Vers huit heures, nous passâmes par une grande ville appelée Kabba, située au milieu d’un beau pays très bien cultivé, qui ressemblait plutôt à l’intérieur de l’Angleterre qu’à ce que je croyais devoir trouver au milieu de l’Afrique. Les habitants étaient partout occupés à recueillir les fruits de l’arbre shea, avec lesquels ils font le beurre végétal dont j’ai parlé dans le commencement de cet ouvrage. Cet arbre croît abondamment dans toute cette partie du Bambara. Il n’est pas planté par les habitants, mais on le trouve croissant naturellement dans les bois. Lorsqu’on défriche les forêts pour cultiver la terre, on coupe tous les arbres, excepté les sheas. Cet arbre ressemble beaucoup au chêne américain, et le fruit, avec le noyau duquel, séché au soleil et bouilli dans l’eau, on prépare le beurre végétal, ressemble un peu à l’olive d’Espagne. Le noyau est enveloppé d’une pulpe douce, que recouvre une mince écorce verte. Le beurre qui en provient, outre l’avantage qu’il a de se conserver toute l’année sans sel, est plus blanc, plus ferme et à mon goût plus agréable qu’aucun beurre de lait de vache que j’ai jamais mangé. La récolte et la préparation de cette précieuse denrée semblent faire un des premiers objets de l’industrie africaine, tant dans le royaume de Bambara que dans les pays environnants. C’est un des principaux articles du commerce intérieur de ces contrées.