- Introduction
- 1 : Qu’est-ce que l’Anti-Sémitisme
- 2 : L’Anti-Judaïsme chrétien
- 3 : L’Islam primitif et les judaïsants
- 4 : Un Anti-Judaïsme Musulman ?
- 5 : L’Anti-islamisme chrétien et l’anti-christianisme judéo-islamique
- 6 : La dérive inquisitoriale_les causes
- 7 : La dérive Inquisitoriale_disparition de l’altérité
- 8 : La civilisation judéo-islamique et la centralisation étatique
- 9 : L’Occident en expansion et le racisme bourgeois
- 10 : La constitution d’une communauté juive d’Occident et les prémices de l’anti-sémitisme
- 11 : L’Occident à la conquête de la civilisation judéo-islamique
- 12 : Racisme allemand et anti-sémitisme français
- 13 : Sionisme et Colonialisme : annihilation de la civilisation judéo-islamique
- 14 : La Construction de la “communauté juive de France (1) avant 1962
- 15 : La Construction de la communauté juive de France (2) l’époque post-coloniale
- 16 : Les juifs et l’anti-sémitisme actuel
- Conclusion : anti-sémitisme islamique/anti-islamisme judaïque ?
Cette conquête, qui durera deux siècles, est avant-tout économique.
Peu à peu, les productions industrielles, du textile à la mécanique de précision, de la verrerie à l’agro-alimentaire speculatif, puis l’acier et les matériaux de construction vont pénétrer ce qui deviendra le « Tiers-Monde ». Cet échange inégal conduira les entités politiques du « sud » à des déficits commerciaux abyssaux, au repli culturel et finalement à la “nécessaire” modernisation, et donc à l’endettement.
Les Occidentaux ont besoin « d’indigènes » pour s’implanter localement. Ils misent donc sur les minorités, dont le patrimoine communautaire de solidarité est fort, parfait pour établir un réseau de consulats et de revendeurs ; mais aussi parce qu’en tant que minorités, ils ont tout à gagner d’une alliance stratégique étrangère : les juifs, les chrétiens, les arméniens et les grecs seront leurs agents…
Dans l’Empire Ottoman et au premier chef en Syrie-Palestine, les chrétiens se font les intermédiaires, surtout les maronites (papistes depuis leur apparition) et les fractions de chaque église rejoignant pour de sombres intérêts stratégiques l’église romaine (uniates, melkites, “catholiques”). Ils enverront rapidement certains de leurs membres en occident, la logique de solidarité coreligionnaire fera le reste.
Au Maghreb principalement, mais aussi en Orient, les juifs, surtout l’élite séférade, puis, peu à peu, l’élite judéo-arabe jouera la même rôle. Certains séfarades avaient gardé quelques liens avec leurs compatriotes de l’Occident Chrétien, et les séfarades d’occident sauront utiliser la solidarité religieuse et, ainsi, s’immiscer dans l’expansion européenne. Mais, dans leur cas, elle sera progressive, et globalement assez tardive, sans compter que, dans leur grande majorité, les agents juifs du Maghreb travaillent avec n’importe quel consulat, pourvu que ça leur apporte un gain économique et politique, et ce quelque soit la couleur religieuse de leurs interlocuteurs…
La principale personnalité à faire la synthèse entre expansion commerciale, politique et culturelle de l’occident et solidarité juive séférade est Adolphe Crémieux. Il fonde l’Alliance Israelite, qui doit permettre aux judéo-islamiques de s’occidentaliser, c’est-à-dire de devenir des français, assimilés à la “civilisation française”. Car, à l’âge nationaliste, les civilisations deviennent elles aussi des outils étatiques.
La conquête militaire de l’Algérie entre Charles X et Napoléon III donne une capacité énorme d’extension de l’influence économique et politique française dans le monde musulman, et la naturalisation de 1870, appelée décret Crémieux, est le sommet de cette politique.
Les judéo-arabes et séfarades d’Algérie ne sont pas ravis de cette nouvelle car ils perdent leur autonomie pénale, civile, personnelle, et même religieuse puisque les rabbins dépendent d’un consistoire étranger. Ils résisteront durant trois générations au diktat de la France et à sa volonté de les assimiler, avant de céder, durant les années 1920-30.
La France a cette particularité, qu’elle croit désormais son modèle universel, et à la pointe de la civilisation humaine, et alors que russes et anglais parlent de pouvoir et de commerce, la France, elle, parle de la France…
L’Alliance Israelite est donc un des bras armés de l’expansion française, tandis que les anglais jouent sur d’autres problématiques, néanmoins similaires. Parmi celle-ci se trouve la promesse à un obscur groupuscule judéo-allemand et russe d’un “foyer” national juif en Palestine, concrétisée en 1917 sous le nom de Déclaration Balfour.
Entre 1830 et 1912, la civilisation judéo-islamique, sans le savoir vit ses dernières heures. La finalisation de la conquête coloniale intervenant en 1914-18, lorsque les nations d’occident décident d’en découdre pour s’assurer leur partage du monde déjà acquis, et conquérir ce sur quoi ils n’avaient pas voulu se battre avant. Leur gibier n’est autre que l’empire ottoman, le cœur de la civilisation judéo-islamique, le confluent des trois continents, des 5 mers et des 3 fleuves…