- Introduction
- 1 : Qu’est-ce que l’Anti-Sémitisme
- 2 : L’Anti-Judaïsme chrétien
- 3 : L’Islam primitif et les judaïsants
- 4 : Un Anti-Judaïsme Musulman ?
- 5 : L’Anti-islamisme chrétien et l’anti-christianisme judéo-islamique
- 6 : La dérive inquisitoriale_les causes
- 7 : La dérive Inquisitoriale_disparition de l’altérité
- 8 : La civilisation judéo-islamique et la centralisation étatique
- 9 : L’Occident en expansion et le racisme bourgeois
- 10 : La constitution d’une communauté juive d’Occident et les prémices de l’anti-sémitisme
- 11 : L’Occident à la conquête de la civilisation judéo-islamique
- 12 : Racisme allemand et anti-sémitisme français
- 13 : Sionisme et Colonialisme : annihilation de la civilisation judéo-islamique
- 14 : La Construction de la “communauté juive de France (1) avant 1962
- 15 : La Construction de la communauté juive de France (2) l’époque post-coloniale
- 16 : Les juifs et l’anti-sémitisme actuel
- Conclusion : anti-sémitisme islamique/anti-islamisme judaïque ?
C’est précisément la faiblesse d’Etats hétérogènes qui conduit la civilisation judéo-islamique à la déroute.
Son autre faiblesse réside dans un certain recul technique et dans l’élargissement du fossé technologique avec l’Europe du Nord, spécialisée jusqu’au XVIIème siècle dans la contrefaçon de l’industrie méditerranéenne.
Le système de caste du monde « franc » médiéval, admis et théorisé par l’Eglise elle-même dans la doctrine des « Trois Ordres » a introduit un principe d’inégalité sociale basée sur le sang. On retrouve ces structures dans les sociétés indiennes ou saheliennes, mais pas au cœur de la civilisation islamique (non plus qu’en méditerranée chrétienne même si celle-ci, par mimétisme, développe une noblesse, étatique dans le cas espagnol, commerçante dans le cas italien).
Cependant, l’Occident chrétien étant désormais étatisé, l’élite se concentre dans le monde parisien, londonien ou madrilène, et la noblesse s’achète, elle devient essentiellement fonctionnariale (comme le clergé), tant et si bien que nobles et non-nobles fusionnent, bon gré mal gré, dans une système étanche à deux vitesses : prolétariat rural et urbain et son élite locale dégradée par la centralisation d’un côté, de l’autre, la noblesse d’épée et celle de robe, dans les grandes cités.
Il est donc aisé pour l’élite capitaliste de se constituer, avec l’aide souvent des politiques d’Etat, décidées au sein de sa propre classe, un réservoir de main d’œuvre bon marché, intellectuellement soumis à son seigneur. Peu à peu, le tenancier, convaincu de son infériorité par rapport à la noblesse, devient l’ouvrier, convaincu de la supériorité de son patron d’industrie.
L’urbanisation des élites et la formation d’une classe ouvrière conduit l’économie rurale à changer. Il ne s’agit plus de produire une auto-alimentation et d’exporter les surplus, mais de fournir les cités en biens speculatifs : la viande et la laine dans la cas anglais, entraînant les enclosures et l’exode rural des petits tenanciers, mais aussi les biens coloniaux (sucre et café), nécessitant une main d’œuvre transportable : petit blanc sous contrats ou esclaves achetés dans les places de négoce africains.
Ce mécanisme initie la croissance capitaliste contemporaine. Les patrons-artisans financent, directement ou non, l’essor technique, dont les symboles sont le miroir, la vitre, le fusil et l’horloge, biens qui seront largement exportés dans le reste du monde, et donc dans le monde judéo-islamique, très riche mais industriellement dépassé.
La société christiano-bourgeoise du XVIIème siècle porte désormais un regarde méprisant sur le pauvre, qui jusque là était l’aimé de Dieu, garanti du paradis à la différence du riche, et moyen pour ce dernier, par l’aumône, de réaliser son salut. On développe donc une politique « sociale » qui consiste à l’ouverture d’Hotel-Dieu étatiques, de lois sur les pauvres, et d’interdiction généralisée de la mendicité. Désormais, il faut faire travailler le pauvre, c’est ainsi qu’il cessera de l’être, parce dès lors, il DOIT cesser de l’être.
Cette idéologie appuie encore plus le boom industriel occidental au XVIIIème siècle et s’oppose à l’égalitarisme social du droit judéo-islamique.
Dans l’antique civilisation, la main d’œuvre rurale est souvent servile, l’artisanat urbain est répétitif, corporatif, les ouvriers sont rares, qualifiés et bien payés, les patrons sont souvent modestes, et la classe d’élite, juive (financier de cour, négociants), ou musulmane (ministres, juges…) s’intéresse peu à l’essor industriel. Fondamentalement, la conscience égalitaire de la civilisation antique et médiévale perdure, et personne ne se soumet de plein gré ni à un seigneur, ni à un employeur, ce qui, évidemment, nuit à la productivité qui décuple en Europe du Nord.
Un homme libre est libre et ne doit, en principe, rien à personne, ni à l’Etat, ni à un employeur.
Le juridisme et l’essence constitutionnaliste du droit islamique maintient également ces droits humains en dehors de tout essentialisme racial : Un juif islamisé est un musulman, point. Un esclave affranchi est un homme libre, point. Un esclave peut être de toute race. Un non-musulman a des droits statutaires immémoriaux.
L’occident, de son côté, entre la fin du XVIIème siècle et le début du XVIIIème siècle développe une conscience raciale du droit des gens. Ainsi, l’homme européen est libre par nature, car de coutume l’esclavage est aboli en France, en Angleterre, aux Provinces Unies ou dans l’Empire (à l’exception des principautés ecclésiastiques, dans lesquelles les tenanciers restent des serfs, mais sont en réalité plus libres et aisés que les métayers et journaliers des provinces de droit commun…)
Ceci implique que certains peuples sont esclaves de nature, a priori tous ceux qui ne sont pas catholiques romains ou protestants…
C’est de la sorte qu’on constitue une dichotomie raciale entre le noir et le blanc. Dans le monde hispano-portugais, encore une fois, on est en “retard” sur cette idée, et un mozambicain noir chrétien est un sujet portugais, tandis qu’un affranchi noir panaméen est un homme libre, et un sujet espagnol. Cependant, la conscience du « retard » et la nécessité du rattrapage vont conduire les hispano-portugais à instaurer le système des castes, une division raciale des sujets en fonction de leurs ancêtres. Cependant, ils n’iront jamais jusqu’à remettre en cause les fondements constitutionnels du droit personnel antique sur cette question, un affranchi restera un homme libre, et ses enfants également, et on ne pourra jamais les ré-asservir.
Dans la France de Louis XIV, esclavage et liberté sont liés au statut personnel et découlent du contrat de vente, un esclave affranchi devient libre… Cependant, sous Louis XV, le code colonial est réformé, désormais, dans plusieurs cas, un « noir » libre pourra retourner à sa condition d’esclave, en vertu de sa race.
Bien évidemment, rien de tout cela n’apparaîtra dans la civilisation judéo-islamique ; où la citoyenneté reste statutaire (esclave/libre) et confessionnelle (juif/musulman).
La civilisation judéo-islamique n’établit aucune différence entre un esclave blanc et un esclave noir, non plus qu’entre un musulman blanc, et un musulman noir, et lorsque des juifs méditerranéens visitent leurs coreligionnaires de l’intérieur, ils n’y voient pas des sous-hommes, mais des coreligionnaires.
De fait, la civilisation judéo-islamique, de par l’unification du monde greco-romain, araméen, turco-iranien, berbère, et puis turque, indien et africain, est la seule civilisation proprement multiraciale. Un mongoloïde indonésien ou kazakh étant jugé comme un compatriote s’il traverse la Syrie et le Hijaz sur la route de La Mekke, comme un noir soudanais du Mali ou de Nubie, pourra, s’il est riche, devenir ministre ou juge en Irak… et il en est de même chez les juifs qui visitent, nombreux, avec les musulmans, la tombe de Daniel au Khouzistan ou celle d’Esther à Babylone…