Au delà de la bouche Pélusiaque est l’Arabie, contiguë à la mer Rouge et à cette Arabie fertile en parfums, opulente, et célèbre par son surnom d’heureuse. Celle dont il est question ici porte le nom des Arabes Catabanes, Esbonites, Scénites (VI, 30 et 32): elle est stérile, excepté aux abords de la Syrie; et le mont Casius seul y a quelque renom. Cette région tient du côté du levant aux Arabes Canchléens, du côté du midi aux Arabes Cédréens; [2] et les uns et les autres tiennent aux Nabatéens (VI, 32) . La mer Rouge, du côté de l’Égypte, forme deux golfes appelés, l’un Héroopolite, et l’autre Aelanitique. On compte 150.000 pas entre Aelana, sur la mer Rouge, et Gaza sur la Méditerranée; Agrippa évalue à 125.000 pas à travers les déserts l’intervalle entre Péluse et Arsinoé (VI, 33), ville de la mer Rouge : il n’est besoin que de cette petite distance pour imprimer à la nature un caractère si différent.
XIII. (XII.) [1] La côte voisine est occupée par la Syrie, autrefois le plus puissant des pays, et divisée entre plusieurs noms. Elle s’appelait Palestine du côte des Arabes, puis Judée, puis Coelésyrie, plus loin Phénicie, Damascène là où elle s’enfonce dans l’intérieur, et plus avant encore, au S, Babylonie, Mésopotamie entre l’Euphrate et le Tigre, Sophène au delà du Taurus, Commagène en deçà; au delà de l’Arménie, Adiabène, nommée auparavant Assyrie, et Antioche là où elle touche la Cilicie. La longueur de la Syrie entre la Cilicie et l’Arable est de 470.000 pas;
[2] la largeur, depuis Séleucie dans la Piérie jusqu’à Zeugma de l’Euphrate, est de 175.000 pas. Ceux qui font des divisions plus subtiles prétendent que la Phénicie est une enclave de la Syrie, dont elle occupe en partie le littoral et dont l’Idumée, la Judée, la Phénicie et la Syrie Antiochienne (15) sont des divisions.
Toute la mer qui baigne ces côtes s’appelle Phénicienne. La nation phénicienne jouit d’une grande gloire (VII, 57) pour avoir inventé les lettres, et pour ses découvertes dans l’astronomie, la navigation et la guerre.
XIV. [1] A partir de Péluse, on trouve le Camp de Chabrias, le mont Casius, le temple de Jupiter Casien, le tombeau du grand Pompée. L’Arabie a pour limite la ville d’Ostracine, à 65.000 pas de Péluse.
Palestine : […] Judée : […]
Jourdain :
[2] (XV.) Le Jourdain sort de la source Paneas qui a donné un surnom à une Césarée dont nous parlerons (V, 16). C’est un fleuve agréable, et, autant que la situation des lieux le permet, se repliant et se montrant aux habitants de ses bords, comme s’il ne se rendait qu’à regret au lac Asphaltite, lac affreux où il finit par s’absorber et perdre ses eaux renommées, en les mélangeant à de eaux pestilentielles. Aussi, dès que les vallées qu’il traverse lui en offrent l’occasion, il s’épanche en un lac que beaucoup appellent lac de Génésara, long de 16.000 pas et large de 6.000, entouré de villes agréables, au levant Julias et Hippo, au midi Tarichée, dont quelques-uns donnent le nom au lac; à l’occident Tibériade, qui a des sources thermales et salutaires. [3] (XVI.) Le lac Asphaltite ne produit que du bitume; d’où le nom qu’il porte. Aucun corps d’animal ne s’y enfonce: les taureaux et les chameaux y surnagent (17). De là le bruit, que rien n’y va au fond. Il a de long plus de 100.000 pas, dans la plus grande largeur 25.000, dans sa moindre 6.000. Il est dominé à l’orient par l’Arabie des Nomades, au midi par Machaeronte, autrefois la plus forte place de la Judée après Jérusalem; de ce même côté est une source chaude employée à des usages médicaux, Callirrhoé, nom qui, par lui-même, indique le mérite de ses eaux.
Secte Essenienne :
[4] (XVII. ) A l’occident, mais à une distance du rivage où il n’y a rien à craindre des exhalaisons, sont les Esséniens, nation solitaire, singulière par-dessus toutes les autres, sans femme, sans amour, sans argent, vivant dans la société des palmiers. Elle se reproduit de jour en jour, grâce à l’affluence de nouveaux hôtes; et la foule ne manque pas de ceux qui, fatigués de la vie, sont amenés par le flot de la fortune à adopter ce genre de vie. Ainsi, pendant des milliers de siècles, chose incroyable, dans une nation chez laquelle il ne naît personne, tant est fécond pour elle le repentir qu’ont les autres de leur vie passée. Au-dessous d’eux fut la ville d’Engadda, ne le cédant qu’a Jérusalem pour la fertilité et ses bois de palmiers; maintenant c’est un monceau de cendres comme Jérusalem. De là on arrive à Masada, château sur un rocher, qui n’est pas loin, non plus, du lac Asphaltite. Voilà pour la Judée.
Décapole :
XVI. (XVIII) Près de la Judée, du côté de la Syrie, est la Décapole, ainsi nommée du nombre de se villes, sur lequel tous les auteurs ne sont pas d’accord. La plupart comptent Damas, fertilisée par les dérivations du fleuve Chrysorrhoas, qui s’y absorbe; Philadelphie, Raphana, toutes villes qui s’avancent vers l’Arabie; Scythopolis, ainsi appelée des Scythes qui y furent établis, et portant auparavant le nom de Nysa à cause de Bacchus, dont la nourrice y fut ensevelie; Gadara, au pied de laquelle coule le Hieromiax ; Hippo, déjà nommée: Dion; Pella, riche en eaux ; Galasa, Canatha. Entre ces villes et autour d’elles sont des tétrarchies, dont chacune est comme un pays et forme un royaume: la Trachonitis, la Panéade, où est Césarée avec la source susnommée (V, 15); Abila, Arca, Ampeloessa, Gabe.
Phénicie : […]
XVIII. [1] Là cesse la Phénicie, et la Syrie reprend. Villes, Carne, Balanea, Paltos, Gabale; le promontoire sur lequel est Laodicée, ville libre; Diospolis, Héraclée, Charadrus, Posidium.[2] (XXI.) Puis le promontoire de la Syrie Antiochienne; dans les terres, Antioche elle-même, ville libre, surnommée Epidaphnes, partagée par l’Oronte; sur le promontoire, Séleucie appelée Pierie, ville libre.[3] (XXII.) Au-dessus un mont Casius, portant le même nom qu’une montagne située sur la frontière d’Égypte (V, 14). La hauteur en est telle, qu’à la quatrième veille (4e quart de la nuit) on aperçoit le soleil du milieu des ténèbres, et qu’il suffit de se retourner pour être en présence du jour ou de la nuit. La route menant au sommet est de 19.000 pas; la hauteur perpendiculaire est de 4.000. Sur la côte, le fleuve Oronte, né entre le Liban et l’Antiliban près d’Héliopolis; la ville de Rhosos; par derrière, les portes appelées Syriennes, dans l’intervalle qui sépare les monts Rhosiens et le Taurus; sur la côte, la ville de Myriandros; le mont Amanus, où est la ville de Bomitae, et qui sépare la Syrie de la Cilicie.
XIX. (XXIII.) [1] Venons à l’intérieur des terres. La Coelésyrie a : Apamée, séparée par le fleuve Marsyas de la tétrarchie des Nazeriniens; Bambyce, qui porte aussi le nom d’Hiérapolis, mais que les Syriens appellent Magog ; là on adore la monstrueuse Atargatis, nommée par les Grecs Derketon; Chalcis, dite sur le Bélus, d’où le nom de la Chalcidène, contrée la plus fertile de la Syrie; Cyrrhus et la Cyrrhestique; les Gazates, les Gindaréniens, les Gabéniens; deux tétrarchies nommées Granucomates; les Éméséniens, les Hylates, la nation des Ituréens, et la tribu Ituréenne des Baetarréniens; les Mariammitans; la tétrarchie appelée Mammisée; Paradisus, Pagres, les Pinarites; deux Séleucies, outre celle dont il a déjà été question (V, 13), l’une dite de l’Euphrate, l’autre dite du Bélus; les Cardytiens. Le reste de la Syrie comprend (outre ce qui sera énuméré avec l’Euphrate) les Aréthusiens, les Beroeens, les Épiphanéens, à l’orient les Laodiciens surnommés du Liban, les Leucadiens, les Larisséens, outre dix-sept tétrarchies distribuées en royaumes et portant des noms barbares.
XX. (XXIV.) C’est ici qu’il convient le mieux de parler de l’Euphrate. Il naît dans la Caraniide, préfecture de la grande Arménie. Ceux qui en ont le plus approché mettent sa source, Domitius Corbulon dans le mont Aba, Licinius Mucianus au pied de la montagne appelée Capotes, à 12.000 pas au delà de Zimara. D’abord il se nomme Pyxirate. Il coule, séparant de la Cappadoce la Derxène d’abord, puis l’Anaïtis (XXXI, 24), contrées de l’Arménie (VI, 3). Dascusa est éloignée de Zimara de 75.000 pas. De là il est navigable jusqu’à Pastona, dans un espace de 50.000 pas; jusqu’à Mélitène de Cappadoce 24.000 pas; jusqu’à Élégie d’Arménie 10.000 pas; recevant, dans ce trajet, les rivières du Lycus, de l’Arsanias et de l’Arsanus. [2] A Élégie le mont Taurus se trouve sur son passage, et ne lui résiste pas, malgré son épaisseur de 12.000 pas. Le fleuve s’appelle Omiras à son irruption dans la montagne, Euphrate après qu’il l’a rompue, plein de roches et impétueux même au delà (18). Puis il sépare à gauche (levant) l’Arabie dite des Aroéens (VI, 9) (19) dans un espace de trois schènes (20), à droite (couchant) la Commagène, supportant un pont là même où il force le Taurus. [3] A Claudiopolis de la Cappadoce, il se dirige vers le couchant; le Taurus, dans la lutte, lui enlève cette première direction; bien que vaincu et déchiré, il en triomphe d’une autre manière, et, le brisant, il le chasse au midi. Ainsi, dans cette lutte de la nature, les choses se compensent : le fleuve va où il veut aller; la montagne l’empêche d’y aller par la voie qu’il voudrait suivre. Après les cataractes, il redevient navigable pendant 40.000 pas jusqu’à Samosate, capitale de la Commagène.
Arabie : XXI.
L’Arabie susnommée a la ville d’Edesse, appelée jadis Antioche, et dite Callirrhoé du nom de sa fontaine, et la ville de Carrhes, célèbre par la défaite de Crassus. A l’Arabie tient la préfecture de la Mésopotamie, dont la population est d’origine assyrienne, et où sont la villes d’Anthémusia et de Nicéphorium; puis les Arabes nommés Retaves (21), capitale Singara. Au dessous de Samosate, du côte syrien, le Marsyas se jette dans l’Euphrate. A Cingilla finit la Commagène, commence la cité d’Imme; villes baignées par l’Euphrate, Épiphanie et Antioche, surnommées sur l’Euphrate; Zeugma (XXXIV, 43), à 72.000 pas de Samosate, et célèbre parce qu’on y passe ce fleuve; [2] en face Apamée, que Séleucus, fondateur de l’une et l’autre villes, avait jointe à Zeugma par un pont. Les peuples attenant à la Mésopotamie se nomment Rhoales. Villes dans la Syrie, Europus, Amphipolis, appelée jadis Thapsacus. Les Arabes Scénites. L’Euphrate descend ainsi jusqu’au lieu nommé Ura, où, tournant à l’orient, il abandonne les solitudes palmyriennes de la Syrie, lesquelles atteignent jusqu’à la ville de Pétra et l’Arabie Heureuse.[3] (XXV.)
Palmyre :
Ville célèbre par sa situation, par la richesse de son sol et ses eaux agréables, a son territoire entouré par une vaste ceinture de sables ; séparée, pour ainsi dire, du reste de la terre par la nature, elle jouit de l’indépendance entre deux empires très puissants, les Romains et les Parthes, attirant, en cas de discorde, la première pensée des uns et des autres. Elle est éloignée de Séleucie des Parthes (VI, 30), dite sur le Tigre, de 337.000 pas, de la côte Syrienne la plus voisine, de 203.000, et de Damas de 176.000. [4] (XXVI.) Au-dessous des déserts de Palmire est la Stélendène, et les villes déjà nommées (V, 12) de Hiérapolis, de Beroea et de Chalcis. Au delà de Palmyre, Émèse empiète aussi quelque peu sur ces déserts, ainsi qu’Elatium, moitié plus près de Pétra que Damas. Après Sura, la plus voisine est la ville de Philiscum, appartenant aux Parthes, sur l’Euphrate. De là à Séleucie il y a dix jours de navigation, et à peu près autant de Séleucie à Babylone. L’Euphrate, à environ 83.000 pas (22) de Zeugma, se divise auprès du bourg de Massice. Le bras gauche se rend dans la Mésopotamie par Séleucie même, et se jette dans le Tigre, qui roule au pied de cette ville (VI, 30); [5] le bras droit gagne Babylone, jadis la capitale de la Chaldée; il la traverse ainsi que la ville appelée Otris, et forme plusieurs marais. Ce fleuve a une crue comme celle du Nil, à une époque fixe et qui n’est guère différente. Il inonde la Mésopotamie quand le soleil est dans le vingtième degré du Cancer; il commence à baisser quand l’astre achève de traverser le Lion et vient à la Vierge, et il rentre complètement dans son lit au vingt-neuvième degré de cette constellation.
L’Arabie :
Qui ne le cède à aucune autre contrée, d’une étendue immense, commence, comme nous l’avons dit (V, 20 et 21), au mont Amanus, à la Cilicie et à la Commagène; plusieurs nations arabes ont été amenées dans ces contrées par le grand Tigrane; d’autres sont venues spontanément sur notre mer (Méditerranée) et la côte de l’Égypte, ainsi que nous l’avons dit (V, 12); et même les Nubéens pénètrent dans le milieu de la Syrie jusqu’au mont Liban. [2] Aux Nubéens touchent les Ramiséens, à ceux-ci les Taranéens, puis les Patamiens. Quant à la péninsule Arabique elle-même, elle s’étend entre deux mers, la mer Rouge et le golfe Persique. La nature semble avoir voulu l’entourer de la mer, de manière à lui donner la forme et la grandeur de l’Italie, dont elle a d’ailleurs exactement l’orientation. Une situation analogue lui procure une fertilité analogue. Nous avons énuméré les nations arabes depuis notre mer (Méditerranée) jusqu’aux déserts de Palmyre (V,12 et 21); énumérons maintenant les autres. Au delà des Nomades et de ceux qui pillent la Chaldée, sont, comme nous l’avons dit, les Scénites (VI, 30, 8), nomades eux-mêmes, et ainsi nommés de leurs tentes de poil de chèvre (skênê, tente), qu’ils plantent où il leur plaît.[3] Puis les Nabatéens ont la ville de Pétra, située dans un vallon d’un peu moins de 2.000 pas, entourée de montagnes inaccessibles, et traversée par une rivière ; elle est à 600.000 pas de Gaza sur notre mer , à 135.000 de golfe Persique. Là aboutissent deux routes, celle qui mène de la Syrie à Palmyre, et celle qui vient de Gaza. [4] A partir de Pétra, le pays a été habité par les Omanes jusqu’à Charax : il y avait là autrefois des villes célèbres, fondées par Sémiramis, Abésamis et Soractia; ce sont maintenant des solitudes. Puis est une ville qui obéit au roi des Characéniens, sur le bord du Pasitigris, nommée Forath, qui est un rendez-vous quand on vient de Pétra. De Forath on remonte par eau à Charax, distance de 12.000 pas, avec l’aide de la marée. Quand on vient par eau de chez les Parthes, on trouve le bourg de Térédon au-dessous du confluent de l’Euphrate et du Tigre; la rive gauche du fleuve est occupée par les Chaldéens, la droite par les nomades-Scénites. Maintenant énumérons ce qui reste dans l’intérieur. Selon les anciens, aux Nabatéens confinaient les Thimanéens; maintenant ils ont pour voisins les Tavènes; suivent les Suellènes, les Arracènes, les Arènes; une ville, qui est le rendez-vous de tout le commerce; les Hémuates, les Analites; les villes de Domatha et d’Egra; les Thamudènes; la ville de Badanatha; les Carréens; la ville de Carriata; les Achoales; la ville de Phoda; les Minéens (XIII, 35), tirant, d’après l’opinion vulgaire, leur origine de Minos, roi de Crète, et auxquels appartiennent les Charméens; une ville de 14.000 pas; Mariaba des Baramalaques, qui elle-même n’est pas à mépriser; la ville de Cannon ; [15] les Rhadaméens, qui passent pour tirer leur origine de Rhadamanthe, frère de Minos; les Homérites (VI, 26, 9), avec la ville de Massala; les Hamiréens, les Gédranites, les Ampres, les Ilisanites, les Bachilites, les Samméens, les Amathéens avec les villes de Nessa et Cennesseris, les Zamarènes avec les villes de Saïace, de Scantate et de Bacascamis; la ville de Riphearma, mot qui signifie orge dans la langue des indigènes; les Autéens, les Raves, les Gyréens, les Mathatéens, les Helmodènes avec la ville d’Ebade; [16] les Agactures dans les montagnes, avec une ville de 20.000 pas, où est la source Emischabales, nom signifiant ville des chameaux; Ampélone, colonie des Milésiens ; la ville d’Actrida, les Calingiens, dont la ville s’appelle Mariaba, mot qui signifie maître de tous; les villes de Pallon, de Vrannimal, auprès d’un fleuve par lequel l’on pense que l’Euphrate vient sortir; les nations des Agréens et des Ammoniens; la ville d’Athène; les Caurananes, mot qui signifie très riches en gros bétail; les Coranites, les Caesanes, les Choanes. Il y eut aussi dans ces parages des villes grecques, Aréthuse, Larisse, Chalcis; elles ont été détruites dans différentes guerres. [17]Jusqu’à ce jour les armes romaines n’ont été portées dans l’Arabie que par Aelius Gallus, de l’ordre équestre; car C. César (VI, 31, 14), fils d’Auguste, ne fit que voir de loin l’Arabie. Gallus détruisit des villes qui n’avaient pas été nommées par les auteurs antérieurs, Négra, Amnestrum, Nesca, Magusa, Tammacum, Labécia et Marlaba [des Calingiens], nommée plus haut (VI, 32, 16), de 6.000 pas de tour; il détruisit aussi Caripéta (30); ce fut la limite extrême de son expédition. [18] Il rapporta les renseignements suivants: que les nomades se nourrissent de lait, et de la chair des bêtes sauvages; que les autres expriment, comme les Indiens (XIV, 19), un vin des palmiers et une huile du sésame; que les Homérites sont les plus nombreux ; que les Minéens ont des champs fertiles en palmiers et en arbrisseaux, et que leur richesse consiste en troupeaux; que les Cerbanes, les Agréens, et surtout les Chatramotites l’emportent à la guerre; que les Carréens ont les champs les plus étendus et les plus fertiles; que le territoire des Sabéens est le plus riche en forêts remplies d’arbres odoriférants, en mines d’or, en cours d’eau pour l’arrosement des champs, en miel et en cire. Nous parlerons des parfums dans le livre qui est consacré à ce sujet. (XII). [19] Les Arabes portent la mitre, ou les cheveux longs; ils se rasent la barbe, excepté à la lèvre supérieure; d’autres ne se la coupent pas du tout. Chose singulière, parmi les peuples innombrables de cette contrée, une moitié vit dans le commerce, et l’autre dans le brigandage ! En somme, ce sont les nations les plus riches du monde; car les trésors des Romains et des Parthes y affluent. Les Arabes vendent les productions de leurs mers ou de leurs forêts, et n’achètent rien.
Chameau :
Les Orientaux élèvent comme gros bétail les chameaux, dont il y a deux espèces, le chameau de la Bactriane et celui de l’Arabie ; la différence est que le premier a deux bossessur le dos, le second n’en a qu’une. Les chameaux ont sous la poitrine une autre bosse, sur laquelle ils reposent. Les deux espèces manquent, comme les bœufs, de la rangée des incisives supérieures (XI, 62). Tous sont employés comme bêtes de charge ; on s’en sert même en guise de cavalerie dans les combats. Pour la vélocité ils sont au rang du cheval; mais la carrière que fournissent ces animaux est proportionnée à leurs forces. Le chameau ne fait jamais une route plus longue que la route ordinaire, ni ne reçoit une charge plus lourde que sa charge habituelle. Il a une aversion naturelle pour le cheval; il peut supporter la soif pendant quatre jours. Il boit, quand l’occasion s’en présente, pour le passé et pour l’avenir, et il trouble auparavant l’eau avec ses pieds; autrement l’eau ne lui plairait pas. Il vit cinquante ans, quelquefois cent; il est sujet aussi à la rage. On a trouvé le moyen de les châtrer, même les femelles, pour les rendre propres à la guerre; cette continence forcée les rend plus courageux.