1. Pendant que ces événements se passaient dans la Byzacène, Iabdas, prince des Maures du mont Aurès, suivi de 30 000 combattants, ravageait la Numidie et emmenait prisonniers un grand nombre d’habitants du pays.
Althias, placé dans la ville de Centuria, était chargé de la garde des forts de ce canton. Il désirait vivement reprendre à l’ennemi quelques prisonniers, et fit sortir de la place les Massagètes qu’il commandait, et qui n’étaient qu’au nombre de 70. Réfléchissant ensuite qu’il ne pouvait, avec 70 hommes, attaquer une nombreuse armée de Maures, il songeait à s’emparer de quelque défilé au passage duquel il pût surprendre les barbares et leur enlever leur butin.
Mais comme ces plaines, rases et d’une vaste étendue, ne lui offraient point de lieu propre à une embuscade, il imagina cet expédient : Tigisis, ville située dans le voisinage, et qui était alors entourée de fortes murailles, possédait dans une gorge étroite une source abondante. Althias résolut de s’emparer de cette fontaine, persuadé que la soif y amènerait les Maures, qui du reste n’auraient pu trouver une goutte d’eau dans le voisinage.
Il n’y a personne qui, en considérant l’inégalité ses forces des Huns et des Maures, ne juge l’entreprise d’Althias comme un acte de démence. Cependant les Maures, dévorés par la soif ardente que produit la fatigue et la chaleur, car on était alors au fort de l’été, accourent sans défiance vers la fontaine. Lorsqu’ils la virent occupée par l’ennemi, ils s’arrêtèrent tous, ne sachant quel parti prendre, et sentirent défaillir le peu de forces que la soif leur avait laissées.
Iabdas, s’étant approché du capitaine romain, lui offrit le tiers de son butin, s’il voulait permettre à tous les Maures de se désaltérer. Althias rejeta cette offre, et proposa au roi maure de trancher leur différend par un combat singulier.
Iabdas avant accepté le défi, il fut convenu que si Althias était vaincu, les Maures auraient le libre usage de la source. L’espérance et la joie se répandirent alors dans l’armée africaine, qui comptait sur une victoire assurée parce qu’Althias était petit et grêle, tandis qu’Iabdas était le plus grand et le plus robuste des guerriers de sa nation.
Ils s’avancèrent donc à cheval l’un contre l’autre. Iabdas lance le premier son javelot. Althias, par un rapide mouvement de la Main droite, saisit le trait au vol avant d’en être atteint, et par cette preuve d’adresse frappe d’étonnement Iabdas et les Maures ; ensuite, ayant tendu son arc de la main gauche, dont il se servait aussi habilement que de la droite, il abat d’un coup de flèche le cheval de son adversaire. Les Maures amènent un nouveau cheval à leur roi, qui le monte précipitamment et prend la fuite, suivi de toute son armée en désordre. Althias se rendit maître des prisonniers et du butin, et cet exploit mémorable lui acquit dans toute l’Afrique une brillante réputation.