Mu ‘awiya b Khudayj, de la tribu de Kinda, fut chargé du gouvernement de la province d’Ifriqiya en l’an 45/665-6). Le motif de sa nomination est ainsi raconté :

Hiraql, le seigneur de Constantinople, recevait chaque année un tribut fixe qui lui était payé par chacun des Commandeurs de la terre et de la mer. En apprenant à quelles conditions ‘Abd Allah b Sa‘ad b Abi as-Sarh avait fait la paix avec les habitants de la province d’Ifriqiya, il y envoya un patrice nommé Walima pour exiger d’eux 300 talents d’or, somme égale à celle qu’ils avaient donnée à Ibn Abi as-Sarh.

Le patrice débarqua à Qartajina, et leur fit part de l’ordre de son souverain, mais ils refusèrent d’y satisfaire, disant que ce qu’Ibn Abi as-Sarh leur avait pris était pour le rachat de leurs vies, et que le prince, leur seigneur, n’aurait que le même tribut qu’ils avaient l’habitude de lui payer chaque année.

Janaha, qui gouvernait la province de l’Ifriqiya à la place de Jirjîz, chassa alors le patrice, et les habitants du pays se rassemblèrent et se mirent sous les ordres d’un nommé Ilatirion. Quant à Janaha, il passa en Syrie, alla trouver Mu‘awiya b Abi Sufyan à qui il exposa la situation de Ifriqiya, et demanda à y être renvoyé à la tête d’une armée arabe.

[…]

Ainsi la guerre qui s’annonçait depuis quelque temps éclata de nouveau. Dans cette armée se trouvèrent ‘Abd al-Malik b Marwân, Yahia b al-Hakam, Qurayb b Ibrahim b as-Sabbagh et Khalid b Thâbit de la tribu de Quraysh. L’on rapporte aussi que ‘Abd Allah b. ‘Umar b al-Khattab, s’y trouva avec ‘Abd Allah b az-Zubayr, et les personnages les plus éminents des Ajnâd du Shâm et du Miçr ; les habitants de la province d’Ifriqiya n’eurent aucun doute que Janaha n’était plus de l’expédition [il est mort, ndsp]. Ibn Khudayj campa au pied d’une colline située à 10 farsakh à l’ouest de Kamunia [futur Qayrwân, ndsp]

[…Bataille de Jalula…]

M. ibn Khudayj revint alors en Egypte, et reçut de Mu‘awiya le gouvernement de ce pays en échange de celui de la province d’Ifriqiya, qui devint ainsi un gouvernement séparé, ne dépendant pas de celui d’Egypte, mais relevant directement du khalifa.