Vers huit heures, je partis de Doulinkeabou, et à midi je m’arrêtai quelques minutes près d’une grande korrée, où des Foulahs me donnèrent un peu de lait. Entendant dire que deux Nègres allaient de là à Sego, je m’estimai heureux d’avoir leur compagnie, et nous partîmes sur-le-champ. Vers les quatre heures, nous nous arrêtâmes à un petit village, où l’un des Nègres rencontra une de ses connaissances, qui nous invita à une espèce de repas public où régnait une sorte de cérémonie. On y servit avec profusion un mets composé de lait aigre et de farine (Sinkatou) , ainsi que de la bière faite avec le grain du pays. Les femmes étaient admises dans cette société, chose que je n’avais jamais vue en Afrique. Tout se faisait sans gêne, chacun était libre de boire à son gré. Les convives se faisaient l’un à l’autre un signe de tête quand ils étaient sur le point de boire, et en posant la calebasse ils disaient ordinairement berka (je vous remercie). Tous tant hommes que femmes paraissaient un peu ivres, mais je ne vis point qu’ils fussent querelleurs.