En ce temps-là, l’empereur donna l’ordre de chercher et de lever au pays d’Arménie des cavaliers excellents, complètement armés, au nombre de 2000, de les confier à deux personnes sûres et de les faire partir en toute hâte.
Alors on se mit à rechercher et on choisit 2000 hommes d’armes ; on les confia à deux personnes sûres ; 1000 à Sahak Mamikoni et 1000 à Smbat Bagratuni, fils de Manuel. Ils prirent des chemins différents ; on fit passer Sahak Mamikoni avec ses 1000 cavaliers par Sébaste, et Smbat Bagratuni avec l’autre 1000 par le pays des Khalti-s. Sahak conduisit les troupes jusqu’au palais et se présenta au roi.
Quant à Smbat, une fois arrivé au pays des Khalti-s, il s’y fortifia, car les troupes avaient été prises de crainte en route et ne voulaient pas aller là où l’empereur leur demandait de se rendre; l’empereur l’ayant appris, promet sous serment, par des messages et par des ambassadeurs fidèles, de le renvoyer dans son pays avec de grands honneurs. [L’empereur] promettait aux soldats beaucoup d’honneurs et de biens ; et, les fléchissant ainsi, il les amena à capituler. Ils se rendent ensemble et se présentent devant le roi. Celui-ci arme les soldats, les équipe et les rassemble sur les frontières de Thrace ; quant à Smbat, il lui accorde de grands honneurs et le renvoie en Arménie, avec beaucoup de biens.
Les Nakharars d’Arménie qui étaient restés se concertèrent de nouveau pour demander à être exemptés de servir l’empereur des Romains et pour se donner un roi, afin qu’il ne leur arrivât pas de mourir dans les régions de Thrace, et qu’ils pussent vivre et mourir dans leur propre pays. Mais leurs conciliabules n’aboutirent à aucun accord ferme. Quelques-uns d’entre eux dénoncèrent traitreusement ces desseins et les firent parvenir aux oreilles du roi; et d’eux-mêmes ils se dispersèrent et s’enfuirent de divers côtés.
En ce temps-là arrivèrent les ambassadeurs du roi avec des décrets ; ils arrêtèrent Smbat avec 7 autres personnes et les conduisirent devant le roi.
[…Smbat survit à l’arène et au lion, il est gracié]
Peu de temps après, non par la mauvaise volonté du roi, mais à la suite des médisances d’envieux, [le roi] donna l’ordre de le mettre dans un bateau [lui et ses compagnons], et de les exiler dans des îles lointaines. Puis, de là, il ordonne de les faire passer en Afrique et de l’incorporer aux troupes qui y étaient campées.