- Introduction
- 1 : Qu’est-ce que l’Anti-Sémitisme
- 2 : L’Anti-Judaïsme chrétien
- 3 : L’Islam primitif et les judaïsants
- 4 : Un Anti-Judaïsme Musulman ?
- 5 : L’Anti-islamisme chrétien et l’anti-christianisme judéo-islamique
- 6 : La dérive inquisitoriale_les causes
- 7 : La dérive Inquisitoriale_disparition de l’altérité
- 8 : La civilisation judéo-islamique et la centralisation étatique
- 9 : L’Occident en expansion et le racisme bourgeois
- 10 : La constitution d’une communauté juive d’Occident et les prémices de l’anti-sémitisme
- 11 : L’Occident à la conquête de la civilisation judéo-islamique
- 12 : Racisme allemand et anti-sémitisme français
- 13 : Sionisme et Colonialisme : annihilation de la civilisation judéo-islamique
- 14 : La Construction de la “communauté juive de France” (1) avant 1962
- 15 : La Construction de la “communauté juive de France” (2) l’époque post-coloniale
- 16 : Les juifs et l’anti-sémitisme actuel
- Conclusion : anti-sémitisme islamique/anti-islamisme judaïque ?
Il serait nécessaire de poser la question : Existe-t-il une communauté juive de France ?
La catégorisation découle du pétainisme, les israélites français étaient parfois assimilés, même religieusement, d’autres avaient, par athéisme forcené, fait le choix de ne pas être chrétien (sans pour autant être de religion juive), pour être de vrais français, républicains et partisans de la laïcité. C’est bien pour cela qu’on appelait ce groupe des israélites, afin de ne pas catégoriser en terme de religion. Il y avait aussi dans cette catégorie des « vrais » juifs, issus des Stetl alsaco-lorrain, ceux qui avaient fait le choix de la France tout en restant liés à leurs communautés, et puis les autres, ceux qui avaient décidé de rester en « Allemagne » après 1871…
Avec les pogroms, la guerre civile russe, puis le régime militaire anti-sémite polonais, et finalement avec la persécution nazie, de nombreux Yiddish et judéo-allemands émigèrent en France. Certains faisaient facilement corps avec les israelites français assimilés, ceux de l’élite allemande ou russo-polonaise bien sûr. Ils rejoignaient les riches séfarades ottomans venus de Thessalonique après la chute de la ville au main des grecs en 1912.
Mais dans leur majorité, ils étaient modestes, et étrangers, voire apatrides. En tant que tel, ils étaient rejetés sur des bases nationales (absence de papiers), culturelles (sous-évolués car est-européens, encore marqués par leur ancestrale tradition yiddish et rabbinique) et raciales (israélites). Dans les deux premiers cas, pour la majorité des israélites français, ils n’étaient donc pas les bienvenus, dans le dernier, ils étaient des juifs de plus, des juifs de trop, et même pour les israélites français, ils étaient une piqûre de rappel de leur propre altérité.
Lorsqu’il s’est agit de les recenser et/ou de les interner (avant l’occupation), puis, pour la plupart, de les « renvoyer chez eux » en 1941-44, personne ne s’en est ému, et lorsque les israélites français assimilés ont commencé à être pourchassés aussi, pour être déportés (pour des raisons politiques cette fois, mais la case d’arrivée était la même), il était trop tard pour s’émouvoir de l’extermination des Yiddish primo-arrivants et de leurs enfants, souvent naturalisés par droit du sol…
La catégorisation de juifs français est donc pétainiste, puisqu’elle découle d’un essentialisme racial, et non religieux. Ces derniers se sont parfois rendu compte dès l’entre-deux-guerre qu’ils étaient un corps par essence, parfois en militant dans la Ligue contre l’Antisémitisme. Mais c’est après guerre, après une bonne décennie de silence oppressant, de tabou, qu’ils ont réalisé qu’il s’était passé quelque chose, et que certaines de leurs frustrations passées étaient liées à l’anti-sémitisme, et que si les juifs étrangers, et parfois même leurs proches avaient « disparu en Pologne », c’était bien faute de ne pas avoir été solidaires, faute de ne pas avoir accepté qu’ils étaient juifs (racialement) avant tout.