23 : Animé par les discours d’un personnage si grave, le jeune Pompée prit trente vaisseaux de toute espèce, parmi lesquels il y avait peu de bâtiments de guerre, partit d’Utique pour la Mauritanie, entra dans le royaume de Bogud avec une troupe de deux mille hommes, tant libres qu’esclaves, partie armés, partie sans armes, et marcha sur la ville, où le roi avait mis garnison. (2) À son arrivée, les habitants le laissèrent d’abord approcher jusqu’aux portes; mais bientôt, sortant tout à coup, épouvantant et renversant sa troupe, ils la repoussèrent en désordre jusqu’à ses vaisseaux. (3) Après ce mauvais succès, le jeune Pompée partit sans reparaître depuis sur la côte, et prit avec sa flotte la route des îles Baléares.
25 : Sur ces entrefaites, le roi Juba ayant su les embarras de César et le petit nombre de ses troupes, ne crut pas devoir lui donner le temps de se remettre et d’augmenter ses forces. Il sortit donc de ses états avec une cavalerie et une infanterie nombreuses, et marcha au secours de ses alliés.
D’un autre côté, P. Sittius et le roi Bocchus, apprenant le départ de Juba, réunirent leurs forces, entrèrent dans son pays, assiégèrent Cirta, la plus opulente ville du royaume, et la prirent en peu de jours. Ils s’emparèrent aussi de deux villes Gétules
dont les habitants, ayant refusé de livrer la place, furent enlevés d’assaut et passés au fil de l’épée. De là ils allèrent ravager la campagne et désoler les villes.
À ces nouvelles, Juba, qui était au moment de joindre Scipion et les autres chefs, réfléchit qu’il valait mieux aller au secours de son propre royaume, que de s’exposer à le perdre en voulant secourir les autres sans peut-être y réussir. Craignant donc pour lui-même et pour ses intérêts,
il se retira une seconde fois, et emmena même les troupes qu’il avait envoyées à Scipion: il lui laissa seulement trente éléphants, et partit à la défense de ses frontières et de ses places.