« Sous l’épiscopat de Yuhannan, vicaire du pape en Orient, quelques peuplades chrétiennes vinrent se joindre aux habitants de Byblos (Jubayl), petit port de mer situé entre Tripoli et Beyrouth. Les chrétiens s’adressèrent à Yuhannan pour avoir un épiscope, et celui-ci leur envoya un moine du nom de Marôn, qui sortait d’un monastère établi sur les bords del’Oronte. La principauté de Byblos comprenait une grande partie du Liban, et possédait deux villes déjà importantes, Byblos et Butrîs. Marôn fut nommé évêque de Butrîs. Aussi savant que modeste, profondément préoccupé des intérêts moraux de ses ouailles, il s’efforça de ne pas laisser pénétrer parmi les montagnards dont il était le pasteur, les sectes nombreuses et ennemies qui se disputaient alors la suprématie religieuse dans les capitales de l’empire byzantin, à Constantinople, à Alexandrie, à Antioche.
S’étant déjà distingué par des écrits contre les sectateurs de Nestor et d’Eutychès, il lui fut facile de réfuter toutes les nouvelles sectes qui tendaient de jour en jour à diviser la chrétienté; et ses services devinrent si utiles à l’Église, que bientôt on lui accorda le titre de patriarche du Liban et le droit de sacrer les épiscopes dans toute l’étendue de la haute Syrie. Sa dignité et son pouvoir lui avaient été acquis pour avoir ramené à l’unité catholique un assez grand nombre d’hérésiarques; mais sa puissance nouvelle ne fit qu’accroître son zèle, et bientôt il envoya des missionnaires, d’un côté jusqu’à Jérusalem, de l’autre jusqu’au Taurus.