Sous Caracalla, la cité de Volubilis reçoit un grand honneur de l’empereur, on suppose qu’il s’agit de son accession au statut de Colonia. Au même moment, on apprend que les auxiliaires maures de l’armée romaine qui n’avaient pas encore reçu le droit de cité, son intégré dans l’orbite romain.
A : Les Baquates à la Conquête de la Tingitane
Un demi siècle plus tard, les Baquates semblent partiellement latinisés ; ainsi le « procurateur » de Septime Sévère va établir aussi un accord avec un certain Julius Asenus, fils d’Uretus, princes des Baquates, ce qui permet de dater cette romanisation.
Leurs « rois » porteront désormais le « Nomen » de Julius, comme les Zegrenses avant eux.
On connait en 277 un certain Jules Muffuzi fils de Jules Matif, puis en 280 un Jules Nuffus, peut être le même que le premier, décédé et remplacé par son frère Jules Mirzil.
Il s’agit à nouveau « d’autels de la paix » témoignant de conférences tenus entre le gouverneur de Tanger et les dynastes Baquates qui ne cessent de harceler la province.
En 277 est signée une paix, qui dure « longuement » jusqu’en 280, époque où a lieu un renouvellement de la paix et de « l’alliance ».
Elle ne semble cependant pas avoir duré longtemps, avec l’effondrement de la dynastie des Sévère, les Baquates et leurs suzerains Macennites s’emparent de toute la Tingitane, ils contrôlent même la capitale, au témoignage de l’Itinéraire d’Antonin.
Les Castra Romains sont bel et bien abandonnés en cette toute fin de IIIème siècle, et les grandes Domi de Volubilis, encore presque neuves sont subitement abandonnées, une partie du luxueux mobilier aussi.
B : Réorganisation Dioclétienne
En 303, sous Dioclétien, l’Afrique du Nord est découpée en 8 provinces, d’est en ouest il s’agit d’abord de la Cyrénaïque, puis de la Tripolitaine autour de la grande cité de Leptis Magna.
Viennent ensuite la Byzacène, qui correspond au sud et au centre Tunisien, la Zeugitane, autour de Carthage, la Numidie, dans l’oriental algérien.
A l’occident, dans l’espace qui nous concerne, se trouve la Maurétanie, elle est partagée en trois provinces, la Sitifienne, autour de la nouvelle grande cité de Sitiffis avec Jijel comme port important ; puis la Césarienne, concentrée autour de Cherchell et d’Alger, mais s’étendant théoriquement jusqu’à l’Oued Moulouya (Malva).
A l’occident se situe la Tingitane.
L’ensemble du Maghreb dépend de la Préfecture d’Afrique, dont le siège est Carthage, mais Tingi (Tanger), à en croire les descriptions géographiques du bas-empire, relève de la Préfecture des Gaules et donc de l’Espagne.
En réalité, « l’itinéraire d’Antonin » assure que Tingi elle-même est aux mains des nations Baquates et Macennites.
C : Baquates et Bavares
La dernière marque de la présence impériale romaine en Tingitane date de 277, il s’agit d’un « autel de la paix », une stèle déposée sur le forum de Volubilis, célébrant une conférence entre le Procurateur Romain de Tanger et les princes Baquates, désormais affublés du titre de « Rex », roi, mais aussi d’un Nom latin : Julius, en sus de leur nom « maure ».
Pendant deux siècles, les « Baquates », associés aux « Bavares » en 230 et aux « Macennites » vers 170 n’ont eu de cesse de mener des raids depuis leurs positions du Maroc Central actuel vers les plaines et collines de la Tingitane. L’Antique cité royale de Volubilis, devenue municipe puis colonie romaine abrite l’essentiel de l’aristocratie maure romanisée, et elle entretient avec Sala et sa république, des relations privilégiées.
Au nord, à en croire le géographe du IIIè s. Ptolémée, la tribu des Verbes-Verbices contrôle le cours du Sebou, et la cité de Banasa, ainsi que son port de Thamusida.
La plaine de la région de Larache est occupée par un groupe appelé Mazices (Am-Azigh ?), dont le nom est appelé à perdurer, il fréquentent les cités romaines d’Azila et surtout Lixos. Au détroit, la capitale Tingi est peuplée d’une antique tribu maurusienne (le véritable nom de la tribu du Maroc pré-romain), les Metagonites, largement romanisés, ayant reçus le droit de cité un siècle avant Volubilis.
On sait par une stèle de Banasa, que la tribu semi-nomade des Zegrenses, installée dans la Sais et sur les flancs du pays Zayane, donc sur le limes romain, a concourue au IIème siècle à la défense de « l’imperium » contre les attaques des « barbares » Baquates et Macennites, en échange, les « Amghars » locaux ont obtenu la citoyenneté romaine à titre exceptionnel.
On apprend dans les auteurs classiques que le pays situé au sud du pays Baquates porte le nom de Macennitide, on ne sait rien de cette tribu, qui semble avoir eu la suzeraineté sur leurs voisins du nord, l’Atlas est dit faire partie de leurs possessions tandis qu’au sud, les oasis pré-sahariennes appartiennent aux groupes issus des Gétules Occidentaux, les Autololes ou Galaules, qui dominent les indigènes « éthiopiens » du Draa et du Massa.
D : Bavares, Baniures et Machures
Quant aux Bavares, aussi associés aux Baquates, ils sont sans doute une fédération de l’oriental marocain qui a eu tendance à s’étendre au IIIème siècle vers l’Oranie.
Il semble possible d’associer les Bavares aux Baniures de Ptolémée, eux aussi considéré comme des groupes proches des Autololes (Gétules) par Pline au Ier siècle. Ils viennent du Maroc Central, on retrouve aussi des groupes de « Bantiures » et de Baniures aussi bien dans les steppes telliennes d’Algérie centrale que dans la Maurétanie Orientale, aux alentours de Setif, où ils sont déclinés comme « Machures », peut être « M-Akhur », proche du Imu-Har utilisé par les Touaregs actuels.
Une dizaine de tribus portent des noms dérivés d’Autolole-Gélule ou de Machure, et dans l’Oranie, un autre est appelé également Mazice. En Tunisie Intérieure, notons en particulier l’existence des « Codamusi » dont nous aurons à reparler.
Ces tribus échappent donc presque toutes au pouvoir du préfet d’Afrique qui semble continuer, par l’intermédiaire des Comtes Impériaux, à maintenir un système de « Foedus », d’alliance, avec les chefferies « Maures ».