Le 18 juillet, nous continuâmes notre marche. Ayant fait la veille un léger souper, nous nous trouvâmes le matin assez en appétit pour chercher à nous procurer du maïs dans quelque village, mais ce fut inutilement. Les villes que nous rencontrâmes étaient plus peuplées. Les terrains qui n’étaient pas employés à la culture du blé fournissaient d’excellents pâturages à de grands troupeaux de bétail ; mais, à cause du grand concours de gens qui vont journellement à Sego ou qui en reviennent, les habitants sont moins hospitaliers qu’ailleurs envers les étrangers.
Mon cheval, s’affaiblissant de jour en jour, m’était devenu peu utile. Je fus obligé, pendant la plus grande partie de la journée, de le conduire devant moi, et je n’arrivai qu’à huit heures du soir à Geotorro. J’y trouvai mes compagnons en dispute avec le douty, qui avait absolument refusé de leur donner et même de leur vendre aucune provision. Comme nous n’avions rien mangé depuis vingt-quatre heures, nous n’étions nullement disposés à jeûner un jour de plus, si nous pouvions l’éviter. Voyant que nos instances étaient inutiles et me trouvant très fatigué, je me couchai. Je dormis jusque vers minuit, que je fus éveillé par le cri joyeux de kinné nata, c’est-à-dire « les vivres sont venus ». Cela nous rendit le reste de la nuit plus agréable ; et le 19 juillet, à la pointe du jour, nous reprîmes notre marche, nous proposant de nous arrêter à un village appelé Doulinkeabou, pour y passer la nuit suivante. Mes compagnons de voyage, mieux montés que moi, me laissèrent bientôt derrière, et je marchais pieds nus, conduisant devant moi mon cheval, lorsque je rencontrai une caravane d’environ 70 esclaves qui venaient de Sego. Ils étaient attachés par le cou avec des lanières de cuir de bœuf tressées comme de la coude. Sept esclaves tenaient à la même corde, et entre chaque groupe de sept marchait un homme avec un mousquet. Plusieurs de ces esclaves étaient en mauvais état, et on comptait parmi eux beaucoup de femmes. A la queue de la file venait le domestique de Sidi Mahomed, que je me souvins avoir vu au camp de Benowm. Il me reconnut sur-le-champ et me dit que ses esclaves allaient à Maroc par la voie du Ludamar et du grand désert.