Je crois avoir exposé avec assez de détail, dans ce chapitre et dans les précédents, la nature et l’étendue des rapports commerciaux qui subsistent aujourd’hui, et durent depuis longtemps entre les Nègres habitant des pays que j’ai visités et les nations de l’Europe. Il paraît que les esclaves, l’or et l’ivoire, réunis à quelques articles dont j’ai parlé au commencement de mon ouvrage, savoir la cire et le miel, les cuirs, les gommes et les bois de teinture, composent tous les objets d’exportation.
J’ai cependant indiqué d’autres denrées comme faisant partie des produits de l’Afrique telles que des grains de différentes espèces, du tabac, de l’indigo, du coton en laine, et peut-être quelques autres. Mais les Nègres ne récoltent que pour leur consommation immédiate tous ces objets qui demandent de la culture et du travail ; et sous le système actuel de leurs lois, de leurs mœurs et de leurs gouvernements on ne peut rien attendre de plus d’eux. Il n’y a cependant nul doute que toutes les riches productions des Indes orientales et occidentales ne pussent facilement être naturalisées et portées à leur perfection dans les parties de ce vaste continent qui sont sous le tropique.
Il ne faudrait pour cela que des exemples capables d’éclairer les naturels sur leurs intérêts, et quelque instruction pour diriger leur industrie.
Je n’ai pu voir la prodigieuse fertilité du sol, les immenses troupeaux de bétail dont il est couvert, tous propres à nourrir l’homme, ou à travailler pour lui
Je n’ai pu réfléchir en même temps sur les ressources qui s’offrent d’elles-mêmes pour une navigation intérieure sans regretter qu’un pays si généreusement traité par la nature restât dans l’état inculte et barbare où je l’ai vu.
Je n’ai pas trouvé moins déplorable qu’un peuple dont les mœurs sont aussi douces et le caractère si humain fût plongé dans les ridicules superstitions auxquelles il est asservi, ou n’eût que la faculté de se convertir à un système religieux absurde et fanatique, qui, sans éclairer l’esprit, est souvent propre à avilir le cœur.
Je pourrais faire sur ce point plusieurs observations, mais le lecteur pensera probablement que je n’ai fait que trop de digressions, et je reviens à la position où je me trouvais à Kamalia.