« Idriss arriva à Oualili, chef lieu du mont Zarhûn. C’était une ville moyenne située au milieu des terrains fertiles abondamment arrosés en eau et couverts de plantation et d’oliviers. Elle était entourée d’un grand mur de construction antique. Idriss descendit chez le chef de Oualili nommé Abd el-Majid. Abd el-Majid ayant rassemblé ses frères et les tribus Ouarabâ, leur fit connaître l’histoire d’Idriss, ses vertus et sa parenté avec le prophète de Dieu. Il leur parla de sa noblesse, de sa science, de sa religion et de toutes les autres bonnes qualités qui étaient réunies en lui. « Loué soit dieu qui nous l’a donné ! s’écrièrent les tribus. Sa présence au milieu de nous nous ennoblit ; car il est notre maître et nous sommes ces esclaves, prêts à mourir pour lui ! […] Qu’il soit notre souverain, qu’il reçoive ici le serment de notre soumission et de notre fidélité ».
Idriss, fils d’Abd Allah, fils, d’Hassan, fils d’el-Hassan, fils d’Ali, fils d’Abou Taleb, se montra en public dans la ville d’Oualily, le vendredi quatrième jour du mois de ramadan de l’année 172. La tribu des Ouaraba fut la première à le saluer souverain ; elle lui donna le commandement et la direction du culte, de la guerre et des biens. Ouaraha était à cette époque la plus grande des tribus du Maghreb ; puissante et nombreuse, elle était terrible dans les combats. Vinrent ensuite la tribu des Zenèta et des fragments des tribus berbères de Zouaoua, Zouagha, Lemmaya, Louata, Sedratta, Ghayata, Nefrata, .Meknassa et Ghoumâra, qui le proclamèrent et se soumirent à lui.
Idriss affermit son gouvernement et son pouvoir ; de toutes parts on venait en foule rendre hommage. Bientôt devenu puissant, il se mit à la tête d’une immense armée […] et sortit pour faire une razzia dans le pays de Tamesna. Il se porta d’abord sur la ville de Chella (SLÄ), qui était la plus proche, et s’en empara. Il soumit ensuite une partie du pays de Tamesna et se dirigea sur Tadla, dont il enleva les forteresses et les retranchements. Il n’y avait dans ce pays que quelques musulmans ; les chrétiens et les juifs y étaient très nombreux ; Idriss leur fit à tous embrasser la religion. »
Idriss ayant reçu la soumission des habitants du Maghreb, régularisa et étendit sa domination, augmenta le nombre de ses officiers et agrandit ses armées. On accourait vers lui de tous pays et de tous côtés. Il employa le reste du l’année du Sa proclamation. 188, a distribuer des biens, à faire des présents aux nouveaux venus et à s’attacher les grands et les cheïkhs. En 189 (804), une foule d’Arabes des pays d’Ifrikya et d’Andalousie arrivèrent chez Idriss, […] L’imam les accueilli avec joie, les éleva aux honneurs et les initia aux affaires de son gouvernement, à l’exclusion des Berbères, auxquels il les préférait à cause de l’idiome arabe que ces derniers ne savaient pas. »