Tanger ou Tanja est une ville d’environ 40 000 habitants dont 10 000 Israelites, 20 000 musulmans et 9 000 européens parmi lesquels 7500 espagnols. Les français ou protégés français sont au nombre de 600 environs. C’est le port d’importation et d’exportation de tout le Maroc Septentrional, la principale porte d’entrée de l’Europe au Maroc et l’emporium du détroit.
Du petit débarcadère encombré de marchandises où l’on accoste, on entre immédiatement en ville par la Porte de Mer et on pénètre dans la Grande Rue qui escalade la colline en traversant le quartier Sud de la ville. Il est difficile de voir quelque chose de plus mouvementé que cette voie où grouille une population affairée, de toutes couleurs, et d’une grande variété de costumes. Bêtes, gens, marchandises, tout cela monte, descend, traverse, circule, se croise, s’enchevêtre avec une animation extraordinaire.
Laissant à droite la rue conduisant à l’Hotel Continental qui domine le port, on passe devant, à gauche, la Mosquée principale (joli minaret recouvert de faïences vertes), puis on traverse une place, le Petit Socco (Suq s-Sghir), véritable centre de la ville sur lequel les postes française, allemande, anglaise et espagnole se font face. Au-delà, la Grande Rue est bordée par des boutiques (objets marocains, curiosités, changeurs, photographes) et par l’église catholique.
A l’extrémité de la Grande Rue, on franchit le rempart, au milieu de boutiques en plein vent et on débouche sur le Grand Suq, ou Grand Socco.
Le Grand Socco est un vaste emplacement où le marché se tient, le jeudi et le dimanche ; mais en réalité, il s’y trouve tous les jours, sous des tentes ou en plein vent, des marchands, hommes et femmes, celles-ci accroupies sous d’immenses chapeaux de paille, et vendant des poulets, des fruits, du charbon de bois, etc… etc. Vers le soir arrivent des caravanes de chameaux qui repartent le lendemain après avoir déposé leur chargement. Sur ce marché on voit des hommes à cheval, à âne ou à pied, armés de longs fusils, des porteurs d’eau nègres, des jongleurs, des charmeurs de serpents, des saltimbanques qu’entourent des groupes nombreux de Maures gravement assis et écoutant pendant des heures les boniments des histrions. C’est un spectacle des plus curieux et des plus amusants.
En prenant à droite avant d’arriver au Grand Suq et en suivant les murs Ouests de la ville, on arrivera à la Qasba, le quartier le plus curieux de Tanger, avec ses maisons closes, ses rues étroites et solitaires. On peut y visiter un Harem (les dames seulement, pourboire 1 peseta). Après être passé devant la porte du Palais du Gouverneur, on débouche sur la Grande Place sur laquelle se trouvent à gauche le Corps de Garde et la Salle de Justice, à Droite la Trésorerie et la Prison (on visite et on peut acheter aux prisonniers quelques menus objets).
On sort de la Qasba par la porte de la Qasba, (très belle vue sur la ville, la campagne et les montagnes) et on descend dans la ville où l’on flâne dans le dédale des rues, et où l’on pourra visiter l’intérieur d’une maison juive, un bazar et un café.
Au Sud-Ouest du Grand Souk s’élèvent le Consulat de France, la Chapelle Protestante, et l’Hotel Villa de France, entouré de villas et de jardins. Au Nord est le plateau Marchan, qui servait autrefois de champ de manœuvre aux troupes et de lieu de campement pour les caravanes ; il est maintenant couvert de jardins et de villas, parmi lesquelles celle du Sharîf de Wazzan, principal personnage religieux du Maroc, les Européens ont même fait pour y accéder une route pavée carrossable, la seule qui existe dans tout le Maroc.