Nous partîmes de Kea, vers huit heures, et à environ un mille à l’ouest nous aperçûmes sur le bord de l’eau un grand nombre de jarres de terre disposées en pile les unes au-dessus des autres. Elles étaient faites très proprement, mais n’avaient point de vernis. C’était évidemment de cette espèce de poterie que l’on fait à Downie, ville à l’ouest de Tombuctou, et qui se vend avec grand bénéfice en différentes parties du Bambara. Comme nous approchions de ces jarres, mon compagnon de voyage arracha une grande poignée d’herbes qu’il jeta dessus, me faisant signe de l’imiter, ce que je fis. Il me dit alors avec un grand sérieux que ces vases appartenaient à quelque puissance surnaturelle ; qu’on les avait trouvés, il y avait environ deux ans, dans la position où je les voyais ; et, comme personne ne les avait réclamés, chaque voyageur en passant, par respect pour l’invisible propriétaire, jetait sur la pile quelques herbes ou une branche d’arbre pour défendre les jarres de la pluie.