4. Les Capitaines des Maures ayant aperçu que leurs soldats étaient étonnés du bel ordre où étaient les Romains, leur parlèrent en ces termes.
Mes Compagnons, nous avons reconnu depuis peu, que les Romains ne sont pas invulnérables, puisque nous les avons percés de nos dards, et que nous les avons faits nos esclaves. Nous avons plus de forces que nous n’en avions alors, et nous combattons pour une plus noble récompense, qui est la possession de toute l’Afrique, et notre propre liberté. Il faut donc employer en cette importante occasion , nos efforts et notre courare. Quand il s’agit de tout, on perd tout, si l’on ne se sauve par une valeur extraordinaire. Il n’y a rien dans les ennemis qui ne soit digne de votre mépris. S’ils nous attaquent à pied , la pesanteur de leurs armes les fera surmonter par la vitesse des Maures. S’ils nous attaquent à cheval, leur cavalerie sera mise en désordre, par l’aspect et par le cri de nos chameaux. Ce serait se tromper que les croire invincibles, à cause qu’ils ont vaincu les Vandales. C’est le mérite du général qui fait le plus souvent la décision des batailles. Or la fortune a éloigné Bélisaire, à qui la gloire de la dernière victoire était due. Si ce n’est qu’elle ne nous soit encore plutôt due à nous-mêmes, parce qu’en affaiblissant les Vandales , par les fréquentes pertes que nous leur avions fait souffrir, nous les avions réduits en état d’être très aisément défaits. Ainsi il n’y a nul doute que nous ne battions les Romains, si nous voulons nous porter en gens de coeur.