Guerre Civile, II 96
Peu après, l’arrivée de Scipion lui-même, avec huit légions d’infanterie, vingt mille cavaliers, dont la majorité étaient africains, une importante infanterie légère et une trentaine d’éléphants, fut annoncée, avec, à ses côtés, le roi Juba, amenant aussi environ trente mille fantassins supplémentaires, vingt mille cavaliers numides, de nombreux lanceurs de javelots et encore soixante éléphants ; l’armée de César commença à s’alarmer et la confusion s’empara des soldats à l’idée de l’échec qu’ils avaient déjà subi et des rumeurs qui couraient sur le nombre et la valeur de ceux qui marchaient contre eux, surtout des cavaliers numides. De plus, la guerre avec des éléphants, dont ils n’avaient pas l’habitude, les terrorisait. Mais Bocchus, un autre prince de Mauritanie, s’étant emparé de Cirta, qui était la capitale de Juba, ce dernier, quand il en fut informé, s’empressa de regagner ses territoires avec sa propre armée, dont il ne laissa à Scipion que trente éléphants. L’armée de César reprit alors courage au point que la cinquième légion demanda être placée en face des éléphants et l’emporta en déployant une grande bravoure ; à dater de ce joui et maintenant encore, les enseignes de cette légion portent des éléphants.
IV : 54.
Tous deux envoyèrent des ambassadeurs pour demander l’alliance du Roi Arabio et de ceux qu’on appelait Sittiens qui reçurent ce nom dans les circonstances suivantes. Un certain Sittius qui était accusé à Rome, s’enfuit pour éviter le procès. Rassemblant une armée en Italie et en Espagne, il passa en Afrique où il s’alliait tantôt avec l’un tantôt avec l’autre des rois qui se faisaient la guerre en ce pays. Comme ceux qui se joignaient à lui étaient toujours victorieux, Sittius acquit de la gloire, et son armée devint fort efficace. Quand Caius César poursuivit les partisans de Pompée en Afrique, Sittius le rejoignit et mit en déroute un général célèbre de Juba, Saburra, et il reçut de César, comme récompense pour ces services, le territoire de Masinissa, pas en entier, mais la meilleure partie. Masinissa était le père de cet Arabio et l’allié de Juba. César donna son territoire à ce Sittius et à Bocchus, roi de Maurétanie, et Sittius partagea sa propre part entre ses soldats. Arabio à ce moment-là s’enfuit chez le fils de Pompée en Espagne, mais revint en Afrique après la mort de César et continua à envoyer des détachements de ses hommes au plus jeune fils de Pompée que celui-ci renvoyait après les avoir bien formés, et ainsi il expulsa Bocchus de son territoire et tua Sittius par ruse. Bien que pour ces raisons son cœur penchât pour les partisans de Pompée, il décida néanmoins de s’opposer à ce parti parce qu’il n’avait pas de chance, et rejoignit Sextius grâce auquel il acquit les faveurs d’Octave. Les Sittiens le rejoignirent également en raison de leur amitié pour César l’Ancien
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Mais Pompée manqua de sagesse. Son idée n’était pas d’envahir, mais uniquement de se défendre, et il le fit jusqu’à ce qu’il échouât en cela aussi. En Afrique, Sextius, le lieutenant d’Antoine, venait de livrer son armée, en vertu d’un ordre de Lucius, à Fango, un lieutenant d’Octave. On lui ordonna de reprendre le commandement, et comme Fango ne voulait pas la rendre il rassembla une force composée de vétérans retirés, d’une foule diverse d’Africains, et d’auxiliaires de princes indigènes, et lui fit la guerre. Fango, défait sur ses deux ailes et ayant perdu son camp, pensa qu’il avait été trahi, et se suicida ; ainsi Sextius devint aussi maître des deux provinces africaines. Bocchus, roi de Maurétanie, à l’initiative de Lucius, fit la guerre à Carinas, qui était le procurateur d’Octave en Espagne. Ahenobarbus, qui patrouillait sur l’Adriatique avec soixante-dix navires, deux légions, et une force d’archers et de frondeurs, de troupes armées légèrement et de gladiateurs, dévastait les régions sujettes des triumvirs. Il arriva à Brindes, captura quelques trirèmes d’Octave, en brûla d’autres, enferma les habitants dans leurs murs, pilla leur territoire.