Comme c’était la première ville que nous trouvions hors des frontières du Manding, on observa plus d’étiquette qu’à l’ordinaire. Chacun eut ordre de garder sa position, et nous marchâmes vers la ville, formant une sorte de procession, à peu près dans l’ordre qui suit. En avant étaient cinq ou six chanteurs, tous appartenant à la caravane ; ils étaient suivis par les autres personnes de condition libre. Venaient ensuite les esclaves attachés, à la manière ordinaire, par une corde passée autour de leurs cous ; quatre tenaient à la même corde, et il y avait, entre chaque groupe de quatre, un homme avec une lance. Après eux venaient les esclaves domestiques et, en dernier lieu, les femmes libres, épouses des slatées et autres. Nous avançâmes de cette manière jusqu’à cent toises de la porte. Les chanteurs commencèrent alors une chanson à haute voix, très propre à flatter la vanité des habitants, et dans laquelle on vantait leur hospitalité connue pour les étrangers, et particulièrement leur amitié pour les Mandingues. En entrant dans la ville, nous nous rendîmes au bentang, où le peuple se réunit autour de nous pour écouter notre dentegi (histoire) : elle fut racontée publiquement par deux chanteurs. Ils rapportèrent toutes les petites circonstances qui avaient rapport à la caravane, commençant par les événements arrivés le même jour, et remontant ainsi la série des faits jusqu’à Kamalia. Lorsqu’ils eurent fini leur récit, le chef de la ville leur fit un petit présent, et tous les gens de la troupe, tant esclaves qu’hommes libres, furent invités, soit par une personne, soit par l’autre, et pourvus pour la nuit de logement et de subsistances.