laisse ce titre longtemps dans la même maison, quelquefois, elle le porte sans cesse de l’une à l’autre.
Certaines tribus, telles que les Ida W Blal, les Ayt W Mrîbet, les Isaffen, se divisent en fractions ayant chacune à leur tête une famille où la dignité de shykh est héréditaire ; tantôt le pouvoir de ces chefs est assez grand, comme chez les Ayt W Mrîbet et les Isaffen ; tantôt comme ches les Ida W Blal, leur seule prérogative est de conduire leurs frères dans els combats.
Enfin, il y a un dernier système, spécial aux Brâbr, aux Ayt Sddrât et aux Imeghran, c’est celui des shykh al-‘âm, les tribus se gouvernent au moyen d’assemblées, mais dans chaque fraction, chaque district, le pouvoir exécutif est entre les mains d’un shykh qu’on élit chaque année.
[…] Les guerres sont continuelles, trois motifs :
[…] entre sédentaires, les contestatiuons au sujet des eaux et des canaux ;
Entre nomades, le pillage injuste de vassaux que l’honneur commande de venger
Entre sédentaires et nomades, la cupidité de ceux-ci, qui les porte à attaquer les premiers pour els dépouiller.
[…]
Les terres traversées depuis els Glawâ, Assaka, Tizgi, Ayt Zybn, appartiennent lkes premiers à des districts isolés, le dernier à une petite tribu. … indépendants de fait, mais reconnaissent la suzeraineté du Sultan. Les marques de soumission qu’ils lui donnent se bornent à l’envoi annuel au Glawy d’un présent dont al valeur varie entre 50 et 200fr ; de plus, si l’on prend des voleurs, on les expédie à l’Imawnîn. L’Assaka, le Tizgi, se gouvernement opar elurs assemblées, l’Anfaliz. Les Ayt Zynb ont un shykh héréditazire, Shykh Mhammd, qui réside à Tikirt ; il ne domiunue que sur une partie de sa tribu, celle qui est à l’est d’Imzûghen ; le reste […] s’est depuis peu rangé volontairement sous al domination su shykh de Taznakht, Az-Zanify.
[…]
Le costume est le même qu’à l’entrée des Glawa ; mais les femmes, qui dans le nord portaient peu de bijoux, en ont une foule et, en outre, se peignent la figure. Jusqu’ici, un fil de verroterie mêmée de grains de corail et de pièces d’argent suspendu au cou, un second placé dans les cheveux, étaient leurs seuls ornements. Désormais, elles se couvriront d’énorlmes colliers d’ambre et de corail, de bracelets, de broches, de diadèmes, de pendants d’oreilles et d’autres volumineuses parure sd’argent.
[…]
Chaque tribu, chaque village, a droit à une quantité d’eau déterminée ; des traités, des qânûn la règlent. Les canaux sont une source de contestations et de querelles […] par la poudre […]rarement ces guerres sont meutrières ; elle se bornent la plupart du temps à quelques coups de fusil échangés à la frontière.
(Adrar n-Deren) nom de la chaîne du GA pour les tashlahit.
Jbal Ûnîla,, à son sommete st u étang, toujours rempli d’eau, même par le »s étés les plus brûlants ; nul n’en connaît la profondeur ; au dessous, la source de l’Wâd Yûnîl jaillit au milieu des rochers. Cet étang est un objet de vénération profonde pour les Musulmans des environs. Le premier jours de l’an, ils y montent en pèlerinage et y immolent des brebis et des chèvres. Souffre-t-on de la sécheresse ? Les Yûnîlen, les gens de l’Assaka, les Ayt Zîneb se cotisent à raison d’une muzûna par tête, achètent de smoutons et cont les sacrifier sur ses bords.
[…]
Le gros village de Taznakht, qui porte aussi les noms de Taznag, Ayt Ûzanif, Da raz-Zanifî et Khmîs Ayt ‘Amr est la capitale d’un Etat ; cet Etat est formé de prs tribus, réunies dans la main d’un seul chef, sans être connues sous aucune dénomination générale. […] la plupart des tribus et des districts des environs […] sont des fractions de la grande et ancienne tribu des Ayt ‘Amr, mais ce nom est oublié : chaque branche à un nom particulier et ne connaît que lui ; une seule a conservé le nom d’origine, en en faisant son appellation spéciale […] la souche de la race des Ayt ‘Amr fut, dit-on, une seule famille : celle dont les chefs ont pris le nom d’Ayt Ûzanîf. Ceux-ci ont gardé la rpépondérance qu’ils avaient à l’origine ; depuis un temps immémorial, ils possèdent le souverain pouvoir. Le berceau de cette antique maison est la vallée mpême de l’Wad Taznakht, qu’on appelle aussi Wad Ûzanîf. Les représentants actuels sont deux frères, Shykh Hamd bn Shykh Mhammd et Shykh ‘Abd al-Wahad ; ils règnent ensemble en bon accord ; leur résidence ets le village de Taznakht, leurs états propres se composent du pays de T, de celui d’Amara et de la tribu des Ayt ‘Amr ; on désigne cet ensemble du nom d’une de ses parties ou de celui de ses chefs, l’appelant soit Blad Ayt ‘Amr, soit Blad Taznakht, soit Blad-Az-Zanîfî ; le tout forme environ 1200 fusils.
[…] leur autorité (sur els autres tribus) n’a rien de lourde : le service militaire en temps de guerre, une redevance annuelle de 2 fr par fusils, c’est tout ce qu’ils demandent à la population ; encore beaucoup sont-ils dispensés de l’impôt, les uns vu leur parenté avec les shuyûkh, d’autre par elur qualité de mrâbtîn. Les Zanifî […] ont d’ordinaire en bonne relations avec le Qâ’id de Telouet : presque tous les ans, l’un des 2 frères allait lui apporter un cadeau de 5 à 700 fr. Ces rapports amicaux sont sur le point de cesser : il y a qq jours, Shykh […] a reçu des lettres de Mrrâksh, écrites par des Juifs de Taznakht en ce moment dans la capitale : elles lui recommandaient de ne pas aller comme d’habitude chez le Glawî , celui-ci ayant reçu l’ordre de le jerter en prison […]. Combien a-t-on vu de chefs indépendants, venus dans les villes du makhzen coinfiants dans l’amitié du Sultan, parfois sur son invitation, y être incarcérés tout à coup et maintenus au cahcot jusqu’à ce qu’ils aient payés de grosses rançons ? Simple opération financière. […] Le Zanîfî est célèbre au Maroc pour les trésors qu’il possède, enfouis, dit-on, sous sa demeure, ce ne seraient là que monceaux d’or, joyaux, armes merveilleuses. […] après lui viendrait Sidi Al-Husayn Wld Hâshim, marabout du Tazerwalt, en 3è lieu, le fameux qâ’id al-gentafî.
Marché appauvri par la famine des Znâga, de 600 M/J on passe à 100 ; normalement marché des huiles du Sûs, grain des Glawâ, dattes du Sûs.
Mogador :
Dont le nom est écrit en grosse lettre sur nos cartes est loin d’être le port important que nous pourrions nous figurer, […] en hiver surtout, les moyens de communiquer sont rares et irréguliers, au bout de 45 jours seulement, je reçus la réponse des lettres expédiées le lendemain de mon arrivée, cet état tient au peu de commerce que fait hui Mogador : ceport n’aplus d’affaire qu’avec les Shyadmâ, les Hahâ,les Shtûkâ, les Ilalen, le Sahel, Tindûf et par là Timbuktu. Il possède le monopole de la majeure partie du trafic du Soudan, c’est leplus bel apanage qui lui reste. Quant au bassin du Sûs, quant au Sahara occidental et central d’Aqqa à Zîz, ils font leurs achats à Marraksh, et cette capitale reçoit tout de Jdîda (Mazagan) […].
Plaine d’Wutta Anbed ; Dades.
Guerre entre les Melghad et les Atta